Quand le Plymouth Prowler débarque en 97, la claque est plutôt violente. Un constructeur a osé développer et surtout commercialiser un hot rod moderne, fabriqué en série ! Pourtant, son histoire est plutôt tragique car malgré son style fun, le Prowler allait surtout être la dernière caisse commercialisée avec le logo Plymouth…
Au sein du groupe Chrysler, les rôles étaient bien établis… Dodge se chargeait de séduire des clients jeunes et sportifs. Pour Chrysler c’était plus pour ceux qui recherchaient le luxe et le confort. Et pour Plymouth, c’était les voitures populaires. Sauf qu’ils devaient surement souffrir d’un complexe d’infériorité par rapport aux cousins… Du coup, ils vont sortir quelques engins bien shootés. Barracuda, Superbird, Fury, Road Runner, GTX… ou le Prowler.
Nous sommes en 93, Thomas C. Gale, le boss de Chrysler, et accessoirement fan de hot hod (Il possède un deuce, un Ford 32 dans son garage), demande à ses designers de concevoir ce qu’ils veulent, à partir du moment où ça reprend l’esprit d’un rod. L’équipe va alors s’inspirer d’une étude réalisée quelques années avant (En 90) par un des élèves du Art Center College of Design… Cet élève, c’est Chip Foose, et son projet s’appelait Hemisfear… Il finira d’ailleurs par lui donner vie en 2006.
Mais pour ne revenir à notre Prowler, le concept car est donc présenté en 1993. Le style est là, tendu, vif, fun, tout droit sorti des 60’s même si la technique et le gabarit sont bien modernes, avec ses jantes en 17′ devant et 20′ derrière. En tout cas, il marque les esprits… même si Plymouth mettra 4 ans pour franchir le pas puisqu’il débarquera dans les concessions pas avant 1997.
S’il fallait en avoir pour proposer un engin aussi décalé, c’est nettement moins couillu une fois qu’on lève le capot. Pourtant le châssis, en partie en alu, adopte une architecture transaxle avec la boite rejetée à l’arrière pour une répartition idéale de 50/50. Enfin, le Prowler est une propulsion, on n’en avait pas vu chez Plymouth depuis 1989 avec la Gran Fury.
Mais voilà, sous le capot, on tombe nez à pistons avec un V6 3.5 l 24s emprunté à la Chrysler Concord. Avec 215 ch et 339 Nm de couple, et malgré les 1270 kg de l’engin, le Prowler n’a pas la bestialité d’un pur hot rod… Puis il est pénalisé par sa boitoto qui compte 4 vitesses. Il est bridé à 190 km/h et passe le 0 à 100 en 7,2 secondes. Et ça, auprès des amateurs, la pilule est dure à avaler. La technique ne le sauvera pas et Plymouth ne vendra pas plus de 457 voitures sur l’année 97, tous en une seule et unique couleur, le Purple Metallic.
Ce n’est pas une raison (Enfin presque !) pour baisser les bras. En 98, Chrysler est rachetée par Daimler… Le nouvel état major demande à Plymouth de retirer le Prowler du marché afin d’en revoir la copie avant de le relancer dans le bain pour 1999. Outre le nuancier qui s’étend à 9 couleurs supplémentaires, c’est surtout le V6 qui se retrouve un chouill’ shooté… Il garde sa boite 4 auto, mais elle doit désormais composer avec 253 ch et un rapport de pont raccourci. A l’arrivé, la voiture dépasse les 200 km/h (203, faut pas s’affoler non plus !) et tape désormais le 0 à 100 en 5,9 secondes. Voilà qui est déjà plus que correct pour les aficionados.
Les ventes décollent sans pour autant devenir exceptionnelles… 3921 commandes en 99 et 2746 en 2000. Pas assez pour sauver Plymouth, en manque de rentabilité et sacrifiée par Daimler. Mais le Prowler va survivre et recevoir le badge Chrysler… En 2001, il s’en vendra 3142, avant que les ventes s’effondrent l’année suivante pour terminer à 1436 voitures.
En 2004, alors que le roadster Mercedes SLK R171 vient d’arriver sur le marché, Daimler préfère recycler son prédécesseur en le transformant en Chrysler Crossfire, censé reprendre l’esprit du Prowler… Mais ceci est une autre histoire !