La 1ère a l’avantage de la puissance, l’autre est légère… La 1ère mise sur son gros V8 bien coupleux, la 2nde préfère se montrer agile et nerveuse. La 1ère était la reine de la file de gauche sur l’Autobahn, la 2nde peut se vanter d’un palmarès élogieux. Les 2 sont des Mercedes aujourd’hui entrées au Panthéon des sportives…
Honneur à la plus ancienne des 2, la Mercedes 190 2.3 16s… A l’époque, on la disait lourde avec ses 1230 kg… Qu’en dire 30 ans plus tard quand une Polo GTI en accuse seulement 30 de moins et une Civic Type R presque 1T500 ?!
Au début des années 80, Mercedes cherche à rajeunir son image. Les grosses berlines souples, confortables et silencieuses séduisent une clientèle d’aisés « quinquas » ou sexagénaires et autres chefs d’entreprise, hommes d’états africains ou riches playboy à la Patrick Ewing ! Les moteurs sont puissants et coupleux, mais les châssis semblent tout droit sortis des usines d’Hollywood Chewing Gum ! Du coup Mercedes tente le pari d’une berline compacte, discrète, fiable, robuste, séduisante et… sportive ! Le mot est prononcé. Puis histoire de rapidement lui forger une réputation, la marque souhaite la lancer dans un programme DTM. Mais voilà, vers qui se tourner ? AMG n’est pas encore une filiale de l’étoile, et les ingénieurs ont besoin d’un nom prestigieux pour confirmer ce nouveau label sportif. C’est comme cela que Cosworth fut associé au projet en se chargeant du 4 cylindres de 2.3 l en lui greffant une culasse 16 soupapes pour 185 ch à 6200 trs (En 84, ça le faisait plutôt pas mal !). Pour faire tenir tout ce petit monde sur la route, les liaisons sont renforcées, la caisse est rabaissée, un différentiel se charge de la motricité via une boite 5 Getrag et les freins sont confiés à Brembo.
Le cocktail est détonnant d’efficacité et de caractère, la 190 s’avérant être une vraie propu, sensible à l’humeur du pied droit et joueuse à souhait… Le succès est au rendez vous, et la 190 fera rentrer Mercos dans la famille des constructeurs capables de proposer des berlines sportives. Essai transformé ! 4 ans plus tard, la 190 prendra du grade en passant au 2.5 l, mais ça, c’est une autre histoire…
A ses côtés, celle qui lui fait de l’ombre, au sens propre, c’est la volumineuse, la grosse, la monstrueuse 500E… Attention, arme de destruction massive inside ! Car en 1990, la reine des pullmans sportifs et notamment de la file de gauche, c’était elle !
Alors oui, BMW affichait la M5, mais la puissance reste en dessous (10 ch…! Mais dans la haute soc’ c’est important d’avoir la plus grosse !). Lancia swappait sa Thema avec un V8 Ferrari… Trop fragile, trop exclusif, trop délicat et cher à entretenir et trop faible pour rivaliser… Seul Opel allait oser montrer son cul à la W124 avec une roturière Omega revue par Lotus… Mais une diffusion au compte gouttes, un caractère sans compromis et une fiabilité aléatoire allait la réserver à une élite de connaisseurs dont la passion dépassait la raison. Donc inutile de chercher, la 500E, c’est LA berline sportive, mélange de familiale classe et discrète avec une bombe sous le capot… Même les pilotes de F1 craquent pour elle aussitôt qu’ils ont quitté casques et combis alors…! Je me rappelle d’un reportage mettant en scène Jacques Laffite qui ruinait les gommards de sa 500E perso en disant qu’elle était pour lui le meilleur compromis entre sport et berline de haute classe…
Ce coup ci on ne parle plus de poids plume puisque la brique affiche fièrement 1T700 ! Même si pour du lourd, ça reste léger vu que ses descendantes actuelles affichent quasiment 2Tonnes ! Sous le capot aussi y’a du lourd… Le V8 de la 500SL. La greffe et la mise à niveau du châssis sont, ce coup-ci, confiées à Porsche. Petite anecdote, la 500E sera assemblée sur la ligne qui avait auparavant reçu la 959… Probablement un signe ! Quoiqu’il en soit, seul un passionné averti saura différencier une 500E de ses homologues mazoutées ! Les laves phares, une hauteur de caisse abaissée, les roues de 16′, un spoiler élargi, des ailes tirées… Et un bruit qui dressait les poils !
Au volant c’est une toute autre histoire, le V8 donne des ailes à la berline qui devient capable d’effrayer un taxi parisien en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire ! 326 ch, une déferlante de 480 Nm via une boite auto dont le kick down est aussi vaillant qu’un ado boutonneux ! Mais en 90 les constructeurs n’avaient pas encore cherché à lisser le caractère de leurs sportives et les lois de la physique se géraient encore au volant, au frein et à l’accélérateur ! Et avec 1700 Kg pour plus de 300 ch, un châssis aux petits oignons qui faisait de son mieux contre l’inertie et un couple de remorqueur, y’avait du sport !
Voilà, l’union sacrée de ces 2 sportives étoilées a été possible grâce à la ferveur et la passion d’un véritable psychopathe de la bagnole ! Gilles est un de ces fous furieux de l’essence, qui plus est, fort d’une culture auto juste dantesque ! Alors je le remercie, d’abord d’être devenu un pote, mais aussi pour sa grande… très grande patience… Car ces photos datent d’un temps que les moins de 20 ans… ont largement connu, faut pas déconner non plus ! Mais il faisait beau et chaud en septembre 2014 ! D’ailleurs depuis ce jour, la 190 a retrouvé ses terres d’origine, Gilles l’ayant revendue à des passionnés allemands.
Alors merci Gilles, tu vois que finalement, tout arrive (Même si à la fin, je reconnais avoir fait trainer presque volontairement !) surtout le jour de Noël… C’est un peu mon cadeau !
Et un gros pompelup au passage à Franck pour sa bonne humeur et mon Char-Ly qui commence à méchamment taquiner du boitier (Sur les conseils de Franck) et pour sa vaillance à toute épreuve…!
Un article qui sent l’essence et ça, c’est bon !
© De l’essence dans mes veines via Char-Ly