C’est à l’occasion du Concorso d’Eleganza de la Villa D’este que Zagato a présenté son hommage au monstre, pardon, il mostro en « bolognais » dans le texte ! Voiture qui se doit de montrer la ré-interprétation du carrossier, à la Maserati Mostro… Attention au monstre !
Impossible de vous parler de la Maserati Mostro d’aujourd’hui, sans vous toucher un mot sur celle d’hier… Du moins d’avant hier vue que l’histoire date de quasiment 60 ans.
A l’époque, et sur l’initiative insistante de Stirling Moss, Maserati décide d’engager une voiture aux 24h du Mans 57. L’aérodynamicien anglais, Frank Costin se charge de tracer les lignes de la barquette, assisté dans sa tâche par Zagato… Tiens donc !
La 450 S voit donc le jour en 56, mélange d’agressivité, de muscles et d’un style audacieux, qui lui vaudront rapidement le surnom de « Mostro ». Architecture trans-axle (Moteur avant – boite arrière), caisse en alu, châssis tubulaire, 790 kg et V8 à 90° de 4.5 l double arbre et gavé par 4 carbus Webber 45 développe 400 ch… Dans les années 50, ça suffisait pour effrayer la totalité d’un plateau ! Elle portait bien son surnom…
Ainsi parée, la 450 S participe en 1957 aux 1000 km d’Argentine aux main expertes du duo Stirling Moss – Juan Manuel Fangio. Le potentiel est là, les perfs aussi, malheureusement un soucis de transmission met un terme aux rêves de victoire de toute l’équipe. La 450 S prendra sa revanche peu de temps après sur le circuit de Sebring, pilotée ce coup ci par Fangio et Jean Behra. La 450 S devient alors la voiture la plus rapide sur piste et est prête pour le Mans. Et pas qu’un peu, puisqu’une fois dans la Sarthe, Moss et Schell s’emparent de la tête de la course avec la ferme intention de ne plus la quitter. Ce sera une panne mécanique à la nuit tombante qui mettra fin à la folle chevauchée, et par la même occasion, aux espoirs de la 450 S qui devient inéligible au nouveau règlement de 58.
La voiture tombe dans l’oublie pendant un an, jusqu’à ce qu’un riche Américain, en visite à l’usine, la découvre qui sommeillait sous une bâche poussiéreuse. Il en tombe amoureux, claque son P.E.L et fait chauffer le chéquier ! Il rachète la voiture et demande au carrossier Fantuzzi de la transformer pour la rhabiller en coupé « civil ». C’est ainsi que naissent les légendes, le coupé 450 S, exemplaire unique, directement issu du modèle qui sévissait en compétition !
Voilà comment 57 ans plus tard, Zagato dépoussière le mythe pour en offrir une vision tout aussi impressionnante que l’était l’originale. Le carbone a remplacé l’alu, le châssis monocoque directement inspiré de la compétition et la caisse, en sont composés ainsi que l’énorme aileron posé sur la poupe. Le V8 Maserati prend place en position centrale avant, et au son de ses borborygmes, on en déduit qui s’est vu libéré… délivré (Héhé, la référence qui tue !). Associé à une boite 6 semi-auto rejetée à l’arrière, l’ensemble ne doit pas peiner pour donner des ailes à l’ensemble qui doit flirter avec la tonne.
Au niveau du style, même si le coupé ne possède pas le double bossage caractéristique des créations signées du Z, cela n’empêche pas la Maserati Mostro d’avoir les traits de son ainée tout en offrant une ligne toute « Zagatoesque ». Un condensé de muscle et d’agressivité, somptueusement orchestré par un style qui fera 5 heureux… 5 gentlemen drivers fortunés, capable de débourser une somme probablement à 7 chiffres, pour pouvoir avoir un Monstre dans le garage !
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