Cette BMW E9 3.0 CSL a posé ses roues sur la route en juillet 72. C’était en Italie. Elle était alors habillée en jaune Golf. Quelques années plus tard, elle a traversé l’Atlantique. Mais le temps a fait son oeuvre et en 90, fatiguée, son proprio a jugé bon de lui offrir une restauration. Et c’est à que, malgré les apparences, c’est parti en couil***…
A la fin des années 50, BMW est au bord de la faillite. Les dettes sont abyssales et les ventes ne permettent pas de renflouer les caisses, elles offrent simplement un sursit supplémentaire… jusqu’à l’arrivée d’Herbert Quandt, qui va reprendre la gestion de l’entreprise et revoir la stratégie en orientant la marque vers des voitures populaires plus accessibles. Il remet les pendules à l’heure, restructure la hiérarchie et lance celle qui va s’appeler la « Neue Klasse ».
Les ventes repartent à la hausse, mais surtout, les marges sont enfin au rendez-vous. BMW reprend des couleurs en inversant la vapeur. Les comptes repassent au vert et la marque retrouve ses ambitions et une santé financière, dont le premier symbole va être… le coupé BMW E9 CS et le sport auto. Et comme l’une va aller avec l’autre, la 3.0 CSL va voir le jour, décrocher l’homologation en Gr.2 mais aussi inaugurer l’entrée en jeu de BMW Motorsport qui va se charger du développement faisant d’elle l’une des toutes premières « routières » pensées exclusivement pour la course auto.
La BMW 3.0 CSL (Coupé Sport Leichtbau) va connaitre trois évolutions. Elle est présentée à Genève en mars 71. Et là, c’est la claque. Développée à partir d’une 3.0 CS, elle reçoit un capot et des portières en alu, la tôle est un chouill’ plus fine et l’équipement est réduit. Dans l’habitacle, on retrouve deux sièges baquets, l’insonorisation est virée et un petit volant 3 branches Alpina a vu le sacrifice de la direction assistée. De quoi gagner 200 kg. Même si le 6 en ligne n’a pas été retouché, il affiche 180 ch. Les jantes passent en 7 x 14″ obligeant la pose de petits élargisseurs chromés. La suspensions est signée Bilstein, le freinage est à disques aux quatre coins et un autobloquant aide à passer les watts sur la route. Avec 1165 kg sur la balance, le coupé file de 0 à 100 en 7,4 secondes.
169 voitures seront assemblées jusqu’à ce que la voiture soit revue en aout 72. Enfin, ce coup ci, c’est le 6 en ligne qui passe sous les mains des sorciers allemands. La cylindrée est légèrement revue pour passer de 2985 cm3 à 3003 cm3 et il troque ses carbus pour une injection Bosch D-Jetronic. De quoi le faire passer à 200 ch pour 27,4 Mkg de couple. Elles seront 929 à sortir des lignes de production.
La dernière évolution débarque en juillet 73. Le coupé s’habille d’un kit avec un double aileron arrière (sur le coffre et au niveau du toit), deux déflecteurs verticaux au niveau des ailes et des pare-chocs aéro en polyester qui viennent remplacer ceux en chrome des premières versions. Celui de l’avant est percé de deux prises d’air rondes qui se chargent de refroidir les freins. La lunette arrière et les vitres latérales sont en plexi alors que le pare-brise est en Glaverbel, un verre moins épais. Sous le capot, le 6 en ligne passe à 3.2 l pour 208 ch et 30 Mkg de couple. Elle finira la lignée jusqu’en novembre 75 et séduira 167 amateurs.
C’est à partir de là qu’on se dit que celle qui défile est quand même bien bizarre. Elle s’affiche en Batmobile alors qu’elle est de 72. Et pour ne rien arranger, il sort d’où ce 3.5 l ? Eh bien ce n’est pas une CSL. Haha, j’vous ai bien eus.
C’est une « simple » 3.0 CS, livrée neuve en Italie en juillet 72 avant de traverser l’atlantique quelques années plus tard. Après une vie apparemment bien chargée, elle se retrouve en 86 dans le garage d’un collectionneur du Colorado qui, au milieu des 90’s, va décider de lui offrir une restauration complète chez le spécialiste Paul Schultz situé à Denver… un peu améliorée. Bien fatiguée, elle va être mise à tôle et refaite en mode CSL avec les ouvrants en alu, les ailerons, les spoilers et même le vitrage en plexi. Elle abandonne son jaune Golf pour s’habiller maintenant en noir avec les bandes latérales M Motorsport.
Aux quatre coins, on retrouve des jantes Alpina en 14″ (elles étaient proposées en option en 73) chaussées en Michelin XWX 205/70. Le châssis est maintenu par des combinés Bilstein et le freinage est également passé en étriers et disques.
Sous le capot, le M30B30V a laissé sa place à un M30B35, le 6 en ligne de la 635 CSi, si ce n’est qu’il a troqué son injection pour une paire de Weber double corps. Un peu plus de 220 ch filent aux roues arrière via une Getrag 5 vitesses manu associée à un autobloqu’. Enfin dans l’habitacle, une fois encore, l’illusion est parfaite. Baquets Scheel devant et derrière, sellerie vinyle et velours, placage bois, volant trois branches et compteurs VDO.
Alors oui, ce n’est pas une vraie CSL… et ce n’est plus une 3.0 CS. mais le taff est là et le résultat est au rendez vous. Les coincés du sphincter vont s’empresser de dire que c’est gâcher une 3.0 CS pour en faire une fausse CSL avec un 3.5 l qui n’a jamais existé sous le capot du coupé E9… si ce n’est qu’il a quand su trouver sa place. En tout cas auprès d’un amateur qui n’a pas hésité à sortir 175000 $ pour l’avoir dans son garage. C’est la côte d’une vraie CSL… comme quoi !
© DSFM2005 via BaT
Fausse « Batmobile », mais vraie pépite, bien réalisée. Une « Robin » mobile alors…