En 64, quand VW a racheté Auto Union c’était surtout pour récupérer une usine afin d’y assembler des Cox. Puis finalement, c’est l’Audi 100 qui va pointer le bout de sa calandre avec le but d’en faire une marque de luxe. Du coup, la berline allemande va chercher à séduire en passant en mode Coupé et Coupé S…
En fait en 64, VW a surtout racheté Auto Union, ou plutôt DKW, seule survivante des quatre marques qui formaient Auto Union, filiale de Daimler-Benz depuis 1958. Sauf qu’à l’époque, VW cherche justement à aller chatouiller Mercedes pour lui piquer ses clients adeptes de haut de gamme. Alors plutôt que de miser sur DKW qui produit des voitures populaires, VW va préférer faire renaitre Audi tout en conservant le logo à quatre anneaux d’Auto Union, et en faire sa division luxe.
Oui mais voilà, il faut une voiture. En 63, un ingénieur du nom de Ludwig Kraus passe de chez Daimler à Auto Union. Informé que VW est sur le point de racheter la marque, et peu convaincu par la Coccinelle, il se met à développer en secret et à ses heures perdues, une voiture qu’il va appeler Audi 100, en référence à sa puissance de 100 ch. Une fois une première voiture assemblée, il la présente à l’état major de VW qui tire dorénavant les ficelles. C’est elle qui va inspirer la renaissance d’Audi mais aussi pousser la VW à laisser son autonomie à la marque aux quatre anneaux. En novembre 68 la berline est présentée. On octobre 69 on voit débarquer le Coupé deux portes, le coach. Enfin c’est un an plus tard que le Coupé S entre en jeu, un hatchback aux lignes résolument plus modernes. A la base Audi visait d’assembler 100 000 voitures. Elles seront finalement plus de 824 400 à tomber des lignes de production jusqu’en 76, avant que l’Audi 100 C2 ne la pousse à la retraite.
Si la berline a connu le succès, la diffusion du Coupé S, plus cher et dont l’offre se limitait à un 1.8 l de 115 ch, a été plus confidentielle avec seulement 30 687 exemplaires. Sachez pour l’anecdote qu’en 73, deux Audi Coupé S vont prendre la direction de Zuffenhausen pour devenir les V3 et V4… les deux prototypes qui, quelques années plus tard, donneront naissance à la Porsche 928.
Il faut reconnaitre que dans les années 80 et 90, l’Audi 100 Coupé et Coupé S sont tombés dans l’anonymat le plus complet. J’en ai personnellement connu un, en bon état, que son proprio n’arrivait même pas à vendre pour moins de 10 000 Fr (1500 €)… c’était il y a 25 ans. Aujourd’hui, il est devenu une pièce maitresse aussi bien pour les collectionneurs d’Audi que pour les adeptes du airride qui la plupart du temps, essayent de trouver des bases complètement ruinées pour leur redonner vie. D’origine et flambant, comptez 25 – 30 000 €… A restaurer, si vous avez de la chance et que vous êtes rapides, vous pourrez peut être en dégoter un pour moins de 10 000 €.
Si c’est le cas, vous pourrez soit lui redonner son aspect d’origine, soit lui coller quatre boudins gonflables dans les ailes avec un jeu de roues qui vont bien. Vous avez déjà deviné de quel côté on penche ! En tout cas, si votre truc c’est l’origine, y’a maintenant deux solutions… Soit vous vous êtes déjà purgé deux fois, soit vous avez renié votre « puristisme » pour basculer dans le pompelup !
Quoiqu’il en soit, ce 100 Coupé S est une pure merveille. Ca faisait un moment que je lorgnais un shooting digne d’intérêt… La base est donc un coupé de début 70 (oui, j’ai les photos, mas pas les specs !), qui était à l’origine jaune avec un intérieur velours vert. Quand Andi, l’a récupéré, il était complètement ruiné avec un moteur bloqué. Un puriste n’est aurait pas voulu… trop de boulot ! Mais Andi a vu en lui l’occasion d’en faire un show car différent afin de promouvoir son entreprise, Not Just Campers, spécialisée dans la transformation des VW Combi en camping car mais aussi dans la modification et la préparation de vans et voitures.
Le taff sur l’Audi a duré 18 mois… La caisse a été désossée afin d’être totalement remise à neuf. Tout a été refait. Les lignes, toujours aussi sublimes, ont été entièrement respectées et parfaitement mises en valeur par une robe Samouraï Grey relevée par les chromes étincelants. Aucun accessoire ne vient troubler le dessin originel. Elle est posée sur des suspensions pneumatiques Airlift avec gestion 3P. Le freinage vient de chez Maserati et aux quatre coins, on retrouve des jantes de Lancia Delta HF Integrale passées en 3 parties pour afficher du 8,5 x 18″ à l’avant et 10 x 18″ à l’arrière, chaussées respectivement en 205/35 et 225/35. C’est à tomber !
Sous le capot, le bloc d’origine a laissé sa place à un 1.8t 20v libéré, poli et lové dans un shaved bay clinique ! Niveau finition, c’est dur pur délire… et ça continue comme ça dans l’habitacle. Sièges de Golf 2 GTi débarrassés de leurs puis tête, tendus d’un cuir beige, qui part du tableau de bord jusqu’à la plage arrière, en passant par la banquette, la console centrale, le ciel de toit, les montants, les panneaux de portes… L’esprit est resté vintage avec un volant tulipé bois / chrome, sono au look rétro, chien qui remue la tête… Désolé, mais je n’ai plus de superlatifs en stock !
Lors de sa présentation à l’Ultimate Dub de 2020, la caisse est repartie avec le best of show… rien d’étonnant quand on voit le level de ce Coupé S qui en fait surement l’un des projets européens les plus marquants de l’année dernière.
Je crois en avoir jamais vu, elle déglingue cette caisse. Le niveau de finition est juste fou.