Cette BMW est un vestige… Un vestige d’une époque heureuse où les sports mécaniques en France étaient bankables en termes de com’ pour les constructeurs et importateurs. Une époque où l’on cherchait encore à offrir le spectacle le plus badass possible au public chaque dimanche. Une époque où les budgets marketing des cigarettiers mettaient sur piste des caisses de folie…
Je veux bien sûr parler des années 80 ! Décennie faste pour le sport auto où l’on savait aller chercher des puissances déraisonnables, mais où l’on était encore un peu limite question liaisons au sol… De ce paradoxe découlèrent des monstres mécaniques que seuls les meilleurs pilotes (ou les plus cinglés, comme vous voulez!) pouvaient dompter. En France, les plus teigneux d’entre eux évoluaient en « Production« .
C’est au milieu de ce peloton de psychopathes qu’évoluait cette flashante BMW M5. Monture de Marc Sourd pour la saison 1985, engagée officiellement par BMW France avec la lourde tâche de succéder à la 635 CSI. Lourde tâche oui, car la M5 a beau ne pas être un lavement, en face il y a du monde : R5 Maxi et 505 Turbo officielles ou encore les redoutables Mercos 190 de chez Snobeck.
Pourtant à la regarder on la trouverait presque timide. Malgré ses peintures de guerre Marlboro fluos, elle fait quasi stock en fait. Bon, il y a bien quelques écopes judicieusement placées et un becquet alu dont l’incroyable finition laisse à penser qu’il a été réalisé avec l’aide de Parkside, mais franchement comparé aux gueules de golgoths de ses concurrentes c’est plutôt soft.
Certains trouveront ça dommage, mais il ne faudrait pas oublier que l’on a pas à faire à n’importe qui ! Bah ouais, on est chez BMW hein, le sport c’est une affaire sérieuse. À Munich on ne fait pas dans la fanfreluche, c’est l’efficacité qui règne en maître… Et puis soyons francs, autant que la caisse qui courre le dimanche ressemble un max à celle que tu souhaites vendre le lundi, c’est le principe d’un championnat de Tourisme après tout.
Mais sous ses airs relativement sages, le tandem AMS pour la caisse et Pipo pour le moulin a bien exploité la réglementation très libérale de la catégorie. Tout ce qui pouvait être dégagé a été disqué… Il suffit de jeter un coup d’œil à l’intérieur pour s’en convaincre, la carrosserie n’est plus qu’une feuille de tôle recouvrant un châssis rigidifié au max par un arceau maousse.
La finition exemplaire et les matériaux résistants qui ont fait la renommée de BMW ne sont plus qu’un souvenir : c’est un nettoyage par le vide dans les règles de l’art ! La massive Bavaroise n’est pas devenue une ballerine pour autant, mais c’est quand même vachement plus efficace que « Comme j’aime ». D’autant plus que Pipo l’a dotée d’un cœur d’athlète.
Ce n’est ni plus ni moins que le L6 de la mythique M1 qui prend place dans le berceau moteur. Oui, oui, le légendaire coupé énervé qui a fait les beaux jours de la série Procar : quand je vous disais qu’il ne fallait pas se fier aux apparences ! Le bloc BMW est nanti d’une config particulièrement saignante : gavé par une injection Bosch-Kugelfischer, ce ne sont pas moins de 460 boulets qui déboulent sur le train arrière via une boite Getrag usine !
De quoi tutoyer les 300 avec un pont long, cette BMW est un véritable missile ! Avec une prépa pareille, si l’objectif était de donner une réputation badass à la M5 e28 nul doute que c’est réussi. Plus encore que sa devancière qui avait pourtant Mesrine en égérie ! L’engin se révèlera être aussi efficace qu’impressionnant puisque Marc Sourd accrochera un podium à Croix-en-Ternois et une victoire à Nogaro à son volant : une championne !