Datsun Bluebird Coupé SSS – La 2002 aux phares bridés !
par Thierry Houzé | 28 octobre 2021 | Racing |
A la fin des 60’s, pendant que les européens s’amusent sur l’asphalte au volant de la BMW 2002, au Japon, on fait la même chose mais à bord de la Datsun Bluebird SSS. Contrairement à l’allemande qui était déjà réservée à une clientèle plutôt aisée, la japonaise voulait rester populaire et séduire le plus grand nombre de quidam. Mais, tout comme sa cousine teutonne, le sport auto va la faire entrer dans la légende.
Qu’une Toyota 2000 GT, une Datsun 240Z ou une Mazda 110 devienne un classic que les collectionneurs ont fini par s’arracher, il n’y a rien de bien étonnant. Les sportives finissent toujours tôt ou tard par briller. Mais pour une populaire, c’est une autre histoire… pour beaucoup, l’âge ne change rien à la valeur. A la rigueur, on les regarde avec nostalgie, mais pas vraiment avec envie. Et encore, je parle pour celles qui ont réussi à éviter le broyeur ou le recyclage en boite de raviolis ! Parce que si aujourd’hui certaines sont devenues culte, elles ont quand même dû traverser une période ou les seuls qui voulaient les récupérer, c’était les ferrailleurs !
Pourtant parmi ces anonymes populaires, certaines ont réussi à s’en sortir, notamment en se forgeant une côte de popularité quasiment dès leur naissance et souvent par le biais du sport auto. Et ça, ça va être le cas de la Datsun 510. Lorsqu’elle débarque sur le marché japonais en aout 67, elle s’appelle Bluebird et n’a rien de vraiment sexy… berline 4 portes, break et berline 2 portes. Ce n’est qu’une fois qu’elle va essayer de faire carrière aux USA que la marque va préférer l’appeler Datsun 510… à croire que les ricains auraient eu peur d’un oiseau bleu.
Il n’empêche que la Bluebird (et les voitures japonaises en général), ayant tout à prouver aux yeux du monde qu’elle voulait envahir les USA, l’Australie et le Canada (même si il y en aussi eu en Afrique et en Angleterre), se devait d’en proposer plus… c’est pour cela d’ailleurs que les constructeurs japonais n’hésitaient pas à innover et à doter leurs voitures populaires d’une technologie encore inédite sur cette catégorie comme les roues indépendantes, la double triangulation, la direction assistée… Des équipements qui se réservaient habituellement qu’aux GT et autres sportives. Ajoutez y des moteurs pétillants comme celui de la 1600 SSS (Super Sport Special) et forcément, équipées de la sorte, elles impressionnaient sur la route, mais surtout, une fois qu’elles avaient enfilé un jogging et qu’elles se retrouvaient posées en course auto, elles en remontraient à des plus véloces qu’elles… Ah si, quand tu te la pétais en Alfa, en BMW ou en Triumph et que tu te prenais une branlée de l’espace par une Datsun ressemblant à une boite à chaussures, t’avais tendance à ravaler ta fierté ! Car la force de la 510, et ce qui va la rendre aussi attachante et attirante, ce sera le palmarès qu’elle va aller chasser aussi bien en rallye que sur circuit. Du moins de l’autre côté de l’Atlantique et dans le Pacifique. Une fois armée la 510 va s’offrir le titre 71 et 72 en TransAm Series en moins de 2.5 l… ‘scusez du peu ! Elle rajoutera à son tableau de chasse plusieurs victoires en rallyes.
Mais celle qui nous intéresse aujourd’hui elle est particulière… j’vous ai déjà parlé d’une de ses frangines y’a quelques années, sauf qu’à l’époque, le débutant que j’étais avait zappé l’info principale du modèle. Au dessus je vous ai dit que la Datsun avait été présentée en berline 2 portes… pourquoi j’ai pas dit coupé ? Eh bien parce qu’en 1968, une quatrième version va voir le jour, un véritable coupé, considéré aujourd’hui comme le Graal de la famille Bluebird. Réservé exclusivement au marché japonais, il était équipé de feux spécifiques ainsi que d’une lunette bien plus inclinée que celle de la deux portes… un coupé quoi ! Contrairement aux autres modèles commercialisés sur l’archipel et qui pouvaient recevoir un 1.3 l (qui deviendra 1.4 l) le coupé Bluebird n’embarquait que le 1.6 l de la SSS, développant 100 ch pour 950 kg, et qui évoluera même en 1971 en 1800 SSS de 115 ch pour une seule année de carrière… du caviar pour les collectionneurs connaisseurs !
C’est l’une d’elle qui s’est retrouvée sur le sol américain afin d’être entièrement restaurée par Racecraft. A l’époque elle était dans un sale état… et l’objectif était de la mettre en config’ course pour l’engager en VSCCA (Vintage Sports Car Club of America) et en VARA (Vintage Auto Racing Association). La caisse a été mise à nue puis refaite jusqu’au moindre boulon et entièrement ressoudée avant de recevoir un arceau. Les pare-chocs ont été virés, un lèvre a été greffé à l’avant et les ailes ont pris du muscle, tirées à l’avant et fender flare à l’arrière afin de pouvoir chausser plus large, en l’occurrence des jantes Panasport de 13″ montées en Avon ZZR. Bien sûr, les liaisons sont à l’unisson… suspensions réglables, tirants, bras, rotules Uniball, silent blocks polyuréthane et freinage AP Racing. Le réservoir est accessible via le coffre, accompagné du radiateur d’huile du différentiel et de la batterie. Enfin toutes les durites sont soit en silicone, soit tressées.
Dans le cockpit, le pilote dompte sa bête rare, le cul bien posé au fond d’un baquet Sparco et harnaché en OMP. Le volant Momo Prototipo en main, rien ne vient perturber sa concentration… si ce n’est les compteurs et la batterie de manos qui permettent de veiller au grain… et quel grain ! Puisqu’entre les ailes avant, le 4 pattes L18 a été revu de la cave au grenier afin de pouvoir flirter avec les 9000 trs… gavé par deux double corps Solex avec cornets, ils expirent via un collecteur et une ligne full inox 100% libérée avec sortie en side pipe. La prépa signée Rebello lui a cracher 225 ch à 7800 trs ! Pas mal pour un p’tit 1.8 l. Tout ce beau monde file aux roues arrière via une boite 5 G-Force T5 accompagnée d’un DGL.
A l’arrivée, ben je n’sais pas vous, mais moi, j’ai encore appris des choses… puis ce coupé Bluebird qui a du passer sous la barre des 900 kg, avec son pétard sous l’capot, ça doit être quelque chose. Je sais qu’en Europe certains amateurs ont tenté le drop en important des 510 deux portes. Pour ce qui est des coupés, quand on voit leur côte, aux USA et au Japon, j’suis pas sûr que les fans européens soient prêts à débourser plus de 50000 balles pour importer une rareté que peu reconnaitront… mais bon voyez, ça valait bien de venir.
© motorator via BaT
sacré gazier!!
Il y a maintenant quelques coupés au Royaume-Uni
Joli petit monstre que je ne connaissoit pas!!!