J’insiste autant car il y a maintenant pas mal d’années, j’ai eu une bonne prise de tête avec un pseudo petrolhead qui me certifiait, juré craché, que la famille Gordini s’était arrêtée à la R8, que la R12 Gordini n’avait jamais existé, et que les quelques modèles qu’on croisait n’étaient en fait que des TS habillées en Gord’. Bon ben voilà… je crois que je vais être obligé de le lui dédier !
La R12 débarque sur le marché en 1969 et pousse, par la même occasion, les R8 et R10 à la retraite. Sa gueule n’a rien de particulier. Pour séduire tout le monde, Renault a misé sur du passe partout. Niveau moteur, le Cléon fonte fait le job sans la moindre dose d’excitation ! Surtout que la nouvelle venue a abandonné la propulsion au profit de la traction.
Mais les choses sérieuses vont débarquer à l’été 71. La coupe de France Renault continuait de se courir au volant de la R8 Gordini, mais avec la nouvelle venue, il fallait bien passer le flambeau… ou du moins les bandes blanches. En 70, la coupe Renault va se courir sur des R12 Gordini, même s’il faudra encore attendre quelques mois pour la voir débarquer dans les concessions.
Vous avez compris que le code vestimentaire ne va pas changer. Robe Bleu de France et bandes blanches, on ne change pas une bonne recette. Les pare-chocs sont dégagés (Disponibles que sur la Gordini TL) et ça lui donne un look vraiment sympa. Sous le capot, on retrouve le 4 cylindres 1.6 l cléon alu de la R16 TS, sauf qu’il est bien entendu passé entre les mains des sorciers de chez Gordini qui vont aller lui tirer 113 ch à 6250 trs et 14,3 mkg à 4500 trs… caractère affirmé ! Il est gavé par deux double corps Weber 45 DCOE. Le freinage est assuré par des disques ventilés à l’avant (Une première sur une voiture française) et pleins à l’arrière.
Avec 980 kg, la R12 Gord’ annonce des perfs plus que correctes pour l’époque. Le 0 à 100 est shooté en 10 secondes, il lui en faut 7 de plus pour passer la barre des 400m et boucle le kilomètre en 32 pour aller caler l’aiguille à 188 km/h. C’est propre.
Surtout que le châssis a été revu… enfin presque ! La R12 est la reine du vautrage en règle. Ca plonge, ça se cabre, ça prend du roulis, les pneus en 13′ couinent et les choses n’ont pas été vraiment améliorées, même si les barres antiroulis ont gagné en diamètre. Un virage, et c’est le sous virage assuré ! Sauf pour les pilotes… On place sur les freins ou on lève brutalement le pied et on joue avec le transfert de masse pour enrouler du cul qu’on maitrise et entretient du pied droit. La base, mais faut il encore la maitriser. Surtout que pour décrocher, la Gord’ a besoin d’arriver fort… et que les réactions ne sont pas forcément progressives. Mais une fois le mode d’emploi décodé et les réflexes affutés, la R12 Gordini s’avère démonstrative, rapide et efficace.
Pour les plus exigeants, Renault proposait un kit compétition comprenant comprenant de nouveaux segments, bielles, chemises, arbres à cames, ressorts de soupapes, bougies, gicleurs et une admission qui troquait son filtre à air contre des trompettes d’admission. Le Cléon passe à 1596 cm3 (au lieu de 1565), passe les 7200 trs et développe 160 ch !
Plus performante, plus efficace, moins joueuse, mais plus délicate et surtout plus chère, 5188 R12 Gordini sortiront des chaines… on ne peut pas dire que ce soit un succès, surtout comparé aux 11600 R8 Gordini. Du coup, après seulement 4 ans de carrière, elle quitte discrètement le catalogue, mais bon, elle a quand même existé !
© Artcurial & signatures éventuelles
On peut la voir dans un film fameux avec Jacques Brel et Lino Ventura: l’emmerdeur….
J’ai u une r12ts marron clair et je veux prendre la même j’achète merci beaucoup
Coupe Gordini: en 70 ce sont encore les R8 G, en 71 les R12 G
Deuxième photo de l’article: intéressante, prise au Jour G (communication Renault?) et représentative du changement d’ambiance de ces deux modèles dérivées de voitures de père de famille et touristes occasionnels.