Au début des 60’s, les petrolheads anglais se déplacent en nombre pour aller voir les Alfa et Jaguar se frotter les pare-chocs dans le championnat Saloon Car… Impossible de laisser Ford indifférent. Rapidement le constructeur à l’ovale bleu se rapproche de Colin Chapman, lui file une Cortina et lui demande d’en faire une Groupe 2. La Cortina Lotus est sur le point de voir le jour…
Le Saloon Car, c’est l’ancêtre du BTCC. Oui, avant la formule s’appelait BSCC… British Saloon Cr Championship. Le championnat voit le jour en 58 et après 3 saisons de mise en place, il adopte le règlement du Groupe 2.
Pendant ce temps, Ford regarde Alfa et Jaguar s’affronter dans ce championnat populaire et rapidement, et la marque à l’ovale bleu ne reste pas longtemps indifférente. Ford UK se rapproche alors de Colin Chapman et lui demande de concevoir une arme mécanique pour aller se frotter au Groupe 2.
La marque fait livrer des caisses de Cortina 2 portes à l’usine de Cheshunt, et les sorciers anglais commencent alors à transformer la banale berline en chasseuse de trajo. L’objectif est de lui greffer le 4 cylindres 1.6l Twin Cam (double arbres à cames), gavé aux Weber 40, qui développe 105 ch. C’est vrai que de nos jours, on peut se demander comment on peut sortir une voiture de course avec 105 ch…
Sauf que pour Colin Chapman, la vérité, c’est le poids. Ainsi, son équipe va alléger la voiture au maximum en lui greffant des ouvrants en alu. Ainsi équipée, la Cortina pointait à 775 kg, et ça, ça changeait pas mal de choses.
Au niveau des perfs, la Cortina Lotus accroche les 178 km/h, passe le 0 à 100 en 10,4 secondes. En 1963, ça en faisait l’une des berlines les plus méchantes de sa catégorie. Mais l’autre prouesse des ingénieurs de Lotus, c’est de lui avoir façonné un châssis au niveau de son bloc.
Le pont rigide est conservé, mais les ressorts à lames sont dégagés au profit d’amortos et ressorts. Les liaisons sont inspirées par celles de la Lotus Seven. La voiture est rabaissée, la géo du train avant est réglée au p’tits oignons et la direction est désormais plus directe. Les jantes et les pneus sont maintenant plus larges et pour terminer, le freinage a été revu à la hausse.
Afin de joindre le plumage au ramage, la voiture s’habille en blanc pendant qu’une bande verte vient courir sur les flancs pour s’achever sur la partie arrière, ponctuée par deux petits feux ronds tellement 60’s ! Des petits pare-chocs chromés font le job. Une prise d’air a poussé ur le capot. Et l’habitacle se contente du minimum syndical pour ne pas venir perturber le pilote concentré.
En mode course, la voiture va être engagée dans la catégorie des voitures de série. Elle est juste vidée et un arceau vient renforcer l’ensemble. La Ford est prête pour la saison 63, et confiée à Jim Clark, on va alors assister à l’une des plus belles associations machine / pilote du sport auto. Ne faisant qu’un avec sa machine, le génial pilote écossais va alors survoler la discipline et écraser la concurrence. Accompagné par Jacky Ickx, Jackie Stewart ou Pat Moss, ils vont offrir à la Cortina Lotus un palmarès impressionnant.
Pour décrocher l’homologation en Groupe 2, Ford va devoir commercialiser 1000 exemplaires, identiques au modèle de course. Une fois écoulés, et dans le but de rendre plus accessible, Ford UK décide de lui enlever les éléments en alu pour les remplacer par ceux d’origine en tôle, le train arrière retrouves ses roturières lames et quelques modifications esthétiques. La voiture gagne 50 kg et perd un peu de sa splendeur sur routes bosselées… Cela n’empêchera pas Ford d’en écouler un peu plus de 2000 exemplaires en 65 et 66.
Enfin, histoire de la pousser dans ses derniers retranchements, Lotus va développer quelques modèles compétition-clients dont la puissance va passer les 140 ch… grimpant même jusqu’à 190 ch pour les plus affutées.
Celle qui se pavane sous vos yeux est un modèle de 66, une MKI ph2 avec gros pare-chocs, jantes minilite, et habitacle un peu plus cossu que les premières versions.
En 67, la Cortina change, devient MKII et le partenariat avec Lotus est prolongé. Un peu plus grosse, plus lourde de 80 kg mais aussi un peu plus puissante, elle aura un peu moins de succès en course, mais se vendre plus que sa devancière. Enfin, ceci est une autre histoire…!