Parfois, il y a des voitures tellement belles avec une histoire si improbable que ça vous donne prequ’envie de chialer (sniiffff). Excusez moi je suis un grand sensible mais quand Bentley décide de reconstruire un modèle disparu ça ne donne pas une voiture, non, ça donne une oeuvre d’art ni plus ni moins.
Souvent, sur DLEDMV, on vous présente des voitures tellement pompelup qu’elles sentent bon les effluves de sans plomb et de pneus.
Mais ce n’est pas parce qu’on aime la puissance brute et les traces de pneus que nous ne sommes pas sensibles à la beauté d’une belle carrosserie d’avant guerre (la deuxième les gars, la deuxième) qui plus est une Bentley. Les english sont pleins de paradoxes (hormis le fait qu’ils roulent du mauvais côté) mais ils ne rigolent pas avec le passé et l’histoire.
Depuis quelques années, les constructeurs de voitures de luxe ont bien compris le fric qu’ils pouvaient se faire en regardant dans le rétro. Ferrari s’y colle avec son Ferrari Classiche, Lamborghini a créé le Polo Storico, Range Rover Reborn, Fiat avec son FCA Heritage et celui qui nous intéresse, le département Mulliner pour Bentley (avant d’être le département historique de Bentley Henry Jervis Mulliner était un carrossier basé à Londres à partir de 1900).
Dans les années 30, Bentley se tirait la bourre avec Rolls Royce. Avec la Corniche, la marque britannique devait sortir une version plus performante de la berline MkV. Fun fact, c’est un français, Georges Paulin, qui l’a dessinée (dans les dents les rosbeef !).
Si la reconstruction de ce monument automobile a demandé 7 ans, le développement à l’époque n’a pas été de tout repos. On pourrait même dire que cette voiture a la poisse en fait. Ayant été finie en mai 1939, elle fait des essais à Brooklands avant d’être envoyée en France pour des tests routiers et est défoncée deux fois (une fois par un bus et l’autre en percutant un arbre). Bon là on se dit que les anglais ne doivent pas trop comprendre qu’il faut conduire à droite en France bordel.
Du coup, chez Bentley, ils en ont gros sur la patate. Le châssis est renvoyé à Crewe pour réparation quand la carrosserie est retapée par un carrossier local et est envoyée à Dieppe.
Pour les plus vifs d’entre vous qui suivent la chronologie, ils auront fait le lien avec le fait qu’un petit moustachu a foutu le zbeul en Europe de l’Ouest à partir de septembre 39. Pour continuer avec la poisse, la voiture est détruite après un bombardement sur la ville.
Back to the future, en 2001, des bénévoles de la WO Bentley Memorial Foundation se disent que ça pourrait être cool de la reconstruire. En 2008, Bentley les soutient et finalement ils reprennent le projet. Même pour la reconstruction c’est pas de tout repos.
On a donc sous les yeux la renaissance d’un modèle exceptionnel. On voit le vrai travail de carrosserie, on est loin des modèles standardisées de maintenant, c’est beau, c’est fluide, c’est unique.
Non mais regardez moi ces détails. On a ces superbes ailes fuselées tout en rondeur. Et ce 3ème phare au centre. Il y a même les portes arrières antagonistes.
Le coffre, assez proéminent, cache le nécessaire à changer une roue (avant les runflat pour les plus jeunes ici).
Et pour finir la voiture est peinte dans un rouge grenat bordeaux (bref vous avez saisi).
Bien sûr, dans ces années-là, avoir une Bentley c’était accéder à du luxe et en terme de luxe on est plutôt bien servi. L’intérieur est en full cuir de la même couleur que la carrosserie ainsi que la moquette. Le tableau de bord est en ronce de bois en plastique comme dans les authentiques Peugeot. Cette voiture c’est Audrey Hepburn, c’est la meuf belle, classe, qui le sait, mais qui ne se la pète pas et ça on aime.