Ho mais quessecé ce truc ?! Une Muntz Jet… connais pas ! Pourtant elle mérite le détour, car son histoire et celle de sa marque ne va durer que 5 ans, faisant d’elle une caisse rare et différente, un pur collector. Ca n’a pas empêché un amateur de la personnaliser et d’y colle une p’tite cure de pompelup pour la rendre juste unique…

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L’histoire de Muntz commence par celle d’un homme, Franck Kurtis, un mécanicien aussi ingénieux que créatif. Après avoir commencé sa carrière en assemblant des midget chez le Don Lee Racing Team, il se met rapidement à son compte, fonde Kurtis Kraft et développe son propre châssis. Nous sommes à la fin des années 30. Franck va alors commencer à imaginer et assembler des voitures de course. En 1949, il imagine et assemble sa propre sportive, la Kurtis Sport Car, une sportive biplace sur laquelle il va fonder de grands espoirs… mais voilà, il n’en vendra que 17 avant de céder pour 200.000 $ la licence et tout l’outillage à Williams « Madman » Muntz, un homme d’affaires et ingénieur américain qui avait fat fortune dans l’électronique domestique (en plein développement à l’époque) et la vente de voitures d’occasion. C’est d’ailleurs lui qui va démocratiser les spots publicitaires en créant le personnage de Madman, le roi de la reprise voiture, afin de faire la promotion de ses garages.

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Désirant de lancer sa propre marque automobile, il va donc saisir l’opportunité proposée par Franck Kurtis en reprenant à son compte la production de la KSC (Kurtis Sport Car… oui, faut suivre un peu !) mais en prenant soin d’y apporter plusieurs modifications développées par Sam Hanks, un ingénieur mais aussi pilote américain qui reportera les 500 miles d’Indianapolis quelques années plus tard en 1957.

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Par rapport au concept original de Kurtis, la Muntz Jet va en reprendre la ligne originale, si ce n’est que son empattement va être rallongé afin de pouvoir y greffer une banquette pour devenir un cabriolet 4 places. Les premières voitures produites accueillaient un V8 Cadillac accompagnée d’une boitoto General Motors Hydramatic (une Borgwarner manuelle 3 vitesses était proposée en option) et étaient habillées d’une carrosserie en aluminium. Plus tard, elles passeront sur un V8 Lincoln et une caisse en acier. L’originalité vient de son toit rigide, en toile, qui s’enlève à l’image d’un hard top.

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Malgré ses origines artisanales, la Muntz Jet affiche un look séduisant et originale, pour une finition qui avait de quoi rendre jalouse une limousine. Pour ne rien gâcher, le châssis reposait sur un train avant à suspension indépendante et un essieu rigide arrière parfaitement maintenu avec direction assistée et freinage hydraulique. Bref, elle était surprenante d’avant-gardisme en offrant un habitacle digne d’un écrin, des performances surprenantes et un comportement sérieux. On se glissait sur des sièges tendus de cuir, avec ceinture de sécurité, tableau de bord rembourré, vitres électrique, sono, et même en option un frigo avec distributeur de glaçons dans l’accoudoir de la banquette arrière !

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Avec 160 ch pour 1800 kg, même si l’engin revendiquait 180 km/h en vamx et un 0 à 130 (!) en 9 secondes, il ne fallait pas la prendre pour une sportive, mais plus pour un cabriolet premium, au comportement sain, engin idéal pour aller cruiser le coude à la portière. C’est en tout cas pour cela qu’elle sera proposée à partir de 1950 pour plus de 5000 $… alors qu’une Cadillac cabriolet se vendait pour moins de 4000 $. D’autant plus que chaque Muntz Jet qui sortait des lignes de production revenait à… 6500 $ !

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A ce tarif là, l’histoire ne pouvait pas durer longtemps. En 54, la production s’arrête. Madman Muntz y a laissé 400.000 $ ! 198 Muntz Jet ont été assemblées, dont 6 équipées de l’option « Hop Up  » (prise d’air Edelbrock et deux carbus double corps Stromberg) et 2 avec un V8 Chrysler FirePower.

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Aujourd’hui, il y aurait entre 50 et 130 voitures survivantes. Sans club et sans archives, impossible de référencer les propriétaires pour en connaitre le chiffre exact. L’une d’elles est exposée au célèbre Petersen Automotive Museum de Los Angeles et une Jet en parfait état s’échange pour plus de 100.000 $.

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En tout cas, l’une d’elle a rejoint la route. Elle défile devant vos yeux. Un modèle de 53 retrouvé incomplet dans une sale état au fond d’une grange et qui a nécessité une reconstruction complète. Posée sur un châssis Art Morrison, la carrosserie est en alu et en fibre avant d’être habillée avec un profond Sherwin Williams Apple Pearl. Vue qu’il n’existe aucune pièce de remplacement, tout doit être reconstruit sur mesure, ou du moins repris sur d’autres marques et modèles avant d’être modifié et adapté. Ainsi, les phares viennent d’une Chevrolet de 1950, les vitres latérales sont adaptées à partir de celles d’une Ford Victoria de 51 et le toit a été fait sur mesure par Carson. Les pare-chocs ont été entièrement refaits à neuf.

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On continue le puzzle avec des jantes en 15″ venant d’une Dodge de 76, chaussées en BFGoodrich Silvertown. La direction a été piquée à une Mustang et reçoit une assistance électrique. La suspension va surement redonner des sueurs froides aux obsédés des dos d’âne, puisqu’il s’agit de boudins Air Ride Technologies montés avec des amortos Strange Engineering sur barres oscillantes à l’avant et à l’arrière. Une fois posée, ça colle bien avec le look de la voiture. Le freinage vient de chez Ford avec disques et étriers.

Sous le capot, au milieu d’un magnifique shaved bay, le V8 est maintenant signé Chevrolet. Un LT1 de 5,7 l provenant d’une Corvette C4, équipé d’une nouvelle admission, de couvre culasses en alu poli, d’un allumage Opti Spark avec faisceau Painless Performance Wiring, d’un radiateur Griffin et d’une ligne libérée qui débouche sur deux silencieux Dynaflow. Une boitoto Chevrolet 4L60E se charge d’envoyer les 330 ch aux roues arrière.

L’habitacle a été confié à l’équipe de Jim’s Auto Trim située à San Diego. Le tableau de bord reprend le style de la Muntz Jet originale si ce n’est le volant emprunté à une Lincoln 52. Les sièges, les panneaux de portes, le ciel de toit et une partie de la planche de bord sont désormais tendus en simili de peau de python ! Ca fait son effet…

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A l’arrivée, c’te Muntz Jet c’est du délire à l’état pur. La caisse était ruinée… impossible à restaurer pour lui redonner son aura originel. Alors y’avait pas 36 solutions… à moins de rester épave, soit elle était restaurée à l’identique en sur mesure, ce qui aurait surement couté trois fois sa valeur, soit elle devenait une base débile, originale pour une restauration « sauvage » mais pour un cout correct afin de pouvoir à nouveau rouler. Et vu la rareté de l’engin, ça aurait été con de la laisser tomber en poussière, sans pour autant s’aventurer dans un projet hors de prix. Alors en y étant… autant en profiter. Une Muntz Jet flambante côte aujourd’hui plus de 100.000 $. Et cette version custom, finalement, elle en vaut tout autant… comme quoi, quand c’est bien fait et que ça ne tombe pas dans la caricature.

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