Quand Michelin voulait tester la résistance de ses pneus dans des situations bien spécifiques, c’est Citroen qui fournissait les cobayes. Avant l’impressionnante DS 1000 Pattes pour tester les boudins de camion, le Bibendum a jeté son dévolu sur une SM modifiée pour voir si une traction pouvait encaisser plus de 300 ch…
En 1935, Citroen est dans une situation financière catastrophique… André Citroen a la mauvaise habitude de toujours voir les choses en grand, que ce soit au niveau de son entreprise comme au niveau personnel. Les investissements sont lourds, innovants mais souvent peu rentables. Son train de vie l’est tout autant… Si bien qu’en 1933, les dettes de la marque s’élèvent à 200 millions de Francs… Malgré une certaine Traction qui s’apprête à entrer en jeu, les banques finissent par perdre confiance à la gestion de Citroen. Et c’est Michelin qui va venir en aide à la marque en comblant le trou et en reprendre le contrôle.
Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi le fabricant de pneus utilisait des protos aux chevrons. En 70, Citroen lance la SM… Une GT qui va devenir mythique de part sa ligne, sa technologie et son V6 signé Maserati. L’occasion est trop belle pour que Citroen la laisse passer.
Le manufacturier cherche justement à tester les limites d’une traction. Quelle puissance maxi les pneus peuvent-ils encaisser ? Ainsi, Jacques Né, le directeur du département des Etude Spéciales, décide de préparer une SM. Auparavant, il opérait ses essais sur des DS, mais la GT est une opportunité parfaite, son architecture est plus adaptée. Puis elle existe déjà avec un empattement raccourci pour courir en Gr4… y’a plus qu’à !
La voiture reste un proto… Son V6 passe à 3.0l, et est revu dans tous le coins. Arbres à cames, admission, ligne, il est gavé par 3 carbus double-corps. Sa puissance passe de 170 à plus de 280 ch… Certaines sources annoncent même une puissance au delà des 300 ch, jusqu’à 380 pour certains. Quoiqu’il en soit, le coupé accroche les 285 km/h, abat le kilomètre en 27 secondes, et avale plus de 25 litres de super au 100 !
Au niveau châssis, les suspensions restent hydrauliques, mais adoptent un pont auto-bloquant et un correcteur d’assiette réglable via un robinet installé sur le tableau de bord. D’autres manos et potards de réglages prennent place dans l’habitacle, afin de tout contrôler et vérifier la pression de chaque sphère.
La voiture aurait aligné des centaines de milliers de kilomètres sur les différentes pistes d’essais Michelin. Son V6 a servi de base au moteur de la Ligier JS2, qui, avec son carter sec, affichait 330 ch.
Aujourd’hui, la SM Michelin est toujours la propriété de Citroen et profite de sa retraite au conservatoire du constructeur. Cependant, Frédéric Daunat, un garagiste passionné, a fabriqué une réplique à 100% identique à l’originale, en partant des plans d’origine de la voiture. Elle a reçu un V6 de Maserati Merak libéré pour passer les 200 ch. C’est d’ailleurs elle qui sert aux principaux évènements et salons.
© Carakoom
Dans un livre écrit par Roger Brioult il y présentait une SM encore plus puissante dont les cornets dépassaient du capot projet avorté après la reprise par Peugeot !
oui, Olivier de Serres en parle également dans son ouvrage sur la SM : moteur à 24 soupapes, 380 cv à 11 000 tr/min, distribution primaire par pignon (photo page 93). Voir page 89 pour la description du proto : 1974, en résine stratifié et en alliage léger.