’87 Lotus Esprit Turbo – Restomod avec 450 ch sous l’capot !
par Thierry Houzé | 3 août 2023 | Street |
La Lotus Esprit, c’est presque 30 ans de carrière avec 24 variantes différentes de l’atmo à la V8 en passant par la Turbo, 10675 exemplaires vendus, et malgré une carrière au cinéma bien plus intense que celle en sport auto, elle a fini par entrer au Panthéon des sportives et éventuellement servir de base pour une bonne cure de restomod…
La Lotus Esprit a été présentée en octobre 75 pour le Mondial de l’auto à Paris. Elle a beau pousser l’Europa à la retraite, il n’empêche que chez Lotus, on ne change pas une recette qui marche. Châssis poutre, moteur central arrière, caisse en fibre… si ce n’est que ce coup ci, Chapman a mis les p’tits plats dans les grands.
Les liaisons sont revues, l’empattement est plus long, les voies plus larges. Entre le cockpit et le train arrière, on retrouve un 4 cylindres 2.0 l double arbres 16s 100% Lotus. Atmosphérique et gavé par deux double corps Dell’Orto de 45 mm, il envoie 160 ch aux roues arrière via une boite pont 5 manuelle empruntée à la Citroën SM ou à la Maserati Merak. Au niveau du look, Lotus a fait appel à Ital Design et c’est le boss, Giorgetto Giugiaro, qui s’est chargé de tracer les lignes, largement inspiré de son concept Maserati Boomerang. Si les premiers protos recevaient une caisse en alu, ce sera finalement la fibre qui sera choisie pour la production.
Quoiqu’il en soit, Colin Chapman a gagné son pari. Sortir une sportive efficace, légère (1000 kg), capable de rivaliser avec les références mais aussi et surtout sans exploser le budget en misant sur le savoir faire de son équipe d’ingénieurs. Non pas que l’Esprit était parfaite… au contraire, elle était blindée de défauts. Mais elle savait les cacher une fois que le pilote haussait le rythme même si il y avait un p’tit gout de pas assez… qui allait être comblé à partir de 1980 avec l’Esprit Turbo Essex, une série limitée de 45 exemplaires.
Comme son nom l’indique, la sportive anglaise s’équipait d’une kit aéro mais surtout voyait emménager un escargot sous son capot. Avec 213 ch et 271 Nm de couple, les choses devennaient sérieuses et l’Esprit se transformait en missile sol sol capable de shooter le 0 à 100 en un peu plus de 6 secondes et d’accrocher les 241 km/h en vmax. Un essai transformé puisqu’en 81, l’Esprit Turbo signe son entrée dans la gamme Lotus. Nous en sommes à la 3ème évolution en seulement 6 ans, mais il fallait bien ça pour revoir la copie, car l’Esprit c’est comme un bon calendos, elle s’améliore avec le temps !
Le reste de l’histoire, je vous l’ai déjà raconté, puis de toute façon, ce n’était pas le but de cet article. Non, celle qui m’a tapé dans l’oeil et que j’voulais vous présenter, elle est sortie d’usine en 87. Juste avant que l’Esprit ne soit restylée pour gagner en rondeurs. En 90, elle change de main pour finir dans le garage d’un californien. Et en Californie, on aime bien rouler différent… Alors le gars va se lâcher sur sa sportive qui au fil des années va commencer à prendre cher et devenir réellement méchante.
La caisse va recevoir quelques éléments en carbone, le toit et les capots. Des prises d’air plus tard, c’est un kit complet qui vient la viriliser avec des lèvres inférieures avant et arrière ainsi que des bas de caisse. Deux bouchons de réservoir Newton Equipment, des crochets de remorquage, des phares halogènes Cibié et on finit avec une robe blanche des plus discrète.
Aux quatre coins, des jantes racing en magnesium se chargent de remplir les ailes. Elles s’affichent en 8,5 et 11 x 17″ avec des Nitto NT01 en 235/40 et 315/35. Les plus observateurs auront déjà remarqué l’écrou central… les moyeux y sont eux aussi passés. Le freinage est maintenant signé AP Racing. Des étriers 6 et 4 pistons (respectivement devant et derrière) reçoivent des plaquettes Ferodo DS2500 pour mordre des disques percés de 330 mm. Des durites avia et un répartiteur avant / arrière terminent le tableau…
Au niveau des suspensions, tout est maintenant réglable en 3D et en dureté. Amortos Koni, ressorts Eibach, triangles inférieurs renforcés, silent blocs en polyuréthane, direction plus directe avec crémaillère renforcée et bagues en bronze. Sous le capot avant, le radiateur alu a été reculé et rehaussé par rapport à celui d’origine. Trois ventilos se chargent de l’aérer. La batterie lithium quant à elle permet de gratter quelques kilos.
Sous le capot arrière, le gazier a pris du grade. Le 4 cylindres 2.2 l a vu débarquer un turbo Garrett GT3071R modifié pour souffler à 1,3 bars, des pistons forgés et bielles titane Crower, des chemises CNC lissées et traitées au nickel, une culasse QED avec arbres à cames plus pointus, grosses soupapes et ressorts renforcés, une injection eau / méthanol AEM avec régulateur de pression réglé à 4,5 bars, une admission plus copieuse, un contrôle de cliquetis J&S Electronics avec capteur Bosch, un papillon sur mesure, une wastegate TiAL de 40 mm et une dump valve de 50, une gestion MoTeC M4Pro et une ligne complète inox avec catalyseur racing Random Technologies… allez rajoutez le volant moteur allégé, l’embrayage AP Racing avec roulement de verrouillage hydraulique et une boite pont ZF 5 rapports manuels associée à un DGL et vous aurez une anglaise sous testo qui affiche la bagatelle de 450 ch et 544 Nm pour moins de 1100 kg… autant vous dire que ça doit chasser du chrono !
Pour ce faire, le pilote se love dans un habitacle qui a su combiner sportivité et sobriété. Les baquets Sparco s’affichent en cuir noir et Alcantara bleu. Une moquette neuve Wilton, quelques commodos de Honda S2000, un pédalier OMP, un volant Momo à méplat, une instru’ VDO et des manos additionnels permettent de veiller à la bonne santé de la pompe à feu.
Cette Lotus Esprit, elle va surement faciliter le transit intestinal des puristes. En attendant, elle n’est pas là pour s’la jouer voiture de Mickey… à moins que la célèbre souris s’amuse à aller chasser de la supercar !
© Fantasyjunction via BaT
La guerre…
Superbe réalisation !