Mettre des watts sous l’capot d’une caisse c’est bien. Les faire passer au sol c’est mieux ! C’est c’que beaucoup ont découvert avec l’arrivée du turbo. Ah ça marchait, mais fallait autant de folie que de talent pour oser se lancer dans un time attack. Mais, une fois revues et corrigées, certaines dévoilaient un potentiel inestimé, comme cette Fiat Uno Turbo ie, passée en Gr.A par Abarth…

Vraie sportive…

Une vraie sportive, c’est d’abord des perfs, ensuite des sensations et enfin de l’efficacité. Chez certains constructeurs, dans les 80’s et 90’s, on se contentait seulement des deux premiers. On collait des watts sous le capot, ce qui avait pour effet de booster les perfs tout en décuplant les sensations… mais niveau efficacité, on misait sur le talent du pilote pour faire la différence. C’est un peu c’qu’on a fait à Turin quand on a donné naissance à la Fiat Uno Turbo ie.

…mais sans train avant !

Ah ça pour avoir du tempérament, elle en avait la p’tite italienne. Elle en débordait même… surtout son train avant. Une fois le mode attaque enclenché, on comprenait vite ce que c’était que de vouloir passer 105 ch et 147 Nm de couple sur un train avant qui se contentait de roues en 13″ enrobées de boudins en 175/60. Quand le turbo passait en ON, la bestiole avait alors la mauvaise habitude de tirer tout droit ! Autant vous dire qu’il valait mieux savoir doser et comprendre toutes les subtilités du transfert de masses.

Quelques modifs plus tard…

Malgré cela, la Fiat Uno Turbo ie ne rechignait pas à être rectifiée ! De nouvelles suspensions, un réglage aux p’tits oignons, des jantes en 15″ avec de bonnes gommes et l’italienne se montrait enfin à la hauteur de la fougue de son bouillant 4 cylindres 1,3 l turbo.

Abarth

Pour ceux qui en doutaient, Fiat ira jusqu’à confier sa petite sportive à Abarth qui était devenu le département officiel qui se chargeait de coursifier les italiennes. Les ingénieurs allaient alors passer la Uno Turbo ie en mode Gr.A. On se débarrasse de l’inutile et on se contente de garder l’essentiel et d’y coller un arceau, deux baquets Sparco en fibre, un pédalier alu, un volant tulipé ou encore quelques manos.

Couleurs de guerre

Dehors, la Fiat Uno reste Fiat Uno. Pas de muscles exacerbés ou d’aileron proéminent. La p’tite se contente de gardes-boue, d’une trappe à essence spécifique pour alimenter le réservoir qui a migré dans le coffre, et d’une rampe de phares. Bien entendu, elle arbore ses couleurs de guerre, ici celles de Totip et du Jolly Club, le team semi officiel qui se chargeait d’engager les Uno Turbo ie en Gr.A.

160 ch pour 885 kg

Dessous, tout a été renforcé ou revu. Suspensions réglables, silent blocks polyuréthane, gros freins, jantes Speedline Montecarlo en 15″… la teigne a perdu ses mauvaises habitudes pour se mettre à mordre l’asphalte. D’autant plus que le 4 cylindres 1.3 l a vu son escargot IHI monter en pression pour lui tirer 160 ch et 21,5 mkg de couple. Ils filent aux roues avant via une boite 5 manu Abarth non synchronisée associée à un DGL ZF. Avec son régime sec, la Fiat Uno Turbo ie affiche maintenant 885 kg.

Podium au Portugal 86

Trois voitures vont être assemblées et engagées au championnat du Monde 86. Elles feront leur baptême du feu au Monte Carlo qui va se solder par trois abandons. Elles feront l’impasse sur la Suède pour revenir au Portugal où Giovanni del Zoppo va réussir à la mener à une exceptionnelle 3ème place au général. Bon, on s’enflamme pas, ce sera son seul coup d’éclat… mais ça suffira pour montrer que le potentiel est bien là.

Retour aux sources

Après deux saisons les Fiat Uno Gr.A vont être revendues à des teams ou pilotes privés histoire de courir dans quelques championnats nationaux sous d’autres couleurs. Celle qui vous taquine la rétine a pris sa retraite en 95. Elle disparait des écrans radars avant de faire un come back en 2020. Son dernier proprio a jugé sympathique de la remettre aux célèbres couleurs rouge et verte qu’elle portait en 86… quelle bonne idée !

© Daniele Turrisi Classic and Sports Cars