’67 Lancia Flavia SS Zagato – Du salon au garage du patron…
par Thierry Houzé | 5 février 2025 | Street |
Il fut un temps où les bureaux de design n’hésitaient pas à donner vie à leurs créations. Plutôt que d’en faire une maquette en résine, ils prenaient une voiture d’un constructeur histoire de construire leur concept dans le but d’aller séduire ce même constructeur afin de passer du salon à la production. C’est comme cela que la Lancia Flavia SS Zagato va voir le jour et devenir la voiture perso de M’sieur Zagato !
Lancia, un come back raté ?!
Pour une fois, je ne vais pas commencer en vous disant que peuchère, Lancia a disparu, c’qu’elle était, c’qu’elle est devenue… Non ! Car Lancia a fait son come back l’année dernière. Vous n’étiez pas au courant ? Ah ben ça alors ! Pourtant, la troisième génération d’Ypsilon est proposée à la vente depuis avril. Ce clone de la Peugeot 208 et de l’Opel Corsa s’offre un positionnement un peu plus premium et un prix en rapport. Résultat, 121 Lancia Ypsilon ont été vendues en France sur l’année 2024… et encore, dans le lot, la marque aurait immatriculé 70 voitures pour les essais presse, les salons ou les fournir à ses cadres… ça fait 51 Ypsilon qui auraient officiellement trouvées preneurs… Sur la même période, Ferrari a vendu autant de Purosangue à presque 400000 €. Tu parles d’un come back ! C’est peut être pour ça que vous ne le saviez pas.
Lancia Flavia…
Quoiqu’il en soit, en 1960 chez Lancia, ça allait un peu mieux (un peu… parce que Lancia et les problèmes financiers, c’est une tradition ! Un peu comme Honda et la fiabilité ou Citroen et les retraités…). Il n’empêche qu’à l’époque, Lancia savait se distinguer en sport auto et avec une technologie avant gardiste. La marque venait de dévoiler sa nouvelle Flavia, une berline séduisante et innovante. Traction avant, moteur 4 cylindres à plat fixé à la carrosserie via des silent blocks, 4 freins à disques, grandes surfaces vitrées, habitacle spacieux et raffiné… bref, Antonio Fessia, l’ingénieur en charge du projet, avait tout donné pour donner vie à l’image qu’il se faisait du premium à l’italienne.
Pininfarina, Vignale puis Zagato
Deux ans plus tard, la famille Flavia allait s’agrandir avec l’arrivée d’un coupé signé Pininfarina et d’un cabriolet dessiné par Vignale. L’année suivante, c’est l’original et tout en alu coupé Sport Zagato signé par le jeune Ercole Spada qui venait compléter la gamme et fêter l’arrivée du Boxer 4 d’1.8 l pour 92 ch. A partir de là, la Flavia va doucement évoluer notamment avec une version qui verra son 4 cylindres gavé par une injection mécanique en lieu et place des carbus.
Flavia SS Zagato
En 67, Lancia lui offre un restylage et décide d’arrêter la Sport Zagato qui s’est écoulée à seulement 670 exemplaires en 4 ans. Mais Zagato ne jète pas l’éponge pour autant et propose la SS (Super Sport). Ercole Spada s’est remis à la planche à dessin pour tracer les lignes du coupé Flavia SS Zagato qui défile sous vos yeux. Au delà d’un dessin, Zagato présente une voiture finie et roulante au salon de Turin 67. Son châssis et ses trains roulants ont même été renforcés et prévus pour une usage sportif. Le public est conquis, la presse aussi. Le style est audacieux, futuriste mais minimaliste. Ercole ne s’est pas encombré de fioritures et s’est contenté de miser sur quelques détails comme la barrette alu qui coure du montant de pare brise à celui de la custode arrière, les pare choc intégrés qui ne « débordent pas », les jantes « turbine » ou encore le gros logo Flavia sur les ailes arrière. C’est sobre, racé et plutôt réussi.
Un coup pour rien
Sous le capot dont l’ouverture de fait sur le côté, le 1.8 l à plat s’affiche dans sa dernière évolution forte de 102 ch. Mais la voiture arrive trop tard… chez Lancia les caisses sont presque vides avec le rachat imminent par Fiat, il va falloir retrouver un équilibre au risque de perdre son indépendance. Cela n’empêchera pas Zagato de présenter en 68, toujours au salon de Turin, une deuxième Flavia SS Zagato jaune, légèrement revue et motorisée par la dernière évolution mécanique, le Boxer 4 de 2.0 l. Mais rien n’y fera. La proposition en restera là et les deux Lancia Flavia SS Zagato tomberont dans l’oubli…
Au moins elle aura fait un heureux…
Enfin pas pour tout le monde. Impressionné et tombé sous le charme de la voiture, Elio Zagato va la récupérer pour en faire son daily jusqu’au milieu des 70’s avant de la vendre à un collectionneur suisse.
