Attendez… expliquez moi le principe. Une BMW M3 E30, c’est la sportive à l’état pur. Le produit spécifiquement développé pour décrocher l’homologation en GrA, mais surtout, aller mettre la fessée à tout ce qui pourrait oser se pointer devant sa calandre ! Mais aller lui enlever le toit pour en faire un cabriolet… ouais, parait que 30 ans plus tard, y’en a encore qui cherchent à comprendre !
Surtout que techniquement, le cabriolet peut revendiquer un statut de BMW M encore plus radical que son homologue avec le toit. En effet, pour répondre aux contraintes de production, la M3 était assemblée sur les mêmes chaines que la E30. Mais pour lui enlever le toit, elle aura les honneurs d’une chaine spécifique dans l’usine de Garching, l’antre de BMW Motorsport. Enfin, ceci dit, ça lui donne pas plus de légitimité…
Même si le cab embarque absolument les mêmes éléments techniques que le coupé, il perd par contre le coffre réhaussé. Pour le reste, moteur, châssis et habitacle, c’est kif kif. Pourtant, à l’origine, BMW prévoit d’assembler 5000 exemplaires de sa M3 pour pouvoir l’engager en GrA. Entre son virulent et mythique 4 cylindres et un châssis aussi affuté qu’un scalpel, la sportive a permis à BMW de récupérer son plus gros palmarès en sport auto, aussi bien sur circuit qu’en rallye. Les évolutions se sont succédées et la série limitée est devenue un modèle à part entière, pour le plus grand bonheur des amateurs de sensations mécaniques et des collectionneurs actuels.
Et c’est sûrement là que les choses ont du mal tourner… Les pontes de Stuttgart après plusieurs litres de bière tiède tout en se resservant de la choucroute une 3ème fois (Combo fatal…) ont alors commencé à partir en bretzel ! Et Hantz a alors pensé avoir une idée de génie : « Ach ! Ile fautrai fendre enkôre plus de haime 3… On tevrait la fère en brèque ! ». Là dessus, Jürgen lui a répondu sérieusement (Ouais, il encaisse mieux la bière Jürgen !) : « Che kroa pas qu’ein brèque sportife soit oune bonnneu idéeu ! Che ferrai pluto ein capriolé »… Bon, je suis pas sûr pour l’histoire du break, mais grosso modo, il parait que ça s’est passé comme ça, même si on n’a pas vraiment de témoignages.
Il n’empêche que les ingénieurs ont alors commencé à se mettre au boulot. L’ensemble châssis / moteur de la M3, l’intérieur, mais pour la caisse celle d’une 325i cab venait couvrir le tout, sur laquelle on greffait ensuite le kit et les extensions d’ailes de la supersportive. Ouais c’est cool ! Parait que sur la croisette à Cannes, c’était le top… Mais voilà, la croisette, c’est pas le Turini ! Et à un moment, quand tu veux faire claquer du string, tu t’équipes correctement. Une 325i cab aurait largement suffit… une M3 Cab, c’est too much ! Surtout que pour faire une sportive parfaite il faut réussir l’alchimie entre la puissance, le châssis, le poids et… la rigidité ! Si en plus la gueule est sympa, on a le combo gagnant ! Sauf que niveau rigidité… on est en 90. Ceux qui ont déjà posé leur cul dans une R19 Cab chevauchant un passage à niveau ou un dos d’âne un peu trop fort savent de quoi je parle…Cette peur de se retrouver avec le pare brise sur les genoux !
Voila quoi… La M3 E30 Cab, c’est le cornichon sur le foie gras, le Sprite avec la daube ou le costard cravate pour aller chez McDo ! Ca colle pas. Enfin ce qui rassure, c’est que même les clients ne se sont pas faits avoir par cette supercherie à ciel ouvert. BMW tiendra le coup de 88 jusqu’à 91 mais n’écoulera que 786 exemplaires.
30 ans plus tard, le cab a suivi l’ascension fulgurante du coupé… En trouver un, c’est préparer un chèquos à 6 chiffres ! Ouais, enfin… ça en fait une pièce à collectionner, mais toujours pas une sportive pure et dure… Après, si vous habitez sur la côte d’Azur…!
© Hexagon Classics
Le cab M3 n’a jamais prétendu être une sportive … juste un cabriolet plus exclusif avec un beau moteur !
Il y avait une (petite) clientèle pour cela. Et cela a encore plus de sens aujourd’hui en collection, puisque plus grand monde ne doit oser conduire vraiment sportivement son M3 E30, même en coupé vue la cote !
J’ai acheté ma M3 E30 cab en 1998 (67.000km au compteur aujourd’hui). Même si j’adore cette caisse je dois avouer que je partage l’avis de Thierry. J’ai toujours pensé que cette voiture était une hérésie. D’un autre côté elle a ce petit plus qui la rend unique. Peut-être justement son côté excessif. Cela dit, le chassis est assez bluffant pour un cab. Pas mal de copains l’ont conduite et ont été assez scotchés par sa rigidité et son homogénéité. A chaque fois que l’idée de la vendre me traverse l’esprit, très vite je renonce. Trop difficile de m’en séparer. Du coup j’ai acheté une M3 E46 cab que je suis allé chercher en Allemagne en Novembre dernier (46.000km). Et je me vois bien parti pour collectionner chaque modèle de M3 cab 🙂
Beau témoignage et bel hommage !
merci Cedric 😉
Les pontes de Munich, plutôt.