Peugeot 206 WRC – 5 saisons, 5 titres… What else ?!
par Thierry Houzé | 5 avril 2023 | Racing |
En 97, il y a eu un bouleversement dans la Force… enfin surtout dans celle du rallye. Le Gr.A allait laisser sa place au WRC qui affichait un règlement moins contraignant pour séduire les constructeurs qui avaient déserté la discipline. Comme Peugeot qui allait faire son come back avec la méchante 206 WRC…
Le Gr.A a été créé en 82 pour venir remplacer le Gr.2… mais il faudra attendre le bannissement du Gr.B en 86 pour qu’il puisse enfin sortir de l’ombre. Le règlement est clair, il « suffit » de partir d’une base produite à au moins 2500 exemplaires par an pour en développer une version shootée aux hormones. C’est la période des Delta HF Integrale, Sierra RS Cosworth, BMW M3 et autres Celica GT Four… des engins qui vont marquer leur époque, filer le virus du sport auto aux amateurs, créer des vocations de pilotes de rallye et attirer autant les foules au bord des spéciales que sur Auto Portail !
Mais voilà, certains constructeurs allaient abandonner la discipline. Pour le Gr.B, il fallait se contenter d’assembler 200 stradales pour décrocher son ticket d’entrée. Mais 2500 voitures par an, c’était une autre histoire. D’autant plus que pour être dans le coup et viser le titre, le minimum syndical, c’était un 2.0 l 16s turbo et quatre roues motrices. Autant dire que chez les constructeurs tricolores, même en cherchant une voiture d’occasion, on était loin du compte. Alors on va se contenter des classes inférieures et laisser les Peugeot 205 GTi, R11 Turbo, Clio et R19 16s faire le job.
En 94, histoire d’élargir le plateau et séduire les constructeurs mis à l’écart, la FIA va introduire les Kit Car. Plus de turbo, ni de 4 roues motrices, mais de « simples » 4 cylindres 1,6 l ou 2.0 l 16s qui hurlent comme des furies et passent les watts sur les roues avant, aidées par un règlement qui permet des modifications plus importantes que sur les Gr.A. Les voitures sont plus légères, les voies sont élargies, la caisse renforcée… à tel point que si les Gr.A restent intouchables sur la terre, sur l’asphalte, les 306, Clio ou Megane Maxi, se permettent d’aller les chatouiller… voire même de leur botter l’cul quand les funambules qui les pilotent s’appellent Philippe Bulgaski, Gilles Panizzi ou François Delecour ! Et c’était loin d’être aussi simple que d’obtenir un certificat de non gage gratuit !
Si ce n’est que l’avantage des uns, fait le bonheur des autres… et vice versa (oui, moi aussi j’la trouve classe c’te phrase… même si elle ne veut strictement rien dire !) En attendant, la FIA va décider de faire le ménage pour la saison 97 en fusionnant les deux règlements. On simplifie la base d’homologation, on tolère un peu de turbo par ci, une transmission intégrale par là… et v’là t’y pas le WRC qui vient finalement séduire tout le monde et prendre la place du Gr.A. Les Kit Car résisteront encore quelques années.
La base est au choix à partir du moment où il s’agit d’un modèle de série produit à minimum 2500 exemplaires. Le moteur doit lui aussi être issu de la production, si ce n’est qu’il a l’droit de recevoir un turbo pour passer en mode WRC. Pareil pour la transmission. La boite doit venir de la production et une transmission intégrale peut lui être associée. Concernant les trains roulants, les points d’ancrage des suspensions peuvent être modifiés et ça, ça change beaucoup de choses. Bref, le règlement est plus permissif afin d’éviter aux constructeurs de développer des stradales compliquées à écouler. Une façon de limiter les budgets…
Ils sont trois à ouvrir les hostilités pour la saison 97. Toyota fait son come back avec Corolla. Ford modifie son Escort Cosworth pendant que Subaru affute son Impreza. Mitsu va bénéficier d’une dérogation pour continuer d’aligner sa Lancer Evo IV Gr.A. L’année suivante, la Seat Cordoba fait son apparition pendant que la Ford disparait avant de revenir en 99 avec la Focus RS, la Skoda Octavia et, celle qui nous intéresse tout particulièrement aujourd’hui, la Peugeot 206 WRC.
Pour cela, Peugeot va devoir homologuer un… kit. Oui, pour être éligible en WRC la voiture doit mesurer 4m minimum. La S16 qui doit servir de base fait un peu plus de 3m85 ! Pour cela, la petite lionne va s’habiller d’un kit spécifique composé de deux pare-chocs, de légères extensions d’ailes, d’une calandre spécifique, de jantes Ouragan en 16″, et quelques conneries comme des fonds de compteurs gris. Pour le reste, c’est une 206 S16, des trains roulants au 2.0 l 16s de 136 ch. En attendant, tout est réuni pour en faire une série limitée de 4000 exemplaires et de récupérer au passage le ticket d’entrée dans la grande famille des excitées du WRC.
Mais avant d’en arriver là la 206 GT se retrouve à poil. Bien entendu tout est vidé, renforcé, ressoudé, et arceauté. L’habitacle passe en mode racing avec baquets, carbone, commutateurs, dashboard LCD… Le châssis est 100% made in Peugeot Sport. Même les amortisseurs ont été développés en interne. Empattement rallongé, direction directe assistée, freinage XXL, transmission intégrale à deux différentiels pilotés par une électronique digne d’une navette de la NASA.
Sous le capot le 4 cylindres 2.0 l 16s X9J4 reçoit le renfort d’un turbo Garrett. Tout est revu du carter à la culasse et géré par un boitier Magnetti Marelli Step 9. Au final le gazier envoie 300 ch à 5250 trs et 535 Nm dispos à 3500 trs. La bestiole affiche 1250 kg sur la balance.
Pour la saison 99, Peugeot Sport va aligner trois voitures confiées à Gilles Panizzi, François Delecour et Marcus Grönholm. L’objectif est d’aller tester le potentiel et la fiabilité. Après un florilège d’abandons, les choses sérieuses commencent avec la saison 2000 avec le même trio. Grönholm accroche le titre pilote et Peugeot celui des constructeurs. Pour 2001, Didier Auriol remplace François Delecour et pendant que Richard Burns repart avec le titre pilote, Peugeot signe un deuxième titre constructeur, puis un troisième en 2002 alors que Grönholm récupère également celui des pilotes pendant que Gilles Panizzi fait le show au Catalogne !
L’année suivante, certain Sébastien Loeb vient perturber les plans de la Sochalienne en terminant deuxième du classement pilote et permettre à Citroen de gagner son premier titre constructeur. Une saison qui vient clôturer la carrière de la 206 WRC, marquée de 25 victoires en mondial, trois titres constructeurs et deux titres pilotes. Peugeot Sport en aura assemblé 21. En 2004, c’est la 307 WRC qui vient la remplacer… basée sur l’originale 307 CC. Mais ceci est une autre histoire…
Magnifique exemplaire en photo à vendre chez Girardo and Co, pile entre les 20 ans du titre de Burns et..son décès en 2004 d’une tumeur au cerveau!!!