L’Alfasud marque plusieurs tournants dans l’histoire d’Alfa Romeo. Une prise en compte de l’aspect social dans l’économie italienne, un nivellement de la gamme par le bas, et surtout un premier passage à la traction tant décrié par les puristes (tiens c’est marrant comme l’histoire se répète non ?)… Et puis un jour, Cédric a croisé le chemin de l’une d’entre elles…
La « petite sud » comme certains aiment à l’appeler, fait donc écho à la nationalisation de la marque. Le gouvernement Italien demanda à Alfa de construire une usine dans le sud de l’Italie pour essayer de contrer l’hégémonie industrielle du Nord et créer de l’emploi. Le site de Pomigliano, près de Naples, était né. Les chaines de production ont vu passer tous les modèles à succès de la marque et produisent aujourd’hui des Fiat Panda (Mais pour combien de temps ?)…
Le deuxième but de cette usine est d’y produire une nouvelle auto plus abordable. Elle sera nommée Alfasud. « Attends voir… Alfa Romeo… Usine dans le Sud… Et si on l’appelait Alfasud ! Mais c’est une putain de bonne idée Giuseppe ! Mais dis donc t’es un créatif toi ! Ah puis histoire de casser un peu les habitudes on va lui coller une traction avant. Oh c’est fort ça ! Tu ne crois pas que les puristes vont s’etouffer avec leur tortellinis en voyant ça? C’est pas grave , ils achèteront ce qu’on leur dira d’acheter ! » . Bon je ne suis pas certain de ma traduction mais voila en substance ce qui s’est dit au bureau marketing ce jour-la.
Paradoxalement, l’Alfasud colle à tous les stéréotypes que le grand public peut avoir sur les Alfa Romeo, dans le bon comme dans le mauvais. D’un coté une sportivité indéniable avec un petit moteur Boxer volontaire, un châssis performant et un tarif compétitif. Et de l’autre une qualité de fabrication foireuse avec des caisses fabriquées par des ouvriers qui ne connaissaient rien ou presque aux bagnoles, et qui commençaient à rouiller en sortant de l’usine. Enfin malgré tout ses défauts, ce sont quand même plus d’un million d’exemplaires qui ont été produits.
Parmi eux, il y a celle de Cédric. Ce passionné de voitures en tout genre, mais surtout d’Alfa (et BMW… Personne n’est parfait !) est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de débosselage dans les environs de Cherbourg (n’hésitez pas à faire appel à lui !). Il a obtenu cette Alfasud « phase 2 » à l’époque en l’échangeant contre sa 156 GTA, qui donnait quelques signes de faiblesse, dans le but d’en faire une pistarde. C’est un bon deal. Tas de rouille contre tas de rouille…
Pour ce faire, l’auto a été restaurée puis vidée et arceautée. Et Dieu sait qu’il faut chasser le moindre pète de rouille sur ces autos ! Par la suite le Boxer s’est vu remplacer par un autre Boxer 1.7L provenant d’une Sprint QV dont l’injection est passée aux oubliettes pour repasser sous carbu. La taille des freins a été augmentée et Wilwood s’est emparé du répartiteur hydraulique. Le train avant à été remplacé par celui d’une Alfa 33 accompagné de tous les silent bloc en Polyuréthane. La caisse à été rabaissée et les amortisseurs remplacés par des racing, les sièges sont passés en OMP ainsi que la ligne complète Groupe N. Tout ça nous donne un petit bolide de 145cv et 700 kg ! A savoir que le poids se réduit chaque année en fonction du taux d’humidité… Rapport à la rouille tout ça…
Malheureusement des soucis de santé et le travail ont eu raison des envies de piste de Cédric. La petite Sud coule aujourd’hui des jours heureux en Belgique prés de Spa Francorchamps ou elle fait le bonheur de son propriétaire ainsi que de tous les tôliers, chaudronniers et soudeurs de la région. Allez je déconne avec ça mais bon, aujourd’hui trouver une Alfasud en bon état c’est un peu parcours du combattant, malheureusement. Et tomber sur un mec qui est prêt à se fader des heures de tôlerie pour en rattraper une moi je dis bravo, et chapeau ! Cédric tu as vraiment de l’essence dans les veines… Et probablement encore un peu de rouille dans les sinus !