Aujourd’hui sur DLEDMV, on grimpe dans une Prince Skyline 2000GT et on repart dans le passé, en 1964… ou plutôt en 67. En tout cas dans les 60’s, à une époque où le sport auto japonais est en pleine bourre pendant que les constructeurs de l’archipel commencent à se débrider.
Au Japon dans les années 60, le sport auto va connaitre un acharnement. Si le premier circuit japonais voit le jour en 1936 (Tamagawa), tout va être logiquement stoppé pendant la guerre du Pacifique, dont les hostilités ont été lancées en 41 par l’attaque de Pearl Harbor et la fin signée en 45 par les épouvantables bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Le temps de reconstruire le pays dans les années 50 et c’est donc dans les 60’s que les choses vont à nouveau réellement s’accélérer. En 62, le circuit de Suzuka sort de terre, suivi en 65 par Funabashi, en 66 par le Fuji Speedway ainsi que Tsukuba.
En même temps, cela ne va pas être le fruit du hasard puisque c’est aussi à ce moment là que les constructeurs japonais vont arrêter de fabriquer sous licence et commencer à reprendre du poil de la bête en développant leurs propres gammes. Aidée par des taxes sur les véhicules importés, la croissance va être phénoménale, d’autant plus qu’au début des 60’s, moins de 5% des japonais possède une voiture… il y a tout à faire.
Ainsi, le sport auto va devenir une alternative pour que chaque marque puisse faire parler d’elle et montrer son savoir faire. Si la guerre était bien finie, de nouvelles batailles allaient désormais se dérouler sur les circuits. En 63, le premier Grand Prix du Japon est organisé à Suzuka. Seulement neuf voitures sont au départ. Une Ferrari 250 GT, une Jaguar Type E, une Aston DB4 GT, trois Lotus 23, deux Porsche 356B Super GT et… une Prince Skyline coupé Sport. Pendant que les Lotus s’offrent un triplé toutes les autres voitures verront la ligne d’arrivée, sauf la Prince qui devra abandonner.
L’année suivante, on prend les mêmes et on recommence… enfin presque. Plus de 60 voitures sont engagées, obligeant les organisateurs à faire trois catégories. Les européennes sont là, Marcos GT, Lotus Elan et Elite, Porsche 904 GTS, MGB, Triumph TR4, Fiat Abarth, Jaguar XKE et même une Oldsmobile Cutlass. Mais la majorité du plateau se compose de sportives japonaises. Honda S500 et S600, Hino Contessa, Datsun Fairlady, isuzu Bellet et bien sûr la Prince Skyline 2000GT. Les petites Honda vont dominer la classe GT-I en plaçant huit voitures dans le top 10. En GT-III, les XKE ne laissent aucune chance en raflant les 4 premières places. mais c’est la catégorie GT-II qui nous intéresse. Si la victoire revient à la Porsche 904 GTS, pas moins de cinq Prince Skyline 2000GT prennent les places suivantes.
Cette Skyline 2000GT a été développée spécifiquement pour cette épreuve. Le Coupé étant trop lourd et pas suffisamment vif, Prince a préféré revoir sa copie avant l’épreuve de 64. Pour ce faire, la marque a repris sa Skyline 1500 affichant 300 kg de moins que la Coupé Sport. Les ingénieurs ont ensuite voulu y greffer en position longitudinale le 6 en ligne de 2.0 l qui équipait la Gloria. Sauf qu’il n’y a pas assez de place sous le capot… qu’à cela ne tienne, ils vont couper la tôle et greffer 15 cm de plus entre la cloison pare feu et les ailes avant. Avant d’être installé, le gazier est légèrement revu pour être alimenté par trois carbus double corps Weber. La ligne libérée, la boite 5 manuelle reçoit des rapports courts et un différentiel vient aider à passer les watts au sol. Le freinage fait confiance à des tambours, les suspensions sont plus raides, les jantes sont en tôle et se contentent d’un diamètre de 13″. Au final, la bestiole accuse 150 ch pour 980 kg… et ça suffit largement pour partir au fight, faire des résultats, et comme beaucoup de japonaises de course, entrer dans la légende.
Car celle qui défile devant vos yeux depuis le début n’a rien à voir avec la Prince Skyline bleue qui est montée sur la deuxième marche du podium en 64. Pourtant, pour pouvoir homologuer sa voiture, Prince a dû en assembler 100 en version routière, reprenant le gros des specs, si ce n’est que leur 6 en ligne se contentait de 125 ch. Inutile de vous dire que chaque exemplaire survivant est aujourd’hui précieusement conservé et collectionné. Et comme le succès a été au rendez vous, la série limitée de 64 est vite devenue un modèle à part entière au sein de la gamme à partir de 65.
Du coup, c’est un modèle 67 qui a servi de base à cette replica de la #39 qui a terminé deuxième du GP du Japon 64 aux mains de Yoshikazu Sunako. Réalisée chez Prince Garage situé à Katori dans la préfecture de Chiba, l’équipe s’est octroyée quelques libertés. Pour commencer la caisse de 67 est passée aux standards de 64 avant de recevoir les peintures de guerre. Robe bleue, rétros aéro et les stickers qui vont bien.
La caisse est posée sur des RS Watanabe en 14″ chaussées de Yokohama S Drive en 185/55. A l’avant le millésime 67 recevait des freins à disque. Ils ont été conservés pendant que l’arrière continue de jouer du tambour. Les suspensions sont elles aussi plus actuelles en s’appuyant sur des amortos Bilstein.
Sous le capot, le 6 en ligne de 2.0 l est passé entre les mains de JDM Legends afin de recevoir ses trois double corps Weber, un arbre à cames plus pointu, un nouveau faisceau simplifié et une double ligne inox sur mesure partant de deux collecteurs 3 en 1.
Pour dompter l’engin, le pilote s’installe dans un habitacle qui a été entièrement vidé du sol au plafond et peint en bleu avant d’accueillir des baquets Kameari GT avec oeillets d’aération. Un jeu de harnais Sabelt, des plaques d’alu au plancher, un volant Checkman, une instru Denso, une horloge analogique Jeco et… une radio old school à boutons…! Au cas où le pilote il s’fait chier en tête de la course et qu’il se met à écouter la musique pour passer le temps…
Lorsque cette Prince Skyline a vu le jour en 67, la marque avait déjà été absorbée par Nissan et sa remplaçante, la C10, allait pointer le bout de sa calandre en 68 sous la marque Nissan. Il n’empêche que cette Prince Skyline 2000GT #39 a marqué les esprits. Et comme d’hab au Japon, tout ce qui sort de l’ordinaire est aussitôt encensé. I n’y avait aucune raison qu’elle y échappe.
© Scott_Ales via BaT
Comme beaucoup de caisse de tourisme cette « lignée » Skyline (puis GT-R)va perdre sa simplicité de conception des origines pour devenir de vrais usines à gaz sur les millésime suivants!!!
Ahh les p’tits feux arrière de la 64 !