Dans la famille Alfa GTV je voudrais une GTAm. Bon, il n’y en a eu que 40 donc autant dire que si t’en veux une dans l’garage, déjà faut la trouver et ensuite faut avoir de quoi s’la payer. Comptez un peu plus de 300000 pièces d’1 €. Ou alors, tu te payes une GT Veloce bien ruinée et tu te la joues outlaw en la passant en mode replica… en y ajoutant 2 – 3 bricoles…

Sprint GT Veloce

Dans la famille Alfa GTV, la GTAm, c’était le morceau noble. Celle qui allait mettre tout le monde d’accord. Indirectement, son histoire commence en 63. A l’époque, la référence en Touring Car européen, c’est l’Alfa Giulia Ti Super. Si ce n’est qu’en face, chez Ford, on greffe un bloc Lotus à la Cortina… qui vient alors mettre en péril la suprématie de l’italienne.

Auto Delta

Chez Alfa, on se rapproche alors d’Auto Delta, un préparateur indépendant fraichement créé et dirigé par les ingénieurs Ludovico Chizzola et Carlo Chiti. Ce dernier a été l’ingénieur motoriste d’Alfa de 52 jusqu’en 57 où il rejoint la Scuderia Ferrari. En 61, il quitte Maranello afin de monter sa propre structure, ATS. Deux ans plus tard, il lance l’aventure Auto Delta. Il faut savoir que depuis le début des années 50, l’état major de la marque au trèfle se contentait de faire courir officiellement ses F1 et basta. Pour les voitures dérivées des modèles de série, c’était des structures indépendantes qui s’en chargeaient. Il faut croire que Chiti avait flairé le filon puisqu’Auto Delta va devenir le département compétition d’Alfa Romeo… enfin, officieux de 63 à 64, officiel mais toujours indépendant à partir d’octobre 64 quand Auto Delta devient Autodelta, puis racheté et intégré à Alfa en 66 où il devient le directeur de la compétition de la marque.

La Cortina Lotus dans la ligne de mire

Quoiqu’il en soit, la Cortina Lotus il va falloir la calmer. Alors en 64, chez Auto Delta, on va abandonner la Giulia Ti Super pour lui préférer son cousin, le coupé Sprint GT qu’on va transformer en GTA. En gros on enlève tout ce qui sert à rien et le reste, on le met au régime sec. En 65, afin d’homologuer sa GTA, au salon d’Amsterdam Alfa dévoile la version stradale de la Sprint GT avec une Alleggerita qui tombe de 950 à 745 kg pendant que son 4 cylindres 1.6 l double arbre et double allumage passe de 103 à 115 ch. En version course, Autodelta réussissait à gratter encore 45 kg et tirer 170 ch du 1.6 l.

De GTA à GTAm

Les résultats sont là. La 1.6 l GTA est vite rejointe par la 1.3 l GTA. Les deux dominent leurs classes. A tel point qu’Alfa veut lui faire traverser l’Atlantique histoire d’aller taquiner les cowboys. Nous sommes en 68 et entre temps, la Sprint GT a vu débarquer le 4 cylindres 1750. Si ce n’est que pour passer les normes américaines, les carbus c’est tabou ! Il faut adopter l’injection. En 69, Alfa va commercialiser 100 GTV 1750 équipés d’une injection Spica afin d’homologuer la voiture en Gr.2. A partir de là, la bestiole peut passer par la case Autodelta, et se transformer en mode GTAm avec ailes et trains élargies, caisse allégée et moteur passé à 2.0 l. Avec 240 ch pour 900 kg, la GTAm va continuer de rafler les victoires et podium, rentrer au Panthéon du sport auto et servir d’inspiration aux adeptes de replica.

Hache ou bistouri ?!

Nous y sommes… en tout cas, c’est c’qui est arrivé à cette GT Veloce de 71. Elle avait besoin d’un bonne remise en forme, la rouille en faisait son affaire depuis un p’tit moment. Vous connaissez la suite… quitte à lui offrir une cure de chirurgie esthétique, autant y aller à la hache… le bistouri, c’est pour les enfants de coeur élevés aux hosties et abonnés à LVA ! Aux states, c’est Jack Daniel’s et custom kulture ! En tout cas, c’est comme cela que le coupé italien s’est retrouvé chez Vintage Underground à Eugene dans l’Oregon.

Une gueule

La coque a été foutue à poil. Le plancher totalement rouillé remplacé et la caisse équipée d’élargisseurs d’ailes avant qu’une robe bleu foncé tente de la rendre discrète. Au passage, les pare-chocs ont disparu et la calandre a laissé sa place à une grille noire. Des phares bicolores (un jaune, un blanc) et l’tour est joué.

Alfaholics GTA

Dans les ailes, les jantes magnésium en 13″ sont signées Alfaholics. Elles embarquent des pneus compet’ Avon Historic en 8,2 x 22″. Pour les aider à gripper le bitume, les trains roulants, les suspensions et le freinage sont des Alfaholics GTA . Tout est réglable, des amortos aux barres stab’ en passant par le carrossage. Sous l’capot, le 4 pattes affiche 2.0 l, il a conservé son double allumage et ses deux arbres à cames en tête. Les culasses sont équipées de grosses soupapes, l’injection électronique est associée à des papillons individuels et le tout est géré par un boitier AEM Infinity. Une ligne inox qui part du collecteur au silencieux se charge de faire chanter le gazier. A l’arrivée, 240 ch filent aux roues arrière via un ensemble boite / pont / DGL à 6 rapports séquentiels signé Quaife.

Class… ic !

Dans le l’habitacle, le pilote s’installe dans un baquet Alfaholics (ils sont partout !) GTA Corsa et son passager dans un GTA Stradale. On garde l’esprit vintage avec des ceinture ventrales (tu meurs comme un homme !), un volant Hellebore, un pommeau Quaife et une instrumentation Jaeger et Veglia.

5 pour le prix d’une

Au final, cette Alfa GTV passée en GTAm replica doit offrir un caractère aussi trempé que son look. Une transformation réussie avec largement de quoi reprendre le flambeau de son illustre ainée. Le tout pour 5 années de boulot et 5 fois moins cher (grosso modo 70000 $ de budget)…

© EuroSpec93 via BaT