La Targa Florio… En voilà une que je me réserve depuis un petit moment, en cherchant par quel bout la prendre sans vous en faire un bouquin. Parce que si on commence à rentrer dans les détails, on risque d’en avoir pour un bon moment vous et moi ! Allez, on part pour la Sicile…
La 1ère édition a eu lieu en 1906, à l’initiative d’un richissime fou de bagnoles, Vincenzo Florio. Le vainqueur repartait avec un plaque (Targa en italien) en or, gravée d’une voiture de course.
La course va régulièrement changer, au départ, une boucle de presque 150 km autour de la Sicile, composée en grande partie de chemins, que le vainqueur doit se coltiner 3 fois, le plus rapidement possible (Oui, en fait, c’est le but d’une course !). En 1912, c’est une boucle de 995 km qu’il faut parcourir. Après une pause forcée de 1915 jusqu’à 1918, elle revient sur des boucles à parcourir à plusieurs reprises.
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Dans le années 20, la Targa Florio devient l’une des courses les plus emblématiques, et forcément, attire les constructeurs qui viennent s’y affronter, Alfa Romeo, Mercedes, Bugatti…
De 41 à 48, la 2ème guerre mondiale interrompt la course. Elle repart de plus belle en 49 et monte en grade. Porsche, Ferrari, Alfa, Lancia, Mercedes sortent les gros calibres. En 1955, elle se voit inscrite au championnat du monde des voitures de sport. C’est l’effervescence, et les protos vont commencer à faire leur apparition.
Au début des 70’s, elle devient complètement folle, même les pilotes reconnaissent qu’il faut être totalement fou pour y courir. Les routes ne sont plus adaptées, avec des pointes à plus de 300 km/h sur des départementales sinueuses, défoncées, bossues, les engins sont toujours à la limite de l’adhérence pour le plus grand bonheur des spectateurs, qui se gavent du spectacle, mais au plus grand détriment de la sécurité. Les accidents s’enchaînent. En 73, après 2 sorties de route mortelles, la fédération arrête l’hécatombe et retire la Targa Florio du championnat du monde.
Cela ne l’empêche pas de rester inscrite au championnat national, et son prestige continue d’attirer les pilotes les plus couillus. Les protos tournent désormais sur circuits fermés, mais les perfs sont toujours là, la vitesse et les accidents aussi. En 77, une voiture part dans le public, et tue 2 spectateurs. Quelques tours plus tard, ce sont 2 autres voitures qui sortent de la route. La police arrête la course, ce sera sa dernière édition. Depuis, la Targa Florio est devenue un rallye historique.
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Son aura continue de briller, Porsche lui a même consacré le nom d’une de ses 911 en hommage à son record de 11 victoires… de quoi en perdre la tête ! La Targa Florio se traîne également la réputation de course mortelle, comme toutes ces courses mythiques d’antan sur tracé routier. Pourtant, en 71 ans et 61 éditions, elle n’a connu que 9 décès (Pilotes & spectateurs confondus). Un chiffre ridicule comparé à d’autres légendes. Les Mille Miglia et ses 24 courses en 30 ans on causé 56 pertes humaines ou la violente Carrera Panamericana où 25 personnes perdirent la vie en seulement 5 éditions de 50 à 54.
Cela n’empêche pas la Targa Florio de faire aujourd’hui partie du Panthéon de la course auto, bien au contraire. Les marques et les pilotes y ont construit leurs palmarès et légendes, sur l’autel de la vitesse, du courage, du talent et aussi de la peur. Une course comme on n’en fait plus…
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