Un jour un gars s’est avancé face au peuple, et prenant son air le plus inspiré, il a dit : « L’argent ne fait pas le bonheur »… Je crois surtout qu’en fait, il n’aimait pas les bagnoles ! Par ce que quand t’es Petrolhead c’est quand même plus pratique quand en plus, t’es milliardaire ! Et ce n’est pas Walter Wolf avec ses Lamborghini Countach Wolf Specials qui vous dira le contraire…

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Walter Wolf, Scarlett vous en avait rapidement parlé il y a quelques temps. Ce canadien d’origine autrichienne a fait fortune en vendant de l’équipement spécialisé dans la recherche et le forage pétrolier. Passionné de sport auto, il décide de venir en aide à Franck Williams en 1975 alors en proie à des difficultés financières. L’année suivante, il rachète 60% des parts de l’écurie qui devient Wolf-Williams. Mais l’entente entre l’anglais et son mécène canadien n’est pas des plus cordiales… au contraire. Et au bout d’un an, Wolf rachète les parts restantes à Williams pour créer le Walter Wolf Racing. De son côté, Franck Williams utilise son capitale pour repartir à zéro… mais ceci est une autre histoire.

En 1977, la vie est belle au sein du Walter Wolf Racing… chaque membre de l’équipe possède sa propre montre Wolf, des cigarettes Wolf, son parfum Wolf et même une moto Wolf ! Le patron est riche, généreux, aime le faire savoir et le montrer. Surtout que sur la piste, tout va bien… Dès le premier grand prix de la saison en Argentine, Jody Scheckter s’impose… et le pilote Sud-Africain rééditera l’exploit à Monaco ainsi qu’au Canada pour terminer la saison à la 2ème place du championnat. L’année suivante, ce sera plus compliqué… Sans victoire Scheckter termine la saison à la 7ème place avant de signer chez Ferrari où il sera champion du monde en 79. Chez Walter Wolf Racing, la nouvelle star s’appelle James Hunt, le champion du monde 1976. Mais en fin de carrière et passablement démotivé, il jète l’éponge en cours de saison, dépité par le manque de performances de la voiture. Et son remplaçant, Keke Rosberg, n’y changera rien… L’écurie termine la saison 79 sans un seul point au compteur. Wolf commence à perdre de l’argent, il stoppe les frais, revend l’écurie à Emerson Fittipaldi et cesse toute activité en sport auto ! L’histoire se sera terminée aussi rapidement que ce qu’elle a commencé…

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Mais cela représente bien l’esprit de Walter Wolf. Un gagnant égocentrique, un chouill’ mégalo qui ne tolère ni l’échec, ni l’anonymat. Et cet façon de vivre, il l’aura aussi concernant ses voitures personnelles. Début 70, il découvre la Miura… pendant 4 ans, il en changera chaque année. Puis quand Lamborghini présente la Countach LP400 en 74, il compte parmi les premiers à passer commande. Un modèle blanc… qui va le décevoir. La supercar italienne ne répond pas à ses attentes… Walter Wolf déçu aurait été capable d’appeler en pleine nuit Gian Paolo Dallara, alors ingénieur en chef chez Lamborghini, pour lui dire que sa voiture était une merde, en lui listant toutes les modifications qu’il souhaitait en terminant par : « Tu m’dis combien, tu m’envoies un RIB et j’te fais le virement ».

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Sauf qu’un ami de Walter, ingénieur dans le sport auto, savait parfaitement ce qu’il voulait… Plus de puissance, plus de vivacité, plus de freins, des pneus plus larges, le tout, sans problème de budget ! Du coup, il lui propose de s’occuper de sa Countach… Et Wolf, séduit par le deal, lui demande en retour d’en préparer trois, qu’il commande dans la foulée ! 

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La première des Walter Wolf Specials sera rouge et noir. Elle reçoit un aileron XXL, Pirelli va réaliser des pneus sur mesure en 335 de large. La deuxième sera bleue et verra en plus, son V12 passer à 4.8l. Enfin la dernière, noire, sera l’aboutissement du projet. En plus de reprendre les modifications des deux précédentes, elle reçoit un V12 de 5.0l qui développe 500 ch. Les étriers avant comptent 8 pistons. L’aileron est désormais réglable depuis l’habitacle. L’embrayage bi-disques Borg & Beck reprenait directement la technologie employée en F1. La direction devient plus directe. Enfin la suspension avant est modifiée pendant que celle à l’arrière est renforcée et rigidifiée. Walter Wolf a insisté pour que soit dessiné le drapeau canadien sur chaque voiture. 

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Dans une interview donnée à un magazine canadien, Wolf déclare que la voiture dépasse les 300 km/h, mais que l’avant devient alors assez délicat à gérer… 

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Il n’empêche que les délires de Walter Wolf vont largement inspirer les ingénieurs de Sant’Agata. Quand Lamborghini dévoile en 78 la LP400 S au salon de Genève, elle reprend toutes les solutions techniques et esthétiques apportées sur les Walter Wolf Specials. Il n’y a que le V12 qui est resté à 3.9l pour 355 ch. Quant aux trois Walter Wolf Specials, elles ont toutes été vendues et dispersées entre l’Allemagne et le Japon, et l’ami Walter se paiera sa Porsche 935 Kremer ! Ah oui c’est vrai, l’argent ne fait pas le bonheur qu’il disait…

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