L’Alfa 164, c’est un peu l’Opel Omega ou la XM mais version italienne, malheureusement et très injustement étiquetées « caisse de beauf »… Aujourd’hui on redécouvre cette formidable berline, équipée en son temps du mythique V6 Busso, mais surtout, dans une version Procar des plus impressionnantes !

Pourtant, le Procar, n’aura vécu que le temps de 2 saisons… mais quelles saisons ! Née à l’initiative de BMW, le M1 Procar (son vrai nom) était ni plus ni moins qu’une formule monotype composée, comme son nom l’indique, de BMW M1 (Niveau explication y’a du lourd ici !).

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En 1979, la 1ère saison se déroule en levé de rideau des 7 courses de F1 sur les circuits européens, plus une 8ème course caritative à Donington Park. L’idée est d’y faire courir les pilotes de F1 qui réaliseront les meilleurs chronos au volant de leurs monoplaces ! Une sorte de « défouloir » pour faire le spectacle. C’est un immense succès, les pilotes se prennent au jeu, et la liste est longue : Mario Andretti, Patrick Depailler, Emerson Fittipaldi, James Hunt, Jean-Pierre Jarier, Alan Jones, Jacques Laffite, Niki Lauda, Nelson Piquet, Didier Pironi, Clay Regazzoni et John Watson. Les écuries également, car quelques team de F1 engagent leurs M1. Niki Lauda remporta le titre à l’issu de ce 1er championnat. 

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La saison suivante se voit quelque peu modifiée. Elle comptera 9 courses, mais seulement 6 en préambule de la tournée européenne des F1. Par contre, le système des volants en fonction des chronos est abandonné. BMW aligne 5 voitures confiées à des pilotes de F1 qui disputeront toute la saison ce coup ci :  Mario Andretti, Derek Daly, Jean-Pierre Jarier, Riccardo Patrese et Alain Prost. Les autres voitures sont alors engagées par des teams privés, tels, Project Four, Schnitzer, ou Sauber, entre autres, mais également, peuvent faire l’objet d’une initiative de pilotes indépendants, ce qui sera le cas des voitures d’Arturo Merzario, de Dieter Quester et d’Helmut Marko. Cette seconde et ultime saison sera remportée par Nelson Piquet.

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Ultime car au terme de la saison, BMW annonce son arrivée en F1 en tant que motoriste de l’écurie Brabham, dirigée alors par un certain Bernie Ecclestone. L’objectif, n’est donc plus à développer le Procar, et les budgets sont concentrés sur le futur moteur. Le Procar, faute de reprenneur, est purement et simplement abandonné. BMW en profite pour homologuer la M1 en Gr4 et revend ses Procar. Elles se retrouvent alors en championnat du monde des voitures de sport FISA, en IMSA GT ou en Deutsche Rennsport Meisterschaft. 

Voilà comment une formule bourrée de spectacle et d’ambition fut abandonnée au profit de la Formule 1… Et dire qu’ils cherchent toujours à trouver la solution pour animer les week-end soporifiques… Ils devraient relancer un compétition monotype de la sorte pour défouler de pilotes frustrés à force de jouer les pantins de la comm’… Une formule drift en préambule à la F1 actuelle avec des guests invités à chaque édition… Enfin, nous nous égarons !

1988… Alfa Roméo rachète Brabham à « Tonton Bernie » qui en profite pour créer la FOPA, sensée gérer les droits commerciaux de la F1 ! Et il lui vient une idée pour attirer les constructeurs motoristes dans la discipline reine. Il propose alors à Alfa de faire renaitre le Procar, mais en développant la discipline vers une alternative multimarque. Elle s’appuierait sur un règlement technique calqué sur celui de la F1 qui permettrait de disposer des mêmes moteurs pour les deux formules. Donc, outre un développement de l’offre moteur pour les écuries de F1, les constructeurs pourraient rentabiliser les investissements en faisant courir leurs modèles dans cette catégorie « Silhouette », et profiter de l’affluence d’un week-end de grand prix !

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Alfa et Brabham fabriquent un châssis combinant Aluminium et structure nid d’abeille en Nomex. Le tout recouvert en carbone et kevlar. 

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Le moteur est celui de la F1, un V10 à 73° de 3,5 l. 4 arbres, 40 soupapes, et une gestion complète Bosch pour 620 ch à 13300 tr/min… et 390 Nm à 9500 trs. Le tout animant 750 kg et stoppé par des freins carbone, empruntés à la F1 eux aussi. Niveaux perfs, c’est du lourd, du très lourd… 350 km/h en pointe, 0 à 100 en 2 secondes et le 400 m en 9 secondes… Ouech gros, tu veux tirer ?!

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Pour habiller le tout, une carrosserie en fibre reprenant les dimensions et les traits de la 164, recouvre le châssis. Pas de kit large, ni de prises d’air ostentatoires, seulement un aileron sur le coffre ! Le gros de l’aérodynamique ne se voit pas et est situé sous la voiture avec un fond plat terminant sur un diffuseur ventousant le tout au sol. Superbe !

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Mais, la formule ne prendra pas ! Trop technique, trop chère surtout… 350.000 $ le bout ! Comparés aux 60.000 $ demandés pour une M1 Procar 10 ans auparavant… L’Alfa restera donc seule et le Procar sombrât définitivement, sacrifié sur l’autel de la rentabilité au détriment du spectacle qu’il laissait présager ! 

Alfa s’est rabattu vers les courses de tourisme, et la 164 croule aujourd’hui des jours heureux quelque part aux Etats Unis. Quant au Procar, il a refait une apparition en 2008, et BMW annonce son retour ! Une course sera organisée, réunissant les voitures et les pilotes d’antan, puis… plus rien… encore ! 

Il laisse cependant un trace dans l’histoire de la course auto… et quelle trace !

Crédits photos : BMW & Alfa Roméo ou signatures éventuelles / Vidéos : Alfisti164