1993… Cela fait plus de 20 ans que De Tomaso essaye de faire évoluer sa Pantera pour tenir le coup face à des rivales de plus en plus modernes et affutées… Mais bon, à force, la sportive italienne commence largement à accuser le coup et a bien du mal à cacher son âge et sa conception dépassée. Du coup chez De Tomaso, on mise énormément sur celle qui va venir la remplacer, la De Tomaso Guara…
Le souci, c’est que les caisses sont presque vides… En 92 est sortie la dernière évolution de la Pantera, la Si, mais alors que la marque prévoyait d’en vendre 250, elle n’en assemblera pas plus de 39 ! Et ça, ça va encore plus enfoncer De Tomaso dans les soucis financiers. Il faut donc trouver une solution « à pas cher » pour tenter de relancer les ventes et sauver la marque italienne.
Heureusement Alejandro De Tomaso, est resté en bon terme avec Giordano Casarini, le directeur technique de Maserati. Rappelons justement que De Tomaso a vendu Maserati à Fiat en 1987. Bref, nos deux hommes se retrouvent un jour devant un bonne pizza et après quelques verres de Chianti et le Limoncello, Alejandro confie à Giordano son ambition de relancer sa marque grâce à une nouvelle sportive. Casarini lui parle alors du projet Maserati Barchetta que la marque a proposé à Fiat en 91 et abandonné après seulement 17 exemplaires assemblés.
Séduit par l’idée, De Tomaso rachète le projet, et prend contact avec Carlo Gaino, un designer indépendant qui en avait tracé les lignes, et lui demande de les modifier… Carlo y colle des pop-up, un toit, change 2 – 3 bricoles et l’affaire est dans l’sac ! Surtout que la ligne est virile sans avoir oublié d’être séduisante… Large, basse, lisse, on reconnait la base « Maseratienne » et entre nous, y’a pire ! Bien entendu, une version spyder et une targa viendront compléter la gamme, tant qu’à y être, autant essayer de séduire le plus de monde possible.
Niveau châssis, les ingénieurs de chez Williams qui se sont chargés des sous-vêtements… et en position central arrière, le V8 laisse tomber Détroit pour venir de la Bavière. C’est le M60B40 BMW, le V8 4.0l de 286 ch qu’on retrouve aussi sous les capots des 540i, 740i et 840i. A savoir que De Tomaso avait annoncé quelques modifs qui devaient le faire grimper à 304 ch… mais elles ne dépasseront pas le stade du prototype de pré-série. Il est accompagné d’une boite 6 manuelle empruntée à Audi puisqu’il s’agit de celle du RS2.
La De Tomaso Guara est présentée au salon de Genève 93 et elle rentre en production dans la foulée. Elle revendique le 0 à 100 en 5 secondes, et est capable d’aller coincer l’aiguille du tachy’ à 270. Mais voilà, la voiture est chère… et malgré ses lignes racées (Ouais, j’suis fan !) elle peine a trouver sa clientèle, si ce n’est les adeptes de la marque qui ne sont malheureusement pas nombreux. Afin de limiter la casse, De Tomaso stoppe la production et décide alors d’assembler les voitures seulement à la commande.
En 98, De Tomaso abandonne le V8 BMW pour repartir avec un V8 Ford, un 4.6l de 320 ch. Le prix de la voiture baisse légèrement et les perfs gagnent quelques dixièmes en accélérations. Mais cela ne suffira pas à sauver la Guara de sa douce et inévitable mort. Alejandro décèdera en 2003… la Guara le suivra en 2004 après 50 exemplaires en tout et pour tout (40 en coupé / targa + 10 spyder).
A l’époque beaucoup ont reproché à la Guara son manque d’audace stylistique… 20 ans plus tard, paradoxalement, son style n’a pas pris une ride. Au contraire, plus le temps passe, plus elle devient belle (Ouais, je perds peut être mon objectivité !).
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