Avec l’Alfasud, on est loin de la dolce vita et d’une Giulietta sur la Corniche. Bref ça ne vend pas du rêve. Pourtant avec la compétition coulant dans les veines de la marque au biscione, on arrive toujours à trouver le moyen d’agiter un drapeau à damier et de faire vibrer le cuore sportivo. Quoiqu’il en soit, avec une Alfa, quelle qu’elle soit, vous pourrez toujours rouiller rouler avec style.
Quand on parle d’Alfa Roméo on pense Giulia coupé, Quadrifoglio Verde, Disco Volante, 8C , Montreal, mais plus rarement à Alfasud. Une traction assemblée par des ouvriers qui, la veille, construisaient l’usine. Un assemblage hasardeux, des caisses en attente dans la cour, pas étonnant que la ‘Sud se transforme en compost.
En 1971 la presse est unanime : la ligne est réussie et moderne. Ce qui encouragea Giugiaro à refourguer le dessin à VW, Lancia et FSO. Le fourbe ! Au niveau technique avec 4 disques et son moteur Boxer de 79 ch, la Ti se place bien dans la classe des 1300 de l’époque. À tel point qu’elle sera une des Alfa les plus vendues.
Avec ce modèle, on entre dans l’exclusif. Une authentique Alfasud Trofeo et, cerise sur le panetonne, c’est celle du vainqueur de la manche italienne de 1976 : Filippo Niccolini, reconnaissable à son triangle bleu. Mais en voyant les photos je me demande si finalement c’était pas ça la vraie rareté : une Alfasud sans rouille. Quand on connait les conditions de fabrication ça tient du miracle.
Le kit Autodelta bonifie la ‘Sud. Un bon maquillage, des implants là où il faut, une cure d’amaigrissement. Comme quoi il en faut peu pour rendre un homme heureux. M’enfin il faut pas trop tirer les traits sinon vous allez vous retrouver avec la dernière Giulia.
L’Alfasud Trofeo avec ses ailes galbées et ses magnifiques Campagnolo, a, en plus de la chirurgie esthétique, musclé son moteur. Il est maintenant gavé par deux gros Weber en 44 et passe à 115 ch. Pas de quoi pavoiser me direz vous, en 1976 c’est la puissance d’une Golf Gti de série. Mais pour une course monotype, avec une caisse de 800kg, relativement abordable, on commence à voir le potentiel de la chose. On est loin des cubes de plombs actuels où la moindre Twingo fait sa tonne et demi et est bardée de béquilles électroniques.
Finalement une Alfasud ça vend du rêve. Si vous voulez épater la galerie à un Trackday, ce rêve à un prix aux alentours de 76.000€, alors appelez votre banquier et craquez votre PEL.
Sinon une Alfasud routière, ça vaut pas le prix de ses pneus sur le Bon coin. Si vous avez l’âme d’un monteur de meubles Ikea, vous pouvez vous lancer dans la construction d’une réplique. L’intérieur destiné aux fans de Jeanne Mas ou de Stendhal ne vous demandera pas trop d’effort. L’essentiel est là. Au final c’est comme ça qu’on les aime les distributeurs à sensations : sans fioritures.
ND Titi ; P’tit pompelup spécial pour Fabien qui rejoint l’équipe des rédacteurs 😉