Si les Go Fast ont la Golf R ou l’Audi RS3 (ça marche bien aussi avec la A45 AMG), les vieux bourgeois bronzés de la côte d’Azur ont la Bentley Continental GT ! Le gros coupé qui n’a de british que le nom revendique le statut de déplaçoir favori du retraité Cannois… mais il faut croire qu’il a aussi su séduire M Sport et Rhys Millen pour en faire la Bentley Continental GT3 et tenter d’aller battre le record de la course vers les nuages de Pikes Peak !

L’objectif était surtout d’aller chercher le record de la classe « Time Attack 1 » lors de l’édition de 2021. Pour ce faire, le trio magique allait se composer de Bentley Motorsport, M Sport et du pilote Rhys Millen. Le premier fournissait la voiture… le deuxième se chargeait de la passer en mode GT3 avec quelques bricoles de plus pour répondre aux spécificités du tracé et de ses conditions particulières et le troisième allait tenter de la dompter sur les 19,93 km composés de 156 virages, avec un départ situé à 2865 m d’altitude et une arrivée située 1440 m plus haut.

La difficulté c’est de gérer l’altitude. Sachant que plus tu montes, plus le taux d’oxygène diminue, de l’ordre de 1% tous les 100 m, ce qui signifie qu’un moteur qui affiche 500 ch au niveau de la mer n’en afficherait plus que 360 au départ de la course et 285 à l’arrivée. L’utilisation de gros turbos permet de combler en partie ce handicap. En 2013, Peugeot a estimé qu’avec un escargot énervé, on réussissait à limiter la perte pour qu’elle ne soit plus que de 10% au départ et entre 20 et 25% à l’arrivée. Donc si on reprend notre moteur de 500 ch, il lui en restera 450 en bas et 375 en haut.

Ainsi, notre grosse allemande aux origines anglaises a troqué le costard contre un jogging signé M Sport. Si on connait plus la structure de Malcolm Wilson pour ses exploits en WRC avec Ford, beaucoup ignore que c’est elle qui s’est chargée de transformer la Bentley Continental GT en Continental GT3 engagée en Blancpain Endurance Series et en British GT Championship. Bien entendu la caisse est passée en mode course, vidée, arceautée, ressoudée, renforcée… puis reçoit les double triangulation maintenues par des des suspensions 4 voies réglables en 3D. La direction directe accueille une assistance électrique et le freinage signé Alcon passe en mode XXL avec étrier 6 pistons devant et 4 derrière, afin de mordre des disques ventilés en acier.

Devenue propulsion, elle embarque un V8 4.0 l biturbo revu chez Cosworth et affiche 550 ch pour 1300 kg… enfin ça c’était pour le GT3. En mode Pikes Peak, il passe la barre des 750 ch et 1000 Nm pour un poids qui ne bouge quasiment pas. A noter que pour combler la perte de puissance liée à l’altitude, la pression des turbos augmente au fil des kilomètres pour dépasser les 2,2 bars à quelques centaines de mètres de l’arrivée. Le collecteur d’admission en carbine est plus épais pour éviter les contre-pression. Quant aux collecteurs, Akrapovic les a faits imprimer en 3D par frittage laser dans un bloc d’Inconel. ils débouchent sur une ligne courte qui hurle juste derrière les roues avant. Enfin, les 8 gamelles sont gavées avec un carburant de synthèse 100% bio… Pour le reste, on retrouve toujours la boite 6 séquentielle Ricardo à commande pneumatique, un DGL paramétrable, un traction control et un ABS Bosch ainsi que les BBS forgées en 13 x 18″.

Au niveau du look, qui dit Pikes Peak dit appuis… et pas qu’un peu. Ailerons, flaps, canards, tout l’attirail est présent, de l’avant à l’arrière, de quoi augmenter l’appui de 30% par rapport à une GT3 « classique ». Sans compter les prises d’air afin de gaver les deux turbines d’un maximum d’oxygène. Ca donne à la Continental une gueule impressionnante qui semble échappée d’un manga. Si ce n’est qu’il n’y a pas de caricature, mais une recherche optimale de la performance et de l’efficacité.

Le 27 juin 2021, Rhys Millen a rendez vous avec l’histoire de Pikes Peak. Il détient déjà le record de la montée à bord d’un SUV et d’une voiture de production. C’était en 2018 et 2019 respectivement à bord d’un SUV Bentayga W12 et d’une Continental GT… vous comprendrez pourquoi chez Bentley on l’appelle King of the Mountain. Il n’empêche qu’en 2021, l’histoire va vite s’interrompre… le tracé a été raccourci, les conditions météo rendant le sommet impraticable. Pour ne rien arranger, Rhys Millen va croiser la route d’un certain Romain Dumas et de sa Porsche 911 GT2 RS Clubsports. La Bentley Continental GT3 terminera à une magnifique 4ème place au général… à plus de 4 secondes du français.

Il n’empêche que la Bentley Continental GT3 Pikes Peak reste l’un des monstres les plus impressionnants imaginé par Bentley Motorsport depuis la méchante Speed 8 du début des 2000’s. Mais ceci est une autre histoire… que je vous ai déjà racontée !

© Bentley Motors