Quand tu parles Lamborghini, de suite, ça pense Miura, Countach, Diablo, Huracan… Et les autres alors ? Espada, Jarama, Jalpa, Islero ou comme celle qui s’apprête à poser ses roues sur votre blog préféré, l’Urraco. Toutes les Lamborghini n’ont pas forcément des portes en élytres ou des 12 cylindres. Cela ne les empêche pas d’être de vraies Lambo !
Aujourd’hui, Lamborghini c’est une marque pleine de pompelup, une étoile filante dans le ciel VAG. Les modèles ne se sont jamais aussi bien vendus. Mais il y a 50 ans, c’était pas la même histoire. Notamment quand il a fallu renouveler la gamme qui ne pouvait pas éternellement reposer sur la Miura et les 350 / 400 GT. Puis sans gros partenaire financier, chaque modèle est un nouveau pari commercial en soi. Les voitures se vendent, les caisses se remplissent, mais le développement d’une nouvelle voiture, un nouveau châssis, un nouveau moteur coute cher. Alors on vide les caisses, et on croise les doigts pour que la nouvelle venue les remplisse à nouveau.
C’était en tout cas le rôle de l’Urraco puisque les ambitions de Sant’Agata Bolognese reposaient sur ses pistons ! Nous sommes en 70 que Lambo présente son nouveau coupé 4 place au salon de Turin. Le dessin est signé Bertone, tracé par la main de Marcello Gandini. Sous le capot un V8 essaye de remuer la tôle pour la rendre sportive, il cube 2.5l et envoie 220 ch sur les roues arrière. Ca peut paraitre léger, mais l’Urraco ne pèse que 1100 kg, ça rattrape !
A l’époque, la gamme se compose de l’Espada, de la Jarama et de la Miura qui s’approche doucement mais surement de la retraite. Toutes les 3 reçoivent un V12, mais Lamborghini aimerait aller un peu chatouiller les autres sportives, Porsche 911, Dino 246 GT, Ferrari 308 GT4… D’où ce tout nouveau V8 de 2.5l qu’elle reçoit en position centrale arrière.
La marque enregistre quelques commandes, mais voilà, les soucis financiers et le manque de fiabilité des modèles de développement repoussent la mise en production de la voiture. Les 1ers modèles ne pinteront le bout de leurs capots qu’à partir de 1973… en pleine crise pétrolière.
Lamborghini compte quand même vendre 1000 modèles par an. L’Urraco, malgré l’arrivée du V8 de 3.0l pour 265 ch en 74, ne réussira pas à se débarrasser de ses problèmes de naissance. Ajoutez à cela une homologation chaotique et tardive sur le sol américain et, en 6 ans de carrière, seulement 776 Urraco sortiront des usines, tous modèles confondus. Cette même année, l’échec et les perpétuels soucis financiers auront même raison de la motivation de Ferruccio Lamborghini qui cèdera ses parts pour prendre sa retraite dans son vignoble de Castiglione del Lago.
Cela n’enlève rien aux talents de sportives de l’Urraco. Légère, performante, habitable, elle était considérée comme supérieure aux Ferrari 308 GT4 et Maserati Merak. Mais les images sont tenaces, et à cause de cela, l’Urraco vient s’ajouter à la longue liste de ces voitures mal nées, incomprises, et à l’échec commercial retentissant. La Countach dans les starting-blocks essaiera de sauver la marque. Trop tard, les comptes sont dans le rouge et en 78, Lamborghini est mise en procédure de sauvegarde par le gouvernement italien.
L’Urraco, c’est le reflet de l’histoire de Lamborghini, une succession de hauts et de bas, de rachats et de faillites, jusqu’à ce que Ferdinand Piëch et VAG viennent lui apporter la stabilité financière tant attendue…. et faire des SUV ! Mais ceci est une autre histoire !
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