Ceci est une véritable Porsche 930 Turbo S de 89, l’une des 10 proposées par Sonauto, l’importateur français de la marque à l’époque. Si ce n’est qu’au delà de ses quelques modifs qui l’ont rendue aussi rare qu’attirante, cette 930 Turbo S est passée par la case Ruf avant d’aller rejoindre le garage de son heureux propriétaire. Une voiture unique ? Oui, on peut le dire…

Seulement 500 et puis…

Lors de sa présentation en 74, la Porsche 930 Turbo ne devait être qu’une simple série limitée à 500 exemplaires à des fins d’homologation. Porsche y croyait, mais sans plus. Les chiffres de ventes montreront que la sportive allemande pouvait encore en remontrer, d’autant plus en pleine crise pétrolière. Il n’en faudra pas plus pour que l’état major de Porsche revoit ses plans et finisse par l’intégrer à la gamme. Commercialisée avec un Flat 6 de 3.0 l pour 260 ch dès 1975. Deux ans plus tard, elle embarque un gros échangeur intégré dans son aileron, une cylindrée strockée à 3.3 l, une wastegate, mais surtout 300 ch aux roues arrière. La Turbo va devenir l’une des références des sportives et ça va faire 50 ans que ça dure.

Made in France

En 89, la Porsche 911 s’apprête à passer en mode 964. En attendant, la 930 Turbo peut enfin compter sur une boite 5 juste avant de tirer sa révérence. Et justement pour marquer le coup, Sonauto qui est alors l’importateur de Porsche pour la France, va demander à Porsche l’autorisation de proposer une série ultra limitée, la 930 Turbo S. Après quelques négociations, la marque finit par accepter. Oui, la première Turbo S de l’histoire a vu le jour dans l’hexagone !

Bouquet final

Sonauto va annoncer la nouvelle à son réseau de concessonnaires : « Cher concessionnaire,
Afin de marquer solennellement la fin de ce modèle légendaire et à l’initiative de Sonauto, l’usine a proposé de produire une dernière série spéciale de dix 911 Turbo Coupé. Dix – et pas plus ! ». Les règles sont claires. D’autant plus que chez Porsche, on ne fera pas semblant !

Un S qui change pas mal de choses…

10 Porsche 930 Turbo vont être sorties des lignes. Le Flat 6 de 3.3 l va recevoir le kit WLS afin de porter sa puissance à 330 ch. En fait, cette modification était disponible non pas en option, mais sur demande des clients sélectionnés mis dans la confidence qui, en échange d’un gros chèque, voyaient leur 930 confiée au département Exclusiv du constructeur, celui là même qui se chargeait de la passer en Flat Nose. Il expire via deux double sorties de chaque coté du pare-choc arrière. Un radiateur d’huile est monté à l’avant dans un parechoc spécifique équipé de deux antibrouillards jaunes. Les amortisseurs sont maintenant signés Bilstein et accompagnés de ressorts qui rabaissent la caisse de 38 mm à l’avant et 27 mm à l’arrière où les voies ont été élargies de 35 mm. Bien entendu elle est chaussée en Fuchs de 16″.

Une grenouille noire à prix d’or

Ainsi armées, les 10 grenouilles noires (elles le seront toutes) sous hormones peuvent passer la barre des 100 km/h en moins de 5 secondes avant de filer à 280, le tout, confortablement installé dans des baquets électriques en cuir noir, gris et blanc empruntés à la 959. Elle reçoit également une sono CD Pioneer, une instrumentation plus , un ouvrant et une plaque numérotée de 1 à 10 posée sur une console centrale spécifique à ce modèle. C’était quand même le minimum syndical pour une voiture vendue 870000 Frs (l’équivalent de 230000 € aujourd’hui !)… soit presque le double du prix d’une 930 Turbo. D’ailleurs sur les 10 voitures, 2 trouveront preneurs en France alors que les 8 autres seront achetées par des allemands !

Signée Ruf

Eh bien sur ces 10 Porsche 930 Turbo S, il y en a une encore plus exclusive que les autres. C’est bien sûr celle qui défile sous vos yeux qui, à peine livrée à l’un des dirigeants de Toyota Europe, a été transférée à Pfaffenhausen chez les sorciers de Ruf. Elle y a reçu des disques de frein percés, un boost controler, un volant et un tachymètre. Du côté du Flat 6, l’injection a été revue et une nouvelle ligne d’échappement se chargeait de le faire chanter plus haut et plus fort. Et basta !

F**k the purist !

Au final, une Porsche 930 Turbo S c’est déjà une pépite en soi. Y rajouter une p’tite cure de Ruf, ça peut foutre la chtouille aux puristes, mais dites vous qu’en 89, le gars l’a surement achetée avant tout pour se faire plaisir et en profiter… la spéculation n’était pas encore une phénomène de mode et, il ne devait probablement même pas imaginer qu’un jour, sa grenouille turbalisée pourrait couter plus de 500000 €… car c’est à peu près ce qu’elle vaut aujourd’hui !

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