Jaguar XJS Group 44 Trans Am – Prête au combat !
par Julien Vidal | 23 juin 2020 | Racing |
Lorsque British Leyland tire à la courte paille pour fournir une Jaguar XJS à une écurie de course et en faire une arme de guerre, c’est le légendaire Bob Tullius et Group 44 qui se retrouvent avec le petit bout. Enfin, façon de parler…
L’histoire a déjà prouvé maintes fois par le passé que les légendes étaient irremplaçables, et malheureusement pour Jag’, la XJS a eu la lourde tâche de succéder à la Type E. Et malgré une énorme attente des clients, il paraissait presque évident que tout ce qui viendrait après ce monument automobile ferait un bide. La conjugaison d’un V12 5.3L à une crise pétrolière retentissante, un climat peu propice à ce type de carrosserie et une hausse de tarif significative a fait que les ventes de ce coupé n’ont jamais vraiment décollé. Pire, il était critiqué de toutes parts quant à son design et même sa finition. Shocking pour la marque de Coventry !
Souffrant donc d’un déficit d’image sportive, Jaguar tenta de renverser la vapeur en 1976. Michael Dale, alors vice-président des ventes de la marque Anglaise, se demanda comment redorer le blason du vilain petit canard. Fastoche, respecter le vieil adage “les voitures qui gagnent le dimanche se vendent le lundi”. Il faut lui faire gagner des courses ! Et pourquoi pas aux Etats-Unis vu que c’était le marché numéro 1 pour le modèle. Cela revenait à faire rentrer la reine d’Angleterre sur un ring de boxe, mais peu importe. Il décrocha son téléphone rouge, celui réservé aux crises majeures, et passa un coup de fil à un pilote très connu pour son palmarès sur voitures Anglaises. Bob Tullius.
Cet Américain, aujourd’hui intronisé au Hall of Fame, compte déjà treize victoires en course et deux titres nationaux en championnat SCCA au volant de Triumph TR3 et Jaguar Type-E lorsque qu’il entreprit de faire courir la belle Anglaise. Son écurie Group 44 est connue est reconnue dans les championnats comme une entreprise sérieuse, passionnée et entièrement dédiée à la gagne. C’est donc avec enthousiasme que Tullius accepta l’offre de Dale. Il participa à trois courses en 1976 avec une auto fournie par Jaguar, histoire de se faire la main, puis engagea définitivement la XJS en Trans-Am pour la saison 1977.
Et contre toute attente, Tullius tint la dragée haute aux Porsche, Corvette, et tous ceux qui se mettaient sur son passage. L’Américain remporta 6 des 11 courses du championnat et fut sacré champion pilotes, et passa seulement à deux petits points du titre constructeur, ravi cette année par Porsche. Devant un tel succès, Tullius et Jaguar allaient accentuer leur collaboration pour 1978, et mirent au point une nouvelle monture.
Le chauvinisme Américain étant ce qu’il est (exacerbé, sans complexe et un brin dégueulasse parfois…), les organisateurs de la Trans-Am ne voyaient pas d’un bon œil que des voitures européennes viennent rafler les victoires aux Corvettes. c’est pourquoi le règlement fut modifié drastiquement cette même année pour littéralement faire gagner les Chevrolet.
Mais c’était sans compter sur Group 44 et sa nouvelle XJS ! La routière bourgeoise fut envoyée en thalasso prendre des bains d’acide afin de réduire son poids. Puis la carrosserie fut posée sur un châssis tubulaire comprenant un réservoir à carburant de 32 gallons (environ 121 litres) et surtout le V12 5.3L monté de 6 carburateurs Weber, préparé jusqu’à la moelle pour en tirer environ 500 chevaux. Résultat : Les Corvettes sont allées jouer aux billes pendant que Jag’ et Tullius emportèrent 7 victoires consécutives sur 10 courses, puis le titre pilote, et aussi le titre constructeur !
A la fin de cette année 1978, la XJS lightweight que vous avez sous les yeux prit une retraite pas méritée du tout. Nul ne sait si ces victoires ont joué sur les chiffres de vente globaux de la Jaguar XJS de route, mais elle gagna au moins un succès d’estime. Le pilote décida de la remiser pendant 30 ans jusqu’à ce qu’elle commence une vie de véhicule de collection, passant de vente aux enchères en collections privées, de restaurations en courses de véhicules anciens, toujours sous les couleurs de l’écurie qui l’a vue gagner. Mais malgré cela, l’âme de cette voiture est encore intact, car elle reste à ce jour, l’une des Jaguar de course les plus performantes de l’histoire.
Photos : Ryan Merrill ©2020 Courtesy of RM Sotheby’s
Merci pour cet article, mais j’avoue lui préférer la XJ Broadspeed que l’on a vu entre les mains de John Steed dans les New Avengers et que vous avez déjà présentée: https://delessencedansmesveines.com/2016/09/jaguar-xj12-broadspeed-gros-chat/
Mythique