Ferrari 500 Superfast… Chez DLEDMV, on aime aussi la poésie !
par Thierry Houzé | 15 mai 2020 | Street |
Si Enzo Ferrari n’était ni un spécialiste de la communication, ni un expert de la vente et qu’il imaginait toutes ses voitures avec le même esprit de compétition, il savait quand même c’qu’il faisait et comment il fallait le faire ! Quand il a voulu vendre des voitures aux USA, il s’est pas posé 10.000 questions… Et pour leur montrer de quoi il était capable, il a fait la Ferrari 500 Superfast !
Pour Enzo Ferrari, seule la course auto compte… et surtout la victoire. Du coup, quand il sort sa première voiture en 1947, il n’a pour seule envie de développer et éventuellement vendre des voitures exclusivement destinées à la compétition auto. Surtout que le Commendatore sait y faire car ses voitures sont de suite aux avant postes et ramènent de nombreuses victoires. Sauf que la course auto ça coute cher, et pour financer tout ça, les primes de course et les quelques ventes ne suffisent pas. Il faut absolument développer et commercialiser des voitures de route, d’autant plus que la marque se fait rapidement une image sportive grâce à ses nombreuses victoires.
En 49, les 24h du Mans font leur grand retour après quelques années d’interruption. Pour sa première participation, avec sa propre marque, Enzo rafle la victoire. Derrière le volant, Lord Selsdon et surtout, Luigi Chinetti. Un pilote d’origine italienne, émigré et naturalisé américain, mais aussi accessoirement, propriétaire de plusieurs garage aux USA où il est importateur officiel pour Alfa Romeo et Talbot. Il propose alors à Ferrari de développer des modèles routiers pour les USA qu’il se chargera de commercialiser.
Ainsi, en 1951, on voit débarquer les modèles America et Superamerica, des voitures qu’Enzo a su adapter au marché américain. Assemblées sur commande, elles recevaient les plus gros V12 (allant de 4.0l à 5.0l), des carrosseries spécifiquement étudiées et une attention toute particulière était apportée au traitement des habitacles. Les clients choisissaient leur dessins qui pouvaient alors être signés Pininfarina, Ghia, Scaglietti, Brovarone ou encore Boano.
Les modèles allaient se succéder pour proposer des réalisations sur mesure qui allaient s’écouler au maximum, à quelques dizaines d’exemplaires. Pas de quoi rivaliser avec les autres, mais ça suffisait pour remplir les caisses et permettre à Enzo de continuer d’aligner ses voitures sur les circuits.
La 500 Superfast a été présentée au salon de Genève en 1964. A la base elle devait s’appeler Superamerica, mais l’étude style de Pininfarina, à l’origine du dessin, était codé Superfast. Ca a tellement plu à Enzo qu’il adopta ce nom. Elle signe la fin de ces modèles spécifiques, destinés à aller de l’autre côté de l’Atlantique. Directement dérivée de la 400 Superamerica, elle reçoit le tout nouveau V12 de 5.0l fruit de l’association de Lampredi et de Colombo. Gavé par 3 carbus Weber 40 DCZ/6, il développe 400 ch à 6500 trs, le tout dans une délicieuse symphonie mécanique. Cette magnifique GT est alors capable d’accrocher les 280 km/h en vmax… au milieu des 60’s, c’était une sacrée prouesse !
La ligne est donc signée Pininfarina, nul doute qu’il s’inspirera d’elle quelques années plus tard pour tracer les 330 GTC et 365 GT 2+2. Le dessin est fluide, élancé, sportif sans avoir oublié d’être séduisant et racé. On ne se rend pas trop compte de son gabarit en photo. Mais avec 4m82 sur 1m73 mais surtout, 1m24 de haut, c’est une peu comme si un coupé Peugeot 407 avait été choppé de 20cm ! Du grand Pininfarina. Et ça continue dans l’habitacle, tendu de cuir, de bois et de chrome. Simple, propre, class, toujours aussi irrésistible, surtout avec cette association bleu métal « Blu Chiaro » et cuir bordeaux.
Sur les 36 voitures produites, il en reste aujourd’hui 34. Même si elles font partie de ces Ferrari qui ont mis du temps à sortir de l’anonymat, elles ne sont devenues l’objet de spéculations délirantes comme certaines Ferrari des années 50 et 60. Enfin, tout est relatif… A plus de 3 millions le morceau, c’est pas non plus la Dacia de la famille ! Il faut juste se dire qu’il y a moins de 15 ans, elles s’échangeaient pour années, 10 fois moins cher…!