Quand on parle de la naissance de la marque Lamborghini, on se rappelle des tracteurs et de la Miura qui est venue mettre les pendules à l’heure. Mais il y en a eu une avant elle, celle par qui tout a commencé. Un coup de crayon magistral et déjà un V12 qui allait fâcher un autre Italien caractériel, un fameux Commandatore !
Allez, on vous fait la totale. Ferruccio Lamborghini c’est l’histoire d’une réussite industrielle italienne. A l’orée de la 2nde guerre mondiale où il officiait comme mécanicien dans l’armée de l’air, il ouvre un garage et aura une idée de génie; construire des tracteurs en se servant des stocks de matériels militaires laissés à l’abandon. En 1948 il fonde « Trattori Lamborghini », qui, quelques années plus tard, tourne déjà à plus de 1000 engins par an. Fortune faite, elle lui permet de s’adonner à sa passion, les voitures de sport.
En 58, il craque pour plusieurs (sic !) Ferrari 250 GT et sympathise avec le Commandatore. Ses voitures sont performantes, mais, selon ses gouts, trop bruyantes et trop dures. On s’y casse le dos. Puis il commence par rencontrer des problèmes d’embrayages et se voit contraint de retourner régulièrement à Maranello. Forcément, Ferruccio perd patience et décide d’aller en causer à Enzo… Mais voilà, Mr Ferrari n’est pas d’humeur, et force est de reconnaitre qu’il se vexe facilement. Il lance une ogive au visage de Lamborghini : « Tu sais peut être conduire un tracteur, mais tu ne sais pas conduire une Ferrari »… Certaines rumeurs disent que le patriarche aurait même fini sa phrase par un dialecte maranellien « Vaffanculo »… Mais rien n’est sûr !
De cette phrase, est née la plus belle rivalité des sportives italiennes. En effet, piqué au vif, Ferruccio s’énerve et fait péter le plan épargne car pour l’ndustriel italien, un grand tourisme se doit d’avoir des performances de haut niveau, une tenue de route et une motricité sans faille, sans pour autant oublier la qualité de l’habitacle. Bref, une italienne quoi… Monica Bellucci !
Lamborghini, à peine de retour à son garage, met son équipe sur l’une de ses 250 GT. Il la fait désosser entièrement, et fait préparer le moteur. le V12 reçoit une culasse maison avec une batterie de 6 carbus double corps. L’auto, une fis remontée, est capable de mettre 25 km/h dans les roues de la 250 GT d’origine. Voilà qui motive notre homme.
Histoire d’aller chauffer Maranello, Ferruccio se rapproche de Giotto Bizzarrini qui n’est autre que le père de la 250 GTO. Ingénieur indépendant, Lamborghini lui fait un pont d’or de 4,5 Millions de Lire (L’équivalent de 15000 F… 2500 €… Mais à la fin des années 50, ça causait !) pour qu’il élabore un V12 de 3.5 l et lui offre un bonus pour chaque cheval supplémentaire par rapport au V12 Colombo de la Ferrari ! L’ingénieur pond alors un 4 arbres en tête, avec carter sec pour sortir 360 ch à 8000 trs ! Ferruccio est aux anges…
En juillet 63, il pose son quartier général dans la ville de Sant’Agata Bolognese. Un panneau annonce fièrement à l’entrée : « Qui Stabilimento Lamborghini Automobile »… usine automobile Lamborghini ! Les hostilités sont officiellement déclarées !
Il a le moteur, il a l’usine, manque plus que le châssis et la caisse. Pour le 1er, il fait appel au jeune Gian Paolo Dallara, qui a déjà collaboré avec Maserati et…. Ferrari ! Ce dernier monte une équipe composée de Paolo Stanzani et Bob Wallace, pilote à la notoriété mondiale. Enfin la robe va être confiée à Franco Scaglione, ex-responsable du style chez Bertone.
4 mois plus tard, le 1er proto sort des usines Lamborghini et est présenté officiellement au salon de Turin, la 350 GTV, un coupé 2 places aux ambitions sportives. Cependant, il ne fait pas l’unanimité, et sa finition est plutôt artisanale… Mais artisanale genre Lada, pas Pagani ! Pour l’histoire, Lambo va l’entreposer au fin fond d’un entrepôt, pour quasiment disparaitre de la circulation pendant des années jusqu’à ce qu’un passionné la rachète et décide la restaurer pour lui offrir une seconde vie !
Ferruccio va alors se tourner vers Felice Bianchi Anderloni de la Carrozzeria Touring. Il lui confit la tâche de modifier le dessin de la GTV. Pendant ce temps, Dallara se charge d’adapter le châssis et le moteur aux contraintes de la production. Le V12 perd alors son carter sec, gagne en fiabilité et tombe à 270 ch.
C’est à Genève 1964 qu’elle apparait sous les projecteurs. A la fin de l’année, Ferruccio compte déjà 13 commandes… de quoi se réjouir… détrompez vous ! Chaque voiture est vendue à perte !
En 66 elle laissera sa place à la 400 GT qui, comme son nom l’indique, voit le V12 passer à 4.0 l mais aussi, décliné en 2+2. La 350 sera construite à 120 exemplaires quand la 400 en atteindra 270.
Un véritable Kansas City Shuffle car pendant que les 350 et 400 se vendent et commencent à faire connaitre la marque, un projet prend forme secrètement durant l’année 65, le projet P400, un routière, enfin, une supercar au pedigree directement issu de la compétition, sensé révolutionner le milieu et surtout, damner les fesses du Cheval cabré ! La Miura est en route, mais ça, c’est une autre histoire…
© RM Sotheby’s
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