Mazda a marqué l’histoire des 24h du Mans avec sa 787B. L’année dernière, Toyota a enfin réussi à imposer une voiture dans la Sarthe. Mais on oublie souvent Nissan qui cherche à accrocher l’épreuve mancelle à la liste de son palmarès. En tout cas son meilleur résultat, la marque l’aura en 98 avec une 3ème place grâce à la Nissan R390 GT1. Allez Père Motor, raconte nous son histoire…
Rappelez vous, nous sommes au début des 90’s. Le règlement en endurance change et la nouvelle catégorie qui prend le dessus, c’est le GT. Du coup en 94 la marque engage ses 300ZX qui courent en IMSA (Avec une belle 5ème place à la clé !) puis en 95 et 96, Nissan aligne sa légende du sport, la Skyline R33 GTR LM GT1. Mais Godzilla n’arrivera pas à faire mieux qu’une 10ème place en 95.
Il faut savoir que pour Nissan, les 24h du Mans, c’est un peu une déroute annuelle. Depuis l’édition de 86, Nissan Motorsport a aligné 26 voitures au Mans. Mais elle comptabilise pas moins de 18 abandons.
Enfin pendant que les Skyline essayent de ramener la coupe à la maison sous les couleurs de Nismo, Nissan se rapproche de TWR, le Tom Walkinshaw Racing. Non pas que le constructeur japonais n’ait pas confiance en ses ingénieurs, mais l’endurance reste une spécialité du team anglais qui a été à la manoeuvre dans les années 80. C’est TWR qui s’est chargé de la conception, du développement et de l’engagement des Jaguar XJR (6 à 15) dont la 9, victorieuse en 88. y’a de l’expérience quoi, et ça, ça intéresse Nissan.
Du coup un partenariat est vite trouvé entre Nismo et TWR afin de sortir une voiture répondant au nouveau règlement GT1 afin d’aller rivaliser avec les monstres de la catégories que sont les McLaren F1, Toyota GT One, Porsche 996 GT1 et Mercedes CLK GTR…
Mais comme le stipule le règlement, pour pouvoir courir en GT1, la voiture doit être basée d’un modèle homologué route… même assemblé à un seul exemplaire. Donc l’objectif de Nismo va être simple, imaginer et assembler un ensemble châssis / coque utilisable sur la route. Pour le dessin, on demande à Ian Callum de s’en charger. Rattaché à TWR, et papa de l’Aston DB7, il va s’inspirer du dessin de la Jaguar XJR-15 qui avait vu le jour en 1990. La ligne est ensuite retravaillée et peaufinée en soufflerie afin d’optimiser l’aéro.
Le châssis est le fruit de la collaboration commune, et pour cela, que ce soit chez Nismo ou chez TWR, on maitrise la chose. Enfin ne restait plus qu’à trouver un moteur. La première idée fut d’opter pour le RB26DETT de la Skyline. Mais la piste fut rapidement abandonnée, son bloc en acier n’était pas compétitif. Il fut donc décidé de se rabattre sur le V8 VRH35L des Nissan R89C. Tout alu, affichant une cylindrée de 3.5l avec culasse 32 soupapes et shooté par un duo de turbos, il développe 650 ch à 6400 trs pour un couple de 706 Nm à 4400 trs. Il est accompagné d’une boite 6 séquentielle Xtrac.
Le développement et le montage des voitures fut rapide. En 96, deux modèles routiers sont prêts. Le premier est directement envoyé au Japon au musée Nissan. Le second est gardé chez TWR pour différents évènements et présentations. En version Street legal, le V8 est dégonflé à 550 ch, mais avec seulement 1098 kg sur la balance, la Nissan R390 affiche des perfs de missile sol-sol… 0 à 100 en 3,4 secondes et le 400m en 11,1 avant d’aller caler l’aiguille du tachi à 354 km/h. Un antipatinage vient aider les roues à passer la cavalerie au sol et la seule aide s’appelle ABS !
En course, Nissan engage trois voitures en 1997, un coup d’essai puisque deux vont abandonner et la dernière accrochera une 12ème place au général derrière trois 911 GT2. Mais la marque japonaise mise tout sur l’édition 98 avec trois nouvelles voitures. La victoire ne sera pas au rendez vous, mais Nissan repartira du Mans avec son meilleur résultat, toujours d’actualité aujourd’hui. La R390 monte sur le podium à la 3ème place suivie d’une 5ème et 6ème place.
En 99 le règlement change encore et la R390 se retrouve obligée à prendre une retraite forcée. Seul son V8 se retrouvera sous la capot des Courage et de la Nissan R391 qui, comme son nom de l’indique pas, coure en LMP. Mais ceci est une autre histoire…
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