La Lincoln Continental, c’était le déplaçoir de tout l’gratin américain. Des stars d’Hollywood, aux riches industriels en passant par les présidents. Elle restera longtemps l’une des références mais aussi et surtout, cette dans laquelle un certain JFK ira s’aérer le cerveau ! Forcément, ça va un peu flinguer sa carrière avant qu’elle ne devienne une base de choix pour du custom premium…
D’Edsel à Snoop Dogg en passant par JFK… ça pourrait être le titre d’un livre qui raconterai l’histoire de la Lincoln Continental. Il faut savoir qu’elle a vu le jour sur la demande d’Edsel Ford, le fils unique d’Henry Ford et futur fondateur de Mercury. En 1938, alors qu’il est président de Ford, et donc de Lincoln, il est allé voir Eugene T. « Bob » Gregorie, le styliste en chef de la marque, afin d’y demander d’imaginer une voiture classe qu’il ferait réaliser sur mesure dans le but de partir en vacances en mars 1939. C’est donc une Lincoln Zephyr qui allait servir de base pendant que Gregorie pondait le dessin d’une nouvelle ligne en moins d’une heure. Quel talent !
Il traça les lignes d’un élégant cabriolet aux dimensions impressionnantes et mue par le V12 maison. En gros, c’était une caisse longue et basse, avec un long capot, des ailes proéminentes mais un petit coffre qui recevait une roue de secours carénée. En mars 39, comme convenu, le prototype de celle qui allait devenir la Continental se retrouvait livré en Floride afin de que Mr Ford Junior puisse en profiter pendant ses vacances.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là… au volant de son proto Lincoln Continental, Edsel devient rapidement le king du parking et rend ses amis fous de jalousie. Edsel estime que Lincoln pourrait en écouler rapidement 1000 exemplaires. Il envoie un texto… enfin un télégramme chez Lincoln et demande à ce que la nouvelle Continental soit aussitôt mise en production. Le cab et quelques coupés sortent alors des lignes, ou du moins d’un atelier spécial puisqu’ils seront exclusivement assemblés à la main. 24 voitures en 1939 suivies de 400 autres en 1940. En fait, la prod’ sera automatisée à partir de 41, ce sera le temps de faire faire les presses nécessaires pour emboutir les panneaux de tôle.
Vous l’aurez compris, la Continental est née sur un concours de circonstance… ou pas. Beaucoup pensèrent que finalement cette naissance n’était que le fruit du génie visionnaire d’Edsel et se dirent qu’en fait, il avait tout anticipé. Le proto, ses vacances en Floride… tout avait été imaginé pour confirmer et lancer ce nouveau modèle. Malheureusement, Edsel Ford trouva la mort en 43 à l’âge de 49 ans victime d’un cancer de l’estomac.
La Lincoln Continental va vite devenir la référence de l’élite américaine. Les générations vont se succéder, berline, coupé et cab’, et comme souvent de l’autre côté de l’Atlantique, à chaque année son lot de modifis, d’équipements, d’options, de V8… les millésimes s’enchainent et ne se ressemblent pas. Quand la troisième génération pointe le bout de sa calandre en 58, elle s’affiche sur 6 m de long et plus de 2 m de large pour un poids de 2,4 tonnes qu’essaye de remuer un V8 de 7.0 l de 375 ch… c’est Menu XXL chez Lincoln. La grosse américaine a posé son statut social, Elvis, Sinatra, Liz Taylor… se trainent sur Hollywood Boulevard en Continental. Du chrome, du luxe, du cuir et un gabarit à rendre jaloux un porte avion.
Si ce n’est qu’au début des 80’s, où l’arrivée des berlines premium anglaises et allemandes et le manque de renouveau à Détroit allaient ringardiser les grosses berlines chromées américaines. Il faudra attendre l’essor du hip hop dans les 90’s pour les voir revenir dans les clips de Public Enemy, 50 Cents, Beastie Boys, Snoop Dogg, Kod Rock ou encore 2 Chainz. Si ce n’est qu’entre temps, elles se sont retrouvées pimpées, restomodées, passées en mode low rider et parfois même en pro street !
C’est c’qui est arrivé à ce coupé Continental de 1960, l’un des 1461 Mark V produits cette année là. Après une première vie passée sous le soleil californien, elle a été exportée au pays des kangourous. C’est là bas qu’elle est devenue Hot Pink, robe rose, toit gris satiné et des touches plaquées or sur la calandre, le contour de toit, le panneau arrière ou les trois barrettes latérales… de quoi rendre jaloux Mister T !
Posée sur des airbags Accuair, ses ailes sont maintenant remplies par des jantes tôles Detroit Steel Wheels en 20″, reprenant la teinte de la caisse avec un enjoliveur central chromé. Sous l’capot, le V8 de 430 ci a gardé sa place. Il a juste été refait à neuf et… maquillé ! Dans l’habitacle, c’est 70’s show ! Pas de revival ou de gadgets électroniques. Seulement le dessus du tableau de bord dorée, et des banquettes maintenant recouvertes d’un plaid zébré.
Vous n’êtes pas devant la Lincoln Continental la plus rapide ou la plus efficace qu’il soit. Par contre pour se faire remarquer, difficile de faire mieux ! Ou pire, c’est vous qui voyez. En attendant, la Continental elle est née pour en imposer, pour se faire remarquer et affirmer son statut social. Donc pour tout ça, autant dire que la Hot Pink est parfaite. Pour le reste ce n’est qu’une simple question de gouts !
