Quand le boss m’a proposé un papier sur une Delta, j’ai accepté direct. Vu mon âge canonique, Lancia et l’épopée Martini Racing c’est un peu une madeleine de Prost pour moi (c’est comme celle de Proust, mais saveur sans-plomb !). Sauf que là… Point de sans-plomb à l’horizon ! Cette belle italienne restomodée se branche sur secteur : alors, sacrilège ou coup de génie ?
J’avoue qu’au moment d’écrire, je suis un peu emmerdé. D’un coté je la trouve vraiment superbe, de l’autre l’électrique c’est pas ma tasse de thé ! J’ai beau être ouvert d’esprit, question bagnole j’assume mon coté réac. L’automobile passion se ressent avec la vue, l’ouïe et l’odorat : powered by EDF, ce sont 2 sens sur 3 qui restent en berne.
Mais dans le cas présent, la vue est salement sollicitée : on a les rétines au rupteur ! Bien sûr, la Delta est déjà magnifique d’origine avec ses lignes bodybuildées taillées à la serpe par Giugiaro. Mais là, le traitement restomod concocté par GCK Exclusiv-e la sublime complètement ! Dans sa teinte grise mate qui fait superbement ressortir sa musculature, elle en impose un max.
Si sa ligne intemporelle a été préservée, l’accastillage est remis au goût du jour. Les pare-chocs redessinés adoptent un look plus lisse et de subtiles touches de carbone réhaussent le tout. Lame, becquet, prises d’air, écopes, diffuseur… Niveau look cette Delta est une franche réussite. Tout juste peut-on regretter l’absence d’un méchant silencieux titane qui mettrait en valeur le diffuseur précédemment cité.
Un sans-faute esthétique alors ? Presque… Je pinaille, mais pourquoi avoir choisi des jantes au design d’origine ? Avec les divers accessoires redessinés et surtout la transplantation cardiaque qu’a subi la bête, les puristes sont en train d’allumer le bucher depuis un bail, donc pourquoi n’avoir pas osé des Speedline ou des Rotiform Aerodisc pour rappeler le glorieux passé de la Delta ?
L’intérieur rattrape magnifiquement ce très léger impair. Nanti d’une paire de baquets Recaro Sportster CS et d’un volant Momo, il se drape d’un alcantara noir réhaussé de surpiqures orange aussi racing qu’élégant. Il embarque également un système multimédia Alpine avec GPS et caméra de recul couplé à une sono à faire pâlir Christophe 135db.
Et là, normalement, il n’y a plus grand chose à dire sur une bagnole électrique. À part le voltage des piles, la partie technique est rarement intéressante pour le petrolhead moyen. Mais là, il y a un truc pas commun. Contrairement à la majorité (la totalité ?) des caisses au lithium qui adoptent un variateur de mob amélioré comme transmission, cette Delta conserve sa boite manuelle !
Doit-on y voir une volonté de faire rimer plaisir de conduite et pilotage avec électricité ? Assurément, d’autant plus qu’un kit racing avec pont court et pignonnerie renforcée est disponible en option. Le châssis est raccord avec cette philosophie sportive. Silentblocs renforcés, barres anti-rapprochement et multiples renforts scotchent la Delta au sol. Un kit d’amortisseurs réglables dans tous les sens est aussi disponible.
Alors ? GCK a-t’ il réussi à donner un peu de glamour à la fée électricité ? Parce que même si ça me coûte de l’admettre, il faut avouer que c’est plus bandant qu’une Zoé et autres sanisettes à roulettes du genre non ? Jetons un petit coup d’œil aux perfs de l’engin.
La Delta Evo offrait 210 bourrins pour 304 nm de couple, sa descendante électrisée sort 200 poneys pour 350 nm… Jusqu’ici c’est cohérent. Les perfs sont à l’avenant, 0 à 100 en 6.3 pour la thermique vs 6.6 pour l’électrique et un kilomètre D.A abattu respectivement en 27 et 26 secondes : match nul !
Cette similitude avec son inspiratrice est bluffante. Presque de quoi regretter l’autonomie de seulement 160 km, mais quand même : est-on vraiment prêt à se passer du chant rageur de la Delta originelle ?
Fait ptéééé un coup de 2 et après tu d’gare, t’va claquer les batteries..