Aux States, le custom c’est une institution et certains engins revu par les maitres en la matière sont aussi célèbres que des rock stars. C’est le cas de ce coupé Ford DeLuxe de 1940, transformé en street rod et signé Customs by Kilkeary…
En 1939, le groupe d’Henry Ford compte 5 marques dans son giron; Ford, Ford DeLuxe, Mercury, Lincoln-Zephyr et Lincoln où chacune avait sa place dans la hiérarchie familiale avec Ford en entrée de gamme et Lincoln pour la plus luxueuse. Deux ans plus tard, il n’en restera que 3, Ford, Mercury et Lincoln. Les big three (Ford, GM et Chrysler) étaient alors en pleine guerre marketing où chaque constructeur y allait de sa marque, afin de rivaliser avec celles des voisins.
Au début des années 30, Ford voulait combler le fossé qui séparait les Mercury avec celles bien plus luxueuses badgées Lincoln. Pour ce faire, à Détroit, on va alors lancer sur les Ford la finition DeLuxe. Rien ne dit si cela donnera l’inspiration pour le nom d’un burger quelques dizaines années plus tard. Mais c’qu’on sait, c’est que la finition va devenir marque en 1938 avant de redevenir une finition en 1941. Oui, on se cherchait un peu à l’époque.
Les Ford DeLuxe proposaient un style légèrement revu par rapport aux Ford 38. Des détails qui allaient être adoptés sur la gamme Ford l’année suivante. En gros, les Ford DeLuxe avait une année d’avance sur les évolutions de la gamme Ford… surement pour ça que l’histoire n’allait durer que deux ans.
Sous le capot, on retrouve bien entendu des 8 cylindres. D’abord en ligne de 136 ci (2.2 l) pour 60 ch en 38, remplacé par des V8 à partir de 39. Un Flathead de 221 ci (3.6 l) de 60 ch qui, en 1940, passera à 85 ch avant d’être accompagné par un 239 ci (3.9 l) de 95 ch. Pas de quoi se pointer au départ d’un 400 m, même si pour l’époque, ça posait les jalons.
La Ford DeLuxe va marquer la culture populaire. C’est elle qu’on retrouve dans Grease où les T-Birds vont en faire leur Greased Lightnin’ (Ford DeLuxe Cab’ 48). On la croisera à nouveau en 84 dans Karate Kid alors que Mr Miyagi offre la sienne (Cab’ Super DeLuxe 47) à Daniel Larusso. Puis elle fait un come back remarqué en 85 (Cab’ DeLuxe 46) aux mains de Biff Tannen dans Retour vers le Futur. Les habitués de DLEDMV doivent se rappeler d’un Cab’ de 36 et d’un Woodie de 39 un peu spéciaux… ne manquait plus qu’un coupé. Eh bien ça tombe bien puisqu’il est temps d’en parler !
Un modèle 1940, le dernier millésime avant que la DeLuxe ne rejoigne finalement la gamme Ford. C’est en 2012 qu’elle a rejoint le speed shop de Customs by Kilkeary situé à McMurray en Pennsylvanie. 300000 Dollars plus tard, le coupé DeLuxe raflait tous les prix des concours où il se présentait, Goodguys Builders Choice, Street Rodder magazine award, National Street Rod Association Top 12… et aux States, ce genre de reconnaissance suffit largement pour faire rentrer un custom au panthéon de la discipline.
Pour être clair, il ne doit lui rester que la caisse qui est de 1940. Tout le reste a été changé, à commencer par le châssis TCI avec train avant à double triangulation et un pont arrière Ford Positraction de 9″, le tout maintenu par des lames TCI à l’arrière et des coilovers Ridetech à l’avant. La direction vient d’une Mustang II et le freinage signé Wilwood se cache derrière des jantes Schott en 18″ et 20″, enrobées de Pirelli P Zero.
A l’avant, sagement camouflé derrière la calandre en V, oubliez le Flathead anémique. Place à un Chevy LT1, le V8 350 ci (5.7 l) fort de 300 ch qui remuait les Corvette C4. Enfin ça c’était avant qu’il reçoive un allumage MSD Optispark, une admission et une ligne complète FlowMaster et un radiateur en aluminium Ron Davis Racing se charge de garder tout ce qui se trouve sous le capot au frais. Malgré tout, ça n’en fera pas un dragster prêt à bouffer du 400 m, mais pour cruiser, ça suffit largement.
Dehors, c’est sobre. Les chromes sont passés en satiné, les phares ont reçu des verres lisses et une robe noire brillant a été polie avec éclat miroir (en français dans le texte !). Pas grand chose, mais ça fait le taff. D’autant plus que dedans, c’est tout aussi sobre, mais le traitement a basculé dans le sur mesure, réalisé par Smith’s Custom Seats. Sièges électriques faits maison et tendus de cuir et d’alcantara, tout comme les panneaux de porte et le ciel de toit. Le tableau de bord couleur caisse est habillé de bois vernis. Derrière son look rétro, on retrouve des manos modernes, une clim Vintage Air, des garnitures en nickel brossé et un volant Billet Specialties. Pour la sono, c’est la V8 qui s’en charge.
D’origine, la coupé Ford DeLuxe proposait déjà des lignes originales. Alors pourquoi les gâcher ? En tout cas, c’est dans cet état d’esprit que l’équipe de Customs by Kilkeary a abordé ce projet. Pas de top chop, ni d’extensions inutiles, mais des choix judicieux pour sublimer le style et y apporter la p’tite touche en plus qui f’ra toute la différence. Comme quoi, plus c’est simple, plus c’est beau !