Unique… De par son esthétique, plutôt spéciale, un avant de GTO, un toit plat et un cul de break, qui lui vaudront le surnom de Breadvan (camionnette), trouvé par un journaliste anglais. Unique car il n’existe qu’un seul exemplaire, châssis Ferrari #2819 comme on se doit de dire, mais, officiellement, ce n’est pas une Ferrari !
L’histoire du Breadvan est romanesque, à tel point que les frères Coen pourraient en tirer un scénario… Octobre 61, Mme Ferrari et des employés de l’officine de son mari, se disputent violemment pour une raison restée « personnelle ». Forcément Enzo s’en mêle, et sa réputation n’est déjà plus à faire… Virés sur le champs ! Il est comme ça le Commendatore, il rigole pas ! Même si parmi les nouveaux chômeurs, figurent les ingénieurs Giotto Bizzarrini et Carlos Chiti, les pères de la 250 GTO…
Quelques jours plus tard, ils se retrouvent embauchés par Giovanni Volpi, propriétaire de la Scuderia Serenissima, qui justement, fait courir des Ferrari et vient juste de passer commande d’une 250 GTO à Maranello pour disputer la saison 62. Mais Enzo a la rancune tenace, il annule purement et simplement la commande…! Dont acte e va fan culo !
La guerre est donc déclarée, le Comte Volpi ressort le châssis #2819 construit pour le Mans, celui d’une des voitures de sa scuderia, une 250 GT Berlinetta SWB (Short Wheel Base), entendez par là un châssis court. Il le confie alors à ses 2 ingénieurs fraichement arrivés avec ordre de battre les GTO officielles aux 24h du Mans. Ils ont 14 jours !
Le V12 adopte un carter sec, est reculé en position centrale et rabaissé. Et malgré son antique boite 4 (la GTO compte 1 rapport en plus), ses concepteurs sont sûrs que techniquement, elle est plus performante et qu’elle a ses chances. Le design de l’avant de la voiture est le fruit de l’imagination de Bizzarrini qui a réalisé un copier coller de la 250 GTO. Le reste et notamment l’arrière viennent tout droit de l’esprit de Piero Drogo, qui devait peut être abuser du Chianti, ou se resservir 2 fois des bolo à la cantoche le midi ! Le résultat ne manque pas de… personnalité et fait parler ! Aujourd’hui encore… La voiture terminée, Giovanni Volpi s’empresse de l’engager au Mans contre les voitures de la Scuderia du Commandatore !
Son arbre de transmission ne tiendra que 4 heures, et ce fut l’abandon, dans le sillage des voitures d’Enzo Ferrari qui remportèrent l’épreuve, avec la victoire d’une 330 TRI/LM Spyder devant deux 250 GTO. Pour l’anecdote, Giovanni Volpi avait engagé une seconde voiture, une 250 GTO qu’il avait réussi à acheter par le biais d’intermédiaires qui parvinrent à troubler les pistes, et surtout le patriarche de Maranello. Elle abandonna elle aussi à la mi-course. Le breadvan participera à 4 autres courses, sans réel coup d’éclat. L’année suivante voit la fin de la Scuderia Serenissima. La voiture sera vendue, et disparait plus ou moins, avant de refaire surface en 2006.
Aujourd’hui, elle est reconnue par Ferrari Classiche, non pas comme voiture de la marque, mais plus comme une reconnaissance vis à vis de ses origines et de ses géniteurs, notamment comme étant la dernière Ferrari de Giotto Bizzarrini qui a tant fait pour le Cheval Cabré.
© Volante79 / Photos : Ferrari via signatures éventuelles
Vous en voulez plus ? Pour cela on a besoin de vous, et d’un p’tit coup d’pouce… Ca se passe sur notre cagnotte 😉
Il envoi du paté le type en plus