Dans les années 50 jusqu’au début des 60’s, c’est le grand écart chez Mercedes. D’un côté on trouve la gentille 190 SL, de l’autre la méchante et splendide 300 SL. Au milieu, c’est walou, zoby, que dalle ! Il faudra attendre le salon de Genève en 1963 pour voir enfin débarquer la Mercedes 230 SL Pagode qui finalement, viendra remplacer les deux !
Remplacer la 190 SL n’était déjà pas simple… Mais alors prendre la place de la 300 SL, fallait quand même être sûr de son coup. Surtout que Max Hoffman a su séduire les américains, et que celui qui va les remplacer devra lui aussi rencontrer le succès de l’autre côté de l’Atlantique. Quand tu sais que 80% des 190 et 300 SL y ont été vendues, on comprend comprend l’importance du marché ricain pour Mercedes.
Du coup, outre remplacer deux monuments, le cahier des charges de la nouvelle SL est plutôt complet. Elle doit d’abord utiliser des éléments du reste de la gamme, économie de production oblige. Proposer une sécurité optimale, sans oublier d’être pratique et lumineux mais aussi, et bien sûr, proposer un dessin classe et séduisant.
Pour cette dernière étape, c’est Paul Bracq qui va être mis à contribution. Particulièrement inspiré, il va reprendre les codes qu’il a tracé et qui font le succès de la nouvelle génération Heckflosse. La ceinture de caisse est horizontale et droite, elle permet d’élancer le profil de la SL. De face, elle parait étroite malgré ses ailes tirées… en fait, elles donnent de la personnalité à la voiture alors qu’à la base, la caisse était un peu trop étroite par rapport à son châssis. Du coup, pour éviter de retoucher l’ensemble, et venir couvrir correctement les roues, les ailes ont reçu ce petit rebord qui, au final, fait la différence.
Mais sa grosse spécificité, LE détail qui va lui donner son surnom, c’est ce hard top concave au milieu, qui va donner naissance à ce fameux toit pagode. A la base, il était censé permettre de poser des montants plus fins et donc des vitres plus hautes, ce qui permettait d’améliorer l’accès à l’habitacle ainsi que la visibilité. Il deviendra la signature stylistique de cette génération de SL W113.
Sur le 230 SL shooté par l’oeil expert de Julien Morin, se cache un 6 en ligne 12 soupapes de 2.3 l pour une puissance de 150 ch et 22 mkg de couple. Pas de quoi s’aligner sur une piste de dragster… mais pour cruiser sur la riviera cheveux au vent, ça suffit largement.
Surtout que le châssis n’a rien de sportif et l’habitacle invite plus à la détente qu’à l’attaque no limit ! C’est clean, sérieux, robuste, bien rangé, de qualité, tendu de cuir et de moquette, avec ce volant immense qui permet de voir parfaitement les deux gros compteurs. Et quand vous posez vos fesses sur ces sièges, c’est tellement moelleux que vous avez l’impression de vous asseoir sur le canapé de mémé !
Mercedes a réussi son coup… moins élitiste que ces prédécesseurs, le roadster SL W113 a séduit 48912 clients, toutes motorisations confondues. De son côté, Paul Bracq a signé un dessin quasiment intemporel… le caisse a traversé les époques sans vraiment prendre de rides, si ce n’est son moteur et son châssis aujourd’hui un chouill’ dépassés… sauf si vous la conduisez comme dans les 60’s, décapotée, coude à la portière, en mode tranquil’ ! Ca donnerait presque envie…