Nous sommes en Juillet 96 et une page s’apprête à se tourner du côté de Maranello… Sur le circuit du Nürburgring, la nouvelle 550 Maranello est le centre d’intérêt lors d’un important rassemblement Ferrari… A tel point que les pilotes F1 de la Scuderia, Michael Schumacher et Eddie Irvine, en font la présentation. Elle marque surtout la fin de la F512M… la dernière de la lignée des Testarossa !
La Testarossa a mis une claque à la planète auto en 1984… En 92 elle va évoluer et gommer ses quelques défauts pour devenir la 512TR. Enfin 2 ans plus tard, elle connaitra son ultime évolution, la plus aboutie, la plus belle (Ca n’engage que moi…!), la 512M… M pour Modificata.
Quand elle débarque au salon de Paris en 94, elle surprend les aficionados qui pensaient que la 512TR allait tranquillement clôturer la longue carrière de la Testarossa. Pourtant, personne ne sait encore à ce moment là, que deux ans plus tard, et après 501 exemplaires, elle allait emporter avec elle pas mal de choses…
D’abord le style… La Testarossa, c’est avant tout une gueule… qu’on affichait en poster sur le mur de nos chambres quand on était gamin ! Plate, large, bestiale… et se cul ! Ces ailettes qui prennent vie sur les portière, juste en dessous des rétros, pour aller s’élargir et donner naissance au postérieur mécanique le plus large et le plus envoutant des 80’s. La règle c’était juste de se dire que si l’avant passait, l’arrière pouvait coincer !
Ensuite son moteur, le 12 cylindres à plats qui avait vu le jour en 1971 avec la 365 GT4 BB, la Boxer Berlinetta qui elle aussi, évoluera doucement à travers 3 modèles (512 BB et 512 BBi) pendant 13 ans. La Testarossa va naitre avec 390 ch. La 512M tirera sa révérence avec plus de 440 canassons.
Enfin son architecture… Le moteur sommeille derrière le pilote. Après elle, Ferrari reprendra son ancienne formule, V12 en position centrale arrière… La 550 Maranello abandonnera le statut de Berlinetta pour basculer dans à pleines roues dans celui des GT.
Pourtant, si vous étalez sur une table les clés d’une Testarossa, d’une 512TR, d’une 512M, d’une 550 ou 575 Maranello, et on peut même continuer avec la 599 GTB, la F12 pour finir avec l’actuelle 812 Superfast, je peux vous garantir que sans hésiter, je choisirais la F512M ! Justement pour tout ce que j’ai listé au dessus, mais aussi sa pureté technique, celle de la Testarossa poussée à son paroxysme avant que l’électronique n’envahisse les missiles de Maranello ! Puis je dois l’avouer, malgré mon amour des pop-up, je trouve la F512M bien plus sexy avec ses gros yeux globuleux !
Donc oui, en 94 j’ai viré le poster de la Testatossa qui commençait à vieillir sur le mur de ma chambre, pour y mettre à la place, celui de la F512M. En même temps, du côté de chez Ferrari fallait bien réagir… En face, c’était violent. AU début des 90’s, on a connu une épidémie de supercar… Bugatti EB110, Jaguar XJ220, Lamborghini Diablo, McLaren F1, Venturi 400GT… Même les Porsche 965 Turbo S, BMW 850 Csi et Dodge Viper viennent taquiner la diva Ferrari qui commence sérieusement à accuser son âge. A Maranello,toutes les F40 ont été vendes et livrées et la F50 n’est encore qu’au stade du développement… Bref, tout repose sur les bielles de la Testarossa.
Donc après la 512TR qui essaye déjà de remettre les pendule à l’heure avec ses 434 ch, son châssis rigidifié et son freinage renforcé qui reçoit enfin l’ABS, la F512M réussi à monter encore d’un cran. Le 12 cylindres de 4943cm3 à carter sec est légèrement modifié. Pistons forgés, bielles en titane, vilebrequin allégé, chambres de combustion redessinées, taux de compression plus élevé et un nouvel échappement fait son apparition. La puissance monte à 446 ch à 6750 trs et le couple de 550 Nm est perché à 5500 trs… Il sait cependant être disponible en bas, mais sa hargne s’intensifie au fur et mesure que l’aiguille part à l’assaut de la zone rouge.
La boite déjà ferme et précise ne change pas. Elle compte donc toujours 5 rapports manuels où chaque changement de vitesse vient claquer contre la grille métallique. Justement, en étant dans l’habitacle, rien n’a changé par rapport à la 512TR qui avait déjà bien élevé le niveau de qualité et de finition qui était loin d’être le point fort de la Testarossa.
Vous me direz, ce n’est pas 12 ch supplémentaires qui doivent changer grand chose… même si le 12 cylindres a encore gagné en nervosité, ça ne fait pas tout. Non, là où les ingénieurs ont cherché à faire la différence, c’est sur le poids… Chaque élément a été optimisé, les roues, toujours en 18′, le nouveau pare-choc avant, la face arrièr modifiée, le nouveau capot, l’abandon des pop-up, au final, c’est 70 kg d’économisés sur la balance.
Du coup, avec 12 ch en plus d’un côté et 70 kg en moins de l’autre, la F512M passe de 0 à 100 en 4,7 secondes, shoote le 400m en 12,7 et mange le 1000m en 22,7 avant d’aller caler l’aiguille à 315 km/h maxi. La Diablo, sa 1ère rivale, est devant. Mais le châssis de la Ferrari idéalement équilibré, affuté, avec une direction vive et précise, lui permet de suivre le rythme. Mais attention au excès de confiance… La F512M c’est encore une autre école, puisqu’elle n’a pas de direction assisté et que la seule aide électronique s’appelle ABS ! Donc pour aller jouer avec ses limites, autant savoir tourner du cerceau et négocier avec la pédale de droite.
En 96, la F512M tire sa révérence en apportant avec elle un pan de l’histoire de Maranello… Elle clôture l’histoire de la Testarossa en étant logiquement la plus aboutie, la plus performante, la plus belle (Ah c’est plus fort que moi !) mais aussi la plus rare…
© RM Sotheby’s
Je trouve au contraire que la « M » perd ce qui fait le charme de la Testarossa. Elle est bien plus sexy sans ses yeux de grenouilles et cette bouche ronde…et les phares arrières ronds ne sont pas très joli.
En noir ça passe mais en rouge on remarque d’avantage le maquillage raté à mes yeux. Elle perd son essence 80’s.