Bon, en v’là une qui va démonter rétines et mâchoires des fans de pompelup ! Mais aussi fracasser les dentiers des puristes à l’esprit aussi serré que le cul ! Elle, c’est une Jaguar , enfin, une de ses ancêtres, une SS Cars Ltd. Sauf que la belle et vieille anglaise, plutôt que de poser sous les projos d’un musée, elle roule des mécaniques en mode Street Rod et V8 !
Les origines de Jaguar, je vous les ai déjà racontées il y a un petit moment. La Swallow Sidecar Company créée par William Lyons en 1922, devenue SS Cars Ltd en 1934 avant d’être rebaptisée Jaguar en 1945… En fait, le Jaguar servait de symbole à SS Cars. D’après Lyons, ce félin en train de bondir représentait la grâce, l’élégance, la performance, le pouvoir et l’ambition d’avancer… Ca sent les journées passées à fumer du gros cigare en sirotant du bourbon à la paille ! Quoiqu’il en soit, après la 2ème guerre mondiale, continuer de s’appeler SS aurait fait mauvais genre. Sauf que là, nous revenons donc en 1939. Oui à l’époque où le félin ne trônait pas encore au sommet de la calandre des berlines anglaises.
Au début des années 30, SS Cars développe une gamme qui mise aussi bien sur le luxe que sur le sport. Les berlines SS1 à 6 cylindres (Sixteen en 2.0l et Twenty en 2.5l) et SS2 avec des 4 cylindres (1l, 1.3l et 1.6l). A partir de 1935, la gamme évolue. Les SS1 et SS2 deviennent SS 1½ litre (4 cylindres), SS 2½ litre et SS 3½ litre (6 cylindres). A leurs côtés, on voit arriver deux roadster, SS90 (2.6l) et SS100 (3.5l). La marque revendique un véritable caractère sportif.
Il faut donc croire que l’une de ces berlines, a traversé l’Atlantique. Une fois arrivée sur le sol de l’oncle Sam, elle aurait tapé dans l’oeil d’un certain Stan Pfost, un spécialiste des hot-rod basé en Floride. Il n’en fallait pas plus pour que notre belle et imposante anglaise se retrouve alors entièrement restaurée et shootée à la sauce BBQ sans pour autant bafouer l’esprit que William Lyons a donné à sa voiture.
En fait, Stan a gardé le dessin d’origine, mais pour le reste, on est sur du made in USA. Comprenez par là que tout a été revu avec pour 1er objectif, de coller un V8 au châssis, un LT1, le Small Block de 350 ci (5.7l…!) qui équipait les Corvette et Camaro Z28 dans les 70’s. Pour l’occasion il troque son gros carbu quadruple corps pour une injection bien moderne et expulse ses calories à travers une double ligne sur mesure. Enfin pour faire passer ses chevaux sur la route, il est accompagné d’une boitoto 700R4. Mais pour se marier avec l’ensemble, il est chromé et passé en mode Shaved Bay.
Le châssis a été entièrement refait et équipé de trains roulants modernes, de combinés sur mesure et de freinage capable d’arrêter la voiture en moins de 4 miles ! Il est ensuite posé sur des magnifiques jantes à rayons chromées et chaussées en pneus vintage à flancs blanc absolument du plus bel effet.
En tout cas, ils se marient parfaitement bien avec la caisse toute de blanc vêtue. Elle aussi a eu droit à sa remise à neuf avec des détails aussi bien réalisés que discrets. Les poignées de portes ont disparu. La plaque d’immat à été frenchée (incrustée dans la carrosserie). Le panneau noir à l’arrière reçoit désormais les feux pendant que les pare chocs ont été chromés tout comme la massive calandre et les phares. Ca claque méchamment quand même…!
Et ça continue dans l’habitacle. Moquette marron, cuir Connolly chocolat des sièges aux panneaux de portes. La planche de bord en ronce de noyer laquée prend tout son sens, et coure le long des portes. C’est à tomber. Face au conducteur, on retrouve un volant en bois et chrome et le compteurs d’origine restaurés et rutilants. En y étant, les vitres électriques, la clim et une sono ont été discrètement intégrées.
Au final, cette Jaguar qui n’en était pas encore une est juste effrayante de beauté ! Que ce soit au niveau du V8, de l’habitacle ou de la perfection du traitement de la carrosserie, rien ne vient porter affront à la voiture originale. Alors oui, même si les puristes peuvent se choper une tourista de l’enfer, on s’en tamponne la rondelle ! Cette caisse est simplement magnifique, une pure réussite et un bel hommage à William Lyons signé par Stan Pfost !
Boulot de titan sur ce resto mod hyper réussi. Magnifique intégration. Par contre la question qui me taraude, est la réparation des masses avec le V8 qui appuie un peu plus sur le train avant que le 6 en ligne d’origine. Quoique le premier nommé étant moins long, c’est pas sur!!!
Si il faut relever la qualité du travail réalisé reste que le fait que ce soit une Jaguar me semble sous exploité. Quitte à s’attaquer à une telle base, autant jouer la carte hot rod à fond : museau au ras du sol, blower sortant du compartiment moteur et rouleaux à l’arrière… Là, c’est tiède, très bien fait, mais tiède.