Parmi la flopée de voitures de course qui ont marqué les championnats de tourisme internationaux, la BMW M3 n’a pas filé sa part aux chats ! BTCC, DTM, Supertourisme, WTCC et j’en passe ! C’est d’ailleurs probablement ce qui a fait la renommée du modèle et l’a fait entrer dans la légende.
Souvenez vous de cette époque où les voitures qui gagnaient des courses le weekend se vendaient le lundi. Où l’on pouvait voir des Ford Sierra RS500 se “parechoquer” joyeusement avec des M3, des Laguna, des 406 et même des Cavalier ! (Des Vectra anglaises hein, pas des mecs à cheval). Une époque bénie des dieux de la course qui a marqué beaucoup de petits passionnés (dont je fais partie). Bien qu’à l’époque sans internet ni les 500 chaînes de télé, il était difficile de suivre un tel championnat. Beaucoup n’ont découvert cet univers qu’à la fin des années 90 grâce aux jeux vidéos mythiques que furent la série des TOCA. Cette impression de toucher du doigt des voitures de course qu’on croisait tous les jours dans la rue, souvent la voiture de papa (le mien avait une Laguna !), mais en version dévoreuse d’asphalte de 300 chevaux, c’était unique !
Le championnat BTCC a subi une mutation au début des années 90. Auparavant composé de 4 groupes différents, les organisateurs décidèrent de simplifier en instaurant une monoclasse 2 Litres à partir de 1991. Ceci afin d’attirer de nouveaux constructeurs et d’étoffer la grille. La saison 1990 voit l’année de cohabitation et de transition avec plus que 2 groupes et l’intégration des futurs 2 litres à la grille. Bonne pioche ! Ce sont 6 constructeurs qui engagent officiellement une ou plusieurs autos sur le championnat : BMW, Ford, Mitsubishi, Nissan, Toyota et Vauxhall. Les bagarres et le spectacle répondent aux attentes des organisateurs et du public, tout le monde est content. Que demande le peuple ! La FIA adopte d’ailleurs officiellement ce règlement en tant que FIA Super Touring Championship.
La plus grosse brasserie Canadienne Labatt a toujours été très impliquée dans le sport, mais pas seulement l’automobile. Hockey, bowling, foot Américain, basket… La marque a compris que pour vendre de la binouze, il fallait se mettre aux endroits où on en boit le plus. C’est sur qu’un concours de tricot sponsorisé par Heineken ça la fout mal. L’équipe intègre le BTCC en 1989 avec 3 Ford Sierra RS500 pilotées par Tim Harvey, Laurence Bristow et Tomas Mezera. Equipe Anglaise, sponsor Canadien, pilotes Britanniques et Australien, voitures mi-Européenne, mi-Américaine… Voilà un joyeux bordel international prêt à froisser de la tôle ! A la faveur d’une association avec l’écurie Vic Lee Motorsports qui court déjà en BMW M3, en 1991 la team Labatt’s passe sous pavillon Allemand en allant se fournir en autos chez nos voisins Bavarois. Puis les Allemands et la bière, en général c’est plutôt raccord. (qui a dit cliché ?)
Pour conduire une bonne voiture, il faut de bons pilotes. Tim Harvey à intégré le BTCC en 1987 au volant d’une Rover Vitesse pour la team John Maguire Racing. Puis enchaîna la saison 1990 au volant d’une Sierra RS500 et ce n’est qu’en 1991 qu’il prit enfin le volant de celle qui le rendra champion quelques années plus tard. Pour cette saison, Harvey compte 3 podiums dont une victoire à Silverstone sur la dernière manche. Quant à l’écurie Vic Motorsport/Labatt qui engagea engagea trois M3 en 1991, elles finirent quatrième, neuvième et neuvième du championnat en 1991… Oui elles sont arrivées ex-aequo ! Tim Harvey déclara à propos de la BMW : “La M3 était une proposition totalement différente de la RS500. Avec la Sierra, tout était question de sortie de virage et de vitesse en ligne droite. Les règles des 2 litres en étaient à leurs balbutiements en 1991, et il fallait s’y adapter. Tout était question d’élan et de vitesse dans les virages. Je me souviens très bien de cette voiture. J’ai remporté la dernière course en 1991 avec la M3 et cela m’a aidé à conclure un accord pour courir avec BMW l’année suivante lorsque j’ai remporté le championnat. Je dirais donc que cette voiture a eu un impact important sur ma carrière.”
Au lieu de choisir la facilité et un investissement limité comme l’ont fait la plupart des équipes, c’est à dire réduire la cylindrée des moteurs et équiper d’un ballast leurs voitures de groupe A pour pouvoir courir dans la nouvelle catégorie, l’équipe de Vic Lee et notamment l’ingénieur David Potter ont complètement repensé la M3. La géométrie totale de la voiture à été revue, le réservoir d’essence à été déplacé pour optimiser le centre de gravité, une partie du plancher passe en fond plat, l’échappement passe en sortie latérale pour mieux enfumer les copains qui essaient de doubler, et la boite 6 est fournie par Hollinger. De BMW il ne restera que la carrosserie et la suspension arrière développée par Motorsport. Ce sont en tout 5 voitures qui ont été fabriquées par la team. Et c’est l’une d’elles qui orne ces photos. Si vous rapprochez votre nez de l’écran, vous pourrez sentir l’odeur du bitume de tous les circuits et la victoire.
Une autre odeur que Vic Lee a reniflé quelques années plus tard, c’est celle de la cocaïne et des cellules. Alertés par le fait que l’équipe allait régulièrement faire des essais sur le circuit de Zandvoort aux Pays-bas malgré le nombre de circuits que compte le Royaume-Uni, les autorités ont démantelé un trafic de drogue auquel s’adonnait certains membres de l’équipe. Les douaniers britanniques ont intercepté l’un des camions de l’équipe qui transportait 40 kg de poudre ! Triste fin pour un scénario digne d’une série télé…
Après des années d’insolente domination des Ford Sierra, la M3 était probablement la meilleure voiture du championnat, et même du monde ! 16 victoires en Championnat de France des rallyes, 5 titres en Championnat d’Europe de course de côte, 5 victoires en course sur Glace, et plus de 10 titres mondiaux ou locaux en Tourisme. Depuis sa première victoire au Tour de Corse 1987, elle rafla un nombre incalculable de titres sur circuit, en Rallye, sur glace, en course de côte ou endurance. Rien ni personne ne semblait pouvoir lui arriver à la cheville. Que ce soit en Grande-Bretagne, en Australie, en Belgique, la légende de la M3 s’est forgée à la sueur du front et de l’odeur d’essence. Légende qui malgré les années et les différentes évolutions, reste encore aujourd’hui indéfectible.
On appelle Netflix tout de suite pour le scénar’!!!