Elle n’arbore pas l’ovale bleu, mais la Lotus Cortina est la première d’une longue lignée de Ford en survêtement. Propulsée par un bloc Kent coiffé d’une culasse Twin Cam, la Cortina sema la terreur dans les championnats de production et de rallye dans les années 60, une berline sportive de légende donc. Mais qu’aurait-elle donné en break ?

Cortina

La question que la moitié des gens ne se posera jamais et l’autre trouvera stupide. Heureusement, un doux dingue l’a trouvée pertinente et à décidé de vérifier son intuition. Malgré son apparence, l’auto que vous avez sous les yeux n’est donc pas stock, elle est unique ! Et force est de constater qu’aussi WTF soit-elle, l’idée était excellente.

Cortina

Ecurie et constructeur renommés, Lotus n’a jamais rechigné à jouer les mercenaires pour arrondir les fins de mois. Tel Joël Robuchon apparaissant sur des plats micro-ondables, Lotus a régulièrement fait profiter les constructeurs généralistes de son prestige moyennant finances. À la différence que l’expertise Lotus accompagnait l’image… Et qu’à ma connaissance personne n’a jamais eu la coulante après avoir savouré une Ford / Opel / Sunbeam by Lotus.

Cortina

Oui, ce n’est pas pour rien qu’elle est badgée Lotus, la collab allait bien plus loin que la pose d’une paire de logos. Ford livrait les caisses de Cortina nues chez Lotus où elles étaient entièrement virilisées : elles recevaient le légendaire 1600 Twin Cam bien sûr, tellement bien pensé qu’il fera les beaux jours de l’Escort de longues années plus tard : 105 poneys de série, c’était plutôt haineux dans les early 60’s !

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Et comme Sir Colin n’est pas le ferrailleur du coin, il va au delà du simple swap de rabouin. Boite courte de Lotus Elan, portes, capot et coffre en alu, suspension intégralement revue, avec notamment des bras forgés et l’installation d’amortos à ressorts hélicoïdaux en lieu et place des archaïques lames à l’arrière… Une refonte totale de l’auto ! Voilà comment on fait d’une banale berline populaire destinée aux VRP et ménagères de moins de 50 ans une authentique tueuse de chronos !

Cortina

La genèse de ce mignon petit break est exactement la même, ou presque. Forcément, les caisses neuves de Cortina ne courent pas les rues de nos jours. La base a été entièrement foutue à poil et reconstruite selon les specs Lotus de l’époque. Enfin, l’avantage quand tu refais un truc 50 ans après, c’est que tu peux y glisser quelques anachronismes issus de l’évo qu’il y a eu entre deux…

Cortina

Sous ses airs de Replica, accentués par sa livrée identique à son aïeule berline, le petit utilitaire énervé est en fait un Restomod. En effet, on retrouve bien le 1600 Twin Cam sous le capot, mais dans une config « grosses soupapes » vue plus tard chez Lotus, il délivre la bagatelle de 150 chevaux ! Le proprio a également prit  soin de l’accoupler à une boite 5 rapports et de claquer des freins à disques derrière les quatre roues… On est à la limite du Pro Touring en fait !

Cortina

Esthétiquement, tout a été fait pour coller le plus possible au look de la Lotus Cortina, et c’est réussi. On a l’impression d’avoir affaire à une « simple » restauration. Il a néanmoins été possible de faire preuve de créativité à un endroit : le coffre. Bah oui, le break n’ayant jamais été produit fallait bien trouver une soluce. Le sujet a été traité avec goût, les lattes de bois vernies qui habillent le plancher sont tellement cleans qu’elles paraissent stock !

Cortina

Au final, le résultat est bluffant de subtilité. Une auto stock au premier regard, mais qui laisse deviner un boulot monstre lorsque le petrolhead moyen se dit « à ouais mais nan en fait ! » au bout de quelques secondes est pour moi une belle définition du chef d’œuvre.

Cortina

© RM Sotheby’s via Silodrome