Aux States, tout bon garage qui se respecte se doit d’avoir des V8 sur des étagères ! Et parfois, l’un d’entre eux glisse pour finir par tomber et se retrouver sous le capot d’une caisse qui n’avait pourtant rien demandé ! C’est le cas de cette Mercedes W115 de 69 qui s’est retrouvée avec un GM 350 ci entre les ailes!

En 63, Mercedes modernise le look de ses berlines. Les Heckflosse (qui deviendront avec le temps les Classe S) W108 et W109 viennent moderniser le dessin des W111 et W112 qui avait été tracé par Paul Bracq à la fin des 50’s. Les nouvelles venues conservent ce style massif, imposant, rassurant… mais le trait gagne en dynamisme. Deux ans plus tard, ce sera au tour des W114 et W115, les berlines plus accessibles. Esthétiquement, elles sont identiques. La différence entre les deux ne peut donc se situer que sous le capot. Quand la première reçoit des 6 cylindres, la seconde doit se contenter de 4 pattes (ou 5 pour le diesel).

Mais attention, si elle se positionne comme la familiale de la gamme, plus accessible, il n’est pourtant pas question d’aller bafouer son statut étoilé en proposant un équipement qui n’était jusqu’à là réservé qu’aux berlines européennes premium et autres paquebots américains… vitres élec, clim, direction assistée, radio K7 et même airbag. Autant dire que l’allemande mettait les p’tits plats dans les grands afin de séduire les vieux bourgeois, les chefs d’entreprises et… les chauffeurs de taxi ! Il n’empêche qu’en 8 ans de carrière, la berline allait s’écouler à plus d’1,8 millions d’exemplaires.

C’est l’une d’elle qui vient vous chauffer la rétine. Après une vie bien remplie, elle a prix une retraite bien méritée jusqu’à ce qu’un jeune sauvageon ne vienne la sortir de sa léthargie pour lui offrir une légère cure de chirurgie esthétique accompagnée d’un gros shoot de V8.

La robe a été refaite, reprenant le bleu nuit d’origine. Les chromes sont rutilants et… on en reste là. Le logo 250 posé sur le cul et les jantes chromées en 15″ chaussées en Dayton Daytona SR à l’avant et BFGoodrich Radial T/A à l’arrière, peuvent pourtant venir mettre le doute. Si on creuse, on verra le freinage complet avec disques et étriers ainsi que des suspensions empruntées à une Mustang. Le pony car fournit également la direction assistée.

Dans l’habitacle, on joue à nouveau de la sobriété et rien ne laisse une fois encore imaginer que la bestiole carbure au V8. La sellerie en skaï, le volant deux branches, l’austérité est de mise et pour le coup, l’équipement est aussi pauvre qu’une Lada des 70’s ! On remarque cependant le commande de boitoto au plancher… et on finit donc par se dire que l’essentiel est ailleurs.

Sous le capot en l’occurence ! Oubliez le 4 pattes d’origines pour y trouver le double. Un V8 350 ci Chevy, un L82, comprenez par là celui qui remua la Corvette de 73 à 80. Avec plus de 200 ch sur les roues arrière, mais surtout un couple de 346 Nm, il donne des ailes à la paisible berline allemande pour en faire une machine à lignes droites. Bien que revue, cette W115 n’a pas été faite pour chasser le chrono dans une spéciale mais juste pour se la jouer beaucoup daily et un peu sleeper… du moins tant que la route est droite et rectiligne !

On a beau dire mais une ribambelle de caisses comme cette Mercedes pourrissent encore au fond d’une cour ou d’un terrain vague. Les puristes ? Ils s’en battent les steaks ! Jusqu’à ce qu’un fou furieux ne décide de la sauver et d’y redonner vie, quitte à c’qu’il faille passer par la case « modif » pour éviter d’exploser un budget qu’elle ne mérite pas. Ca frustre les spéculateurs mais ça fait le bonheur des fans… et des lecteurs de DLEDMV !

© dmose via BaT