Allez, j’enfile mon pare-balle en kevlar, je lustre ma mauvaise foi légendaire, tout ça pour vous présenter une véritable Mercedes 300 SL, mangée à la sauce outlaw. Ho rassurez vous, c’est discret, ça reste de bon gout, mais il n’empêche que c’est bel et bien le cas… enfin, ils ont quand même « top chopé » une 300 SL !
Pour certains, modifier un caisse est digne de la peine capitale, l’électrocution avec les parties génitales dans la bouche ! Un peu extrême quand même pour un morceau de tôle… Alors modifier une Mercedes 300 SL… rien que d’y penser, j’les imagine déjà en train de muter en monstres capable de faire passer Hulk pour une fillette ! Ha c’est qu’ils sont virulents dans la bagnole… surtout lorsque ça touche à une icône… quoique, 4 jantes sur une Fuego ou une AX et ils perdent déjà leur sang froid !
Une 300 SL Gullwing, à la base, c’est de la poésie, l’élite, une oeuvre d’art… ça se respecte ! Mis à part qu’à un moment, quand un gars peut débourser plus d’1,5 millions d’euros dans une d’entre elles (C’est monté jusqu’à 4,5 millions lors d’une vente en 2012), j’oserai dire qu’il a entièrement le droit d’en faire ce qu’il veut… même si c’est de la repeindre en rose, avec une boule à facettes au plafond et des boudins dans les ailes… « Nicki Minaj style » ! Oui, c’est totalement à chier, mais quand t’as la caillasse… t’as pas forcément du gout, et ce n’est pas le sultan de Bruneï qui vous dira le contraire !
Le terme outlaw, ou modifier une caisse vintage, est généralement associé aux Porsche et aux ricaines. Mais attention, nous ne sommes pas au Cap D’Agde ! Point d’accessoires ostentatoires. Ici, tout est dans le style, la discrétion, les références à la course, au passé… le outlaw, c’est la crème de la prépa. Et petit à petit, on le retrouve sur des bases diverses et variées, comme cette Lancia Aurelia.
Donc oui, ce coup-ci, c’est une 300 SL Gullwing qui a servi de base ! Les modifs sont sobres… ça c’est ce qu’on dit histoire de se voiler la face. Pourtant, elles sont bien là. Un droppage en règle, une habitacle tendu de cuir d’autruche mais surtout, un top chop ! Oui, la modification qui consiste à réduire la hauteur des vitres en abaissant le toit, modif qu’on retrouve notamment dans le custom et le hot rod.
Ainsi chopée, la Mercedes a perdu 8 cm… engendrant du coup un petit soucis, celui de pouvoir porter un casque lors des arsouilles sur circuit. Du coup, toujours dans un soucis de style, le dessus des portes papillons ont reçu des bulles, à l’image des créations signées Zagato.
Les spécialistes auront remarqué d’autres détails, les pare-chocs, les anti-brouillards intégrés dans la calandre, tout comme les rétros extérieurs qui se lovent au sommet des ailes. Le centre de gravité est abaissé grâce à des combinés Koni. L’embrayage est renforcé, l’allumage amélioré et les échappements passent en side-pipe. Le réservoir est remplacé par un modèle en alu accompagné d’un système de remplissage rapide. un extincteur veille à proximité. L’habitacle est d’origine, hormis la sellerie qui reçoit du cuir d’autruche qui vient se mêler au cuir Cognac lisse.
Alors ? Eh bien elle déchire sa race ! Esthétiquement, le top chop et le rabaissement des supat’ assoient la caisse et exacerbent les lignes. C’est tout simplement magnifique, la ligne ne perd rien de sa beauté et de sa grâce, mais gagne en finesse… Le cuir d’autruche est plus discutable, mais finalement, il se fond parfaitement dans un habitacle somptueux.
Avant que les hatters se déchainent, et pour voir s’ils lisent les articles jusqu’à leur terme, sachez que les modifs ont été faites il y a plus de 20 ans… oui, ça n’excuse rien. Mis à part que la voiture appartient à Thomas Rosier. Il se l’est offerte pour 2 raisons, d’abord parce qu’il le pouvait…! Ensuite sa gueule qui l’a totalement hypnotisée. La voiture pourrissait aux Etats Unis, elle y a été importée en 1989 et y a subit ces transformations. Quand il la retrouve en 2014, il lui refait traverser l’Atlantique et décide de la restaurer complètement en lui laissant ce style si spécifique qui l’a séduit. Au cour de la restauration, il se rend compte qu’en fait, il s’agit de la 300 SL que son père avait acheté en 1986 avant de la revendre à un américain 3 ans plus tard ! Elle est pas belle la vie ?!
Ha oui, dernier détail, Thomas est le boss de Rosier Classic Sterne, qui n’est autre qu’un centre de restauration spécialisé dans les Mercedes et agréé Mercedes-Benz Classic ! Comme quoi…
© Classic Driver via Rémi Dargegen
Jonathan Jorand
Peut être pas authentique, mais surtout belle parce qu’elle est réalisée dans un pur esprit de voiture coursifiée d’époque comme une Jaguar E lightweight par exemple qui aurait fait le mans; et qui en deuxieme vie serait recivilisée avec un minimum de cuir et de chromes. Je connais pas l’histoire de cette 300SL mais la si la modif à par exemple etait faite pour de la course de cote ou du circuit, alors même son histoire devient authentique et participe a son charme.
En tous cas une voiture exceptionnelle, un must have à classer dans le top 20 mondial toute catégorie.
Laurent Bezanger
Nicolas Kieffer