Il aura fallu un moment avant qu’on puisse associer break et sportive. Puis en 94, l’arrivée de la Volvo 850 T5, qui plus est engagée en BTCC, suivie en 95 par la T5R et une certaine Audi RS2, on commence alors à se dire que finalement, un break avec des watts et un châssis au p’tits oignons, c’était pas si mal… Le 1er à avoir discrètement commercialisé la formule, c’est BMW avec sa M5 Touring qui a été proposée à partir de 92. Explications…
Quand BMW revoit sa copie M5 en 92 en lui collant le 6 en ligne de 3.8l, la marque bavaroise rajoute discrètement au catalogue la version touring. Mais à l’époque, on est pas trop habitué à se dire qu’un engin de déménageur peut s’aligner sur un circuit. Il existe quelques breaks bien motorisés, mais ils sont plus adaptés à la file de gauche de l’autobahn qu’à un tour de circuit en mode time attack.
Bref, avec la M5, BMW voit plus la chose comme une offre commerciale de plus, au cas où… comme dirait Jean-Claude Duss : « On sait jamais, sur un malentendu… ». Pour tout vous dire, BMW n’a même pas semblé utile de l’homologuer aux USA… Il n’a donc été diffusé presque de manière confidentielle qu’en Europe. Du coup, quand Béhème a écoulé un peu plus de 3000 berlines M5 3.8l, seulement 891 touring ont été vendus entre mars 92 et aout 95. Pas mal pour celui qui revendiquait alors le statut de break le plus rapide du monde… et qui 25 ans plus tard est devenu un objet de culte pour tous les amateurs de M5.
Et encore, ce n’est pas fini… Car sur les 891 exemplaires, 209 étaient équipés d’une boite 6 manu (A partir de 94 sur les tous derniers modèles). Et sur ces 209, 20 ont clôturé la gamme avec une série limitée Elekta, exclusivement réservée pour le marché italien. De quoi faire perdre la raison à un béhémiste ! Mais attendez, laissez moi finir de les achever… Sur ces 20 modèles, 10 ont été assemblés par BMW Individual avec peinture argentée et intérieur cuir bleu. Les 10 autres ont une robe British Green Racing et une sellerie cuir noisette… Ah on m’informe que 5 lecteurs viennent de perdre connaissance !
C’est donc l’un d’entre eux qui se présente à vous aujourd’hui. Surtout qu’il s’agit du seul modèle Elekta qui a été importé, homologué et immatriculé aux USA… tellement rare que le proprio a réussi à obtenir un certificat d’authentification par BMW Classic !
Niveau look, le touring adopte toutes les spécificités de la berline M5 3.8l dans sa dernière évolution de 94 avec gros haricots de calandre, jantes en 18′ et freinage revu. La voiture est 100% d’origine, en même temps, face à la rareté, on peut largement se dire qu’il en soit ainsi (A la rigueur… 4 combinés…?! Non oubliez !). Dans l’habitacle, ça sent le cuir Nappa pleine fleur et la moquette épaisse. Pour le reste, nous sommes bien dans un BMW des 90’s avec le tableau de bord exclusivement consacré et tourné vers le pilote. A noter la plaque numérotée au niveau du pommeau de vitesses.
Niveau mécanique, le plus gros 6 en ligne commercialisé par BMW affiche fièrement ses 3.8l et ses 340 ch. Au niveau perfs, la Vmax était déjà limitée à 250, mais pour le reste, la M5 était l’une des reines de la route. Une fois que ses pneus avaient trouvé le grip, elle passait à 100km/h en 6 secondes, moins de 9 secondes plus tard dépassait les 400m et elle bouclait la borne kilométrique en 26 secondes tout ronds.
Tout ça pour en arriver à dire que finalement, le 1er break sportif envoyé sur la route, fut la M5 E34 même si apparemment, BMW n’a pas du sentir le potentiel en laissant la M5 Touring quasiment confidentielle… La Volvo 850 T5 a su se montrer et profiter de sa version BTCC pour marquer les esprits… mais ses 225 ch sur les roues avant étaient trop justes pour aller rivaliser avec l’allemande. Donc c’est finalement l’Audi RS2, qui n’a misé que sur le break (2 berlines ont été assemblées mais jamais commercialisées), avec son look de tueuse et son 5 cylindres turbalisé de 315 ch, qui a réellement fait entrer les breaks dans la famille des sportives.
© bringatrailer & misscourtneymae
Bryan Bmhiste Steve Goebel
Bryan Bmhiste Steve Goebel