La Jaguar XJ40 c’est un coup de poker à Gaydon. La marque est au plus mal, et avec elle, ça passe ou ça casse. Après une gestation de plusieurs années, la berline débarque en 86 avant qu’en 91, une version break soit étudiée… pour être finalement annulée. Même si cela n’a pas empêché quelques carrossiers de prendre le relai…
Quand la Jaguar XJ40 (ou XJ6) débarque en 1986, c’est la crise. William Lyons a pris sa retraite et John Egan le président de la marque vient de lancer une campagne de restructuration. Tout est revu, de la production à la vente, en passant par les délais, le contrôle qualité et la réduction des couts qui verra le licenciement d’un tiers de l’effectif ! Inutile de vous préciser que la XJ40 est sensée porter le renouveau de la marque avec pour objectif de relancer les ventes en allant chercher une nouvelle clientèle plus jeune. Pendant que la XJ6 va continuer de se la jouer reine mère jusqu’en 92, la XJ40 se permet même, en entrée de gamme, d’abandonner le cuir pour le tissu. Shocking ? Peut être. Mais la recette va prendre. La XJ40 renfloue les caisses qui en avaient bien besoin, la rentabilité est de retour à tel point que la marque va séduire Ford qui, en 89, va lancer une campagne afin de racheter les actions et s’emparer de Jaguar.
Pendant toute sa carrière, la XJ40 ne se contentera que de deux 6 en ligne – 2.9 l et 3.6 l passés en 3.2 l et 4.0 l en 90 et 91 – et il faudra attendre 93, pour voir arriver le V12 maison sous son capot. 7 longues années nécessaire pour trouver la place aux 12 gamelles. En effet, quand la XJ40 était en cours de développement, l’état major avait envisagé d’y greffer le V8 Rover histoire d’économiser sur le cout de production des moteurs. Une décision qui allait choquer les ingénieurs qui, afin de préserver l’ADN mécanique de la marque, avaient étudié en silence un berceau ne pouvant accueillir qu’un moteur en ligne.
Il faut savoir que si on connait la XJ40 exclusivement en berline, la marque a étudié deux autres variantes. Un coupé… qui aurait mérité d’être commercialisé même s’il n’y avait rien révolutionnaire puisque la XJ6 existait déjà en deux portes. Mais surtout, un break. Bon, vous l’avez deviné, ni l’un ni l’autre n’ira au delà du proto exposé sous les projos. Pourtant, le break est passé à deux doigts de la production…
Son développement a démarré à la fin des années 80 porté par les budgets signés Ford. En 91, un prototype roulant est homologué pour voir comment le public et les adeptes de la marque allaient réagir. Malgré un retour positif, la XJ40 est plus proche de la fin de sa carrière que de son début. La direction craint de ne pas pouvoir amortir les investissements demandés et pour ne rien arranger, Ford est en train de lancer un tout nouveau plan d’investissement de 200 millions de livres (ça en fait de la lecture…!) qui inclut le renouvellement des usines et la future X300 qui viendra remplacer la XJ40 dans 3 ans. Le projet en reste là et fait aujourd’hui partie de la collection Jaguar Daimler Heritage Trust exposée à Gaydon au British Motor Museum.
Mais, il n’en faudra pas plus pour inspirer deux carrossiers anglais qui vont se lancer dans la transformation. Hatfield Cars et The Predator Car Company. Si on sait que le premier en aurait assemblé 3, aucune idée pour le second, si ce n’est que celle qui défile sous vos yeux a été achetée neuve par Rick Grant III, riche homme d’affaire mais surtout, collectionneur américain.
Cette Jaguar XJ40 3.6 l, tombée des lignes d’assemblage en 88, va reprendre quelques années plus tard la direction de Surrey pour recevoir son sac à dos. Une fois revenue sur le sol américain, elle s’est vue chaussée avec des jantes à rayons chromées de 16″, sa robe bleue nuit métallisée a accueilli un liseret rouge et le félin a emménagé sur le capot. Pour le reste c’est de l’origine… voyez que sait parler de voitures d’origine !
Sympa, le coupé méritait aussi la prod’ même si proche esthétiquement de ce qui se faisait chez le « rival » Bentley!!!