Dans les bizarreries de chez Aston Martin, on connait tous la Lagonda Shooting Break, on est d’accord. Mais je suis sûr que la majorité d’entre vous, ne connaissent pas la « Bulldog ». Apparue en 1980 comme un cheveu sur la soupe, même Harrison Ford n’en voulait pas. Retour sur cet ovni ahurissant.

Aston Martin Bulldog : Blade Runner avant l'heure 1

Difficile d’éviter son design comme on enjamberait un pote en fin de soirée. On se retrouve de toute façon bouche bée, coupé dans son élan, devant ces lignes futuriste. Le futur comme on l’imaginait, à l’époque bénie des pattes d’éph’, des permanentes et de l’émission Hercule Poirot, tasse de thé à la main comprise.

Objectif Lune, les savants fous de chez Aston Martin voulaient qu’elle soit la voiture destinée au public la plus rapide du monde. Une déclaration d’amour à la nouvelle ère, bouquet de pistons à la main, un genou à terre, ils devaient faire 25 enfants de ce concept. Fausse couche, un seul sera produit, volant à gauche !

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On notera les matériaux nobles utilisés pour mourir dans le plus grand confort mais pas dans le silence. Vous avez vu les casques de communication comme en retrouve en aviation et vous riez jaune ? C’est normal. Vous avez la colonne vertébrale en relation extra-conjugale avec les vibrations et hurlements du v8 bi-turbo qui sortit 700ch sur banc d’essai dans le Hangar à avion où elle fut construite. Je répète, dans un « Hangar à avion ».

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Couplé à une boite ZF 5 rapports manuels qu’utilisa également De Tomaso pour sa Pantera, le v8 5.3 se retroussa les manches, se mit en mode « ultra énervé » et fit souffler très fort la paire de Garrett T04B « Airesearch » pour atteindre un seul chiffre d’or : 200mph, soit 322km/h chez nous. Montée avec des  « gommards » issu de la Lamborghini Countach et des étriers de freins 4 pistons refroidis par les jantes elles-mêmes, elle atteindra « seulement » les 309km/h après des mois de test. Pour rappel, on est en 1980. Comme le dirait un certain Etienne : « ça pousse ! ».

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Les portes papillons dites « gullwing » sont les seules choses qui vous empêcheront de tomber sur la route ou du ciel. On doit ce design à un grand homme, j’ai nommé : Mike Loasby, responsable également aussi du design du petit bijou qu’est la fameuse Delorean.

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Elle emporte à son bord un panel d’option digne de son concept. Que ce soit les écrans de contrôle, le système Hi-fi « Panasonic Cockpit » ou les très nombreux boutons, les rêves de gosse de nombreux d’entre nous, se réalisent. Qui n’a jamais joué les Marty Mcfly à appuyer sur tout les boutons simulant un départ pour un voyage dans le temps dans la 505 de ses parents ?

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Le principal ingénieur Keith Martin après avoir fait plus de 11 000km avec, vanta la puissance flagrante de la bête : « Vous passiez de la 3ème à la 4ème à 273km/h et il restait encore un rapport à passer ! » De quoi faire peur du côté de l’Italie, avec cette voiture, les gars de chez Lamborghini s’étouffaient avec leurs spaghettis.

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L’Aston Martin Bulldog, censée être leur première hypercar, essaya de marquer son territoire. Hélas, cela restera un seul exemplaire produit. En 1981, Aston Martin était dans l’impasse, et avait d’autres priorités tuant le projet dans l’œuf. On saluera tout de même la finesse, la brutalité, et la détermination de ses créateurs avec laquelle ils ont voulu retranscrire leur amour pour la technique au travers de ce design qui divise.

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Cet exemplaire unique a été vendu d’abord à un « réplicant » poursuivi par Rick Deckard (Blade Runner, suivez un peu, nom de dieu !) répondant au nom de Muhammad Bin Saud, prince saoudien, au prix qui couvrit la totalité des frais de développement, soit : 174 000$. Pour l’anecdote, Aston Martin avait emmené la Bulldog dans la rue juste en dessous de son appartement tandis que les négociations se poursuivaient. Coup de génie ou forcing ?

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