Quand on dit Mercedes 300 SEL 6.3 AMG, on pense aussitôt à Red Pig, le paquebot rouge qui est allé remporter les 24h de Spa en 71 (avec un V8 porté à 6.8 l). Mais voilà, en 1981, un amateur fortuné a eu la bonne idée de confier sa berline au préparateur d’Affalterbach afin qu’il se penche sur son cas. Aujourd’hui, elle pose ses roues sur DLEDMV…
A la fin des années 60’s, quand t’étais en place, tu roulais en Mercedes 300 SEL 6.3 l. Star de la musique ou du cinéma, chef d’entreprise, dictateur ou parrain, tous se déplaçaient avec l’étoile au bout du capot et le V8 en dessous. D’autant plus que la 300 SEL est née d’un ingénieur qui a eu l’idée un peu folle de greffer le V8 de la grosse et majestueuse 600 sous l’capot d’un coupé 250 SE. Une idée qui allait finir par séduire Rudolph Uhlenhaut pour devenir 300 SEL… mais bon, tout ça j’vous l’ai déjà raconté.
C’est aussi avec elle qu’une Mercedes allait, officieusement, reposer ses roues sur un circuit. Depuis le tragique accident de Pierre Levegh aux 24h du Mans 55, la marque à l’étoile avait quitté le sport auto. Si ce n’est qu’elle n’hésitait pas à aider certains préparateurs ou équipes privées, comme AMG. C’est comme cela que la 300 SEL 6.3 allait devenir Red Pig et s’aligner au départ des 6h de Macao avant de remporter sa catégorie aux 24h de Spa Francorchamps en 71. Pour ce faire, son V8 avait été porté à 6,8 l… de quoi énerver ses concurrents mais aussi la FIA qui allait alors limiter la cylindrée des voitures à 5.0 l !
Du côté d’AMG, alors indépendant et tout aussi spécialisé dans la prépa de caisses de course que de tuning, on proposait de quoi modifier à la carte quasiment toutes les voitures du catalogue Mercedes. Comme d’hab, sans de véritables limites, à part le budget que le proprio voulait bien y mettre.
Impossible de vous dire combien de 300 SEL 6.3 sont passées sous leurs mains expertes. En tout cas, celle que j’vous ai trouvée, c’est en 81 qu’elle a eu droit à son stage à Affalterbach. Et son proprio de l’époque a cassé sa tirelire pour offrir à sa berline un dévergondage première classe.
Au programme, le V8 a pris du volume. Il voit également débarquer des pistons Mahle, des culasses retravaillées, polies et équipées de nouveaux arbres à cames plus pointus, une ligne libérée, ainsi qu’un allumage et une injection revus. Ce sont maintenant 320 ch qui filent aux roues arrière via la boitoto 4 rapports. La suspension pneumatique d’origine est paramétrée pour être plus basse et un chouill’ plus dure.
Physiquement la grosse berline en impose. La flèche d’argent reçoit un pare-choc avant qui dénature sa ligne et son âge… mais bon, c’est l’gars qui paye qui décide ! Tout les chromes sont passés au noir satiné, de la calandre aux deux moustaches qui font office de pare-choc arrière en passant par les entourages de vitres, les poignées de portes et les prises ouïes d’aération derrière les roues avant. Un aileron a poussé sur le coffre et les rétros ont déménagés 30 cm vers l’avant en prenant la forme d’obus. Les ailes sont maintenant remplies par des AMG Penta en 8 x 16″ chaussées de Goodyear Eagle Sport en 225/50 aux quatre coins.
Dans l’habitacle, on tombe d’abord en arrêt sur les deux baquets Recaro Classic C avec coussins gonflables et tendus de velours bleu. C’est d’ailleurs cette teinte qui domine, de la moquette au tableau de bord tout comme les contre portes et le ciel de toit. Le volant 4 branches en cuir est estampillé silberpfeil (flèche d’argent en allemand). Une clim a été rajoutée, empruntée à un roadster 280 SL. Pour ceux qui demandent c’est quoi ce truc sous le tableau de bord, sachez qu’il s’agit d’un détecteur de radar. Tout le reste est d’origine, même l’autoradio Beker Europa.
Cette Mercedes 300 SEL 6.3 AMG est une sale bestiole. Même si elle affiche 1T800 sur la balance, elle avait de quoi devenir la reine de la file gauche sur l’autobahn, capable même d’aller en remontrer à des sportives plus frêles. Un coup de gaz et on les voyait s’éloigner dans le rétro et enchainer un Paris Nice le coude à la portière. Sur une route sinueuse, c’était une autre histoire. Mais s’il vous plait, enlevez moi ce put*** de pare-choc !
© TobinMotorWorks via BaT
Magnifique le velours bleu de l’intérieur, du pur jus de Schtroumpfs. Le pare choc avant ne me choque pas plus que ça, quand on sait que l’on est au USA, pays pas franchement réputé pour son bon gout…