Il aura fallu attendre 20 ans… Oui, 20 ans pour que Lotus ose enfin mettre autre chose que son éternel 4 cylindres au centre de sa GT. Et tant qu’à y être, autant que ça envoie du lourd… Alors les ingénieurs maison ont eu l’idée d’un V8, puissant, violent et coupleux… Forcément, ça change l’Esprit !
L’Esprit est née en 75 sous l’ère du génialissime Colin Chapman. A l’époque, une seule et unique loi régnait à Hethel, celle du « Light is right ». Ainsi, le poids des caisses imposait tout le reste, donc inutile de miser sur des cylindrées affichant des puissances outrancières pour remuer les frêles sportives de la marque. C’est pour quoi l’Esprit devait se contenter d’un « simple » 4 cylindres de 2.0 l et 160 ch pour aller taquiner les références de la catégorie.
Oui mais voilà, quand tu achètes une sportive, tu veux quand même que le ramage se rapporte au plumage… Question d’image ! Mais Colin n’en avait que faire puisque, poids aidant, les performances étaient là. Allez, pour ceux qui chipotent, le moteur passera à 2.2 l, puis recevra l’aide d’un turbo pour passer la barre des 200 ch.
Bien obligée de suivre la concurrence et les années qui défilaient, la turbo évoluera petit à petit,au fil des avancées technologiques. De 210, elle passe à 240, puis grimpe à 264 grâce au refroidissement par eau. Elle culminera à 300 ch sur la série limitée Sport 300 ou 298 ch sur la S4S. La caisse gagnait en perfs, prenait du muscle, mais toujours avec 4 cylindres sous le capot… Il était temps de passer aux choses sérieuses ! Sachez que l’idée d’un V8 dans l’Esprit datait de 79… Mais à l’époque, il était difficile de trouver une transmission capable d’encaisser (Lotus se fournissait chez Renault pour ses boites de vitesses) le couple, suffisamment compacte pour se faufiler dans la GT mais aussi assez légère pour ne pas pénaliser la répartition de poids. C’est donc en 96 que les ingénieurs donneront naissance à ce V8 après seulement 27 mois d’étude et de mise au point.
L’usine à gaz fait 3506 cm3 et s’offre le renfort de 2 turbos Garret T25 qui soufflent à 0,75 bars. Il balance 350 ch et 400 Nm aux roues arrières via une boite 5 toujours d’origine Renault, mais revue et renforcée chez Lotus.
Avec 1350 kg sur la balance, la GT prend du galon et offre des performances de 1er ordre. 0 à 100 en 4,5 secondes… De quoi coller au cul d’une Donkervoort D8 Cosworth, d’une Diablo ou d’une 993 turbo. L’anglaise jouait enfin à arme égale et malgré sa conception qui commençait à dater, elle a su vieillir avec son temps.
Elle tire sa révérence en 2002… Laissant un trou béant dans le coeur des aficionados (J’en fais partie…!). Une sacré caisse, une sacré gueule, un sacré tempérament avec de sacrés perfs… Un(e) sacré(e) Esprit !
© Krimbo
Benoît Laurent 🙂
Il me semble que la boite c’est celle de la Citroën sm sur l’esprit.