Rain Prisk semble être un designer génétiquement modifié ! Il semblerait que son cerveau soit directement connecté à sa palette graphique, ce qui lui permet de donner créer virtuellement des délires mécaniques totalement envoutants. Son truc, c’est de prendre une caisse et de la sortir de son contexte habituel… Dropper une berline, transformer une supercar en SUV ou comme ici, transformer une supersportive en Shooting Brake… 

On est bien loin du concept de Shooting Brake original… Ah si quand même ! A la base, le nom de Shooting Brake était donné à des véhicules qui reprenaient le concept de la charrette tirée par des canassons et qui servait à trimballer les chasseurs, leurs chiens et le gibier qu’ils pouvaient ramener. La première voiture à en porter le nom était une Rolls Rolls Silver Ghost Shooting Brake de 1910… Ah merde, dès le début ça commençait déjà à foutre le bordel ! Oui, la Rolls Silver Ghost n’est pas pour ainsi dire l’engin le plus adapté à une partie de chasse… même en 1910. Si ce n’est qu’en Angleterre, la chasse était également le sport favori des Lords et autres nantis… ceci expliquant cela. La Silver Ghost était la voiture des têtes couronnées et de l’élite sociale plus qu’aisée ! Un châssis mû par un 6 cylindres de 7.0l qu’il était possible de carrosser à sa guise… et dans le cas du Shooting Brake, il recevait une carrosserie d’utilitaire dont la partie arrière était parée de bois. Certains constructeurs s’y mettent, Hudson, Lea Francis, Morris… Mais la mode Shooting Brake s’apparente finalement à celle des Woodie, ces gros break habillés de bois… Même si ça ne s’écrit pas pareil, vous l’aurez noté, break et shooting brake !

Mais bon, Rolls a donc lancé la « mode »… Même si elle peine un peu à trouver ses repères. Car si on reprend la source toute British du truc, la carriole est aujourd’hui identifiée au déplaçoir des Lords anglais afin de se rendre aux parties de chasse… et comme depuis des lustres le symbole de la réussite sociale c’est la bagnole il est hors de question de baisser le level. Et à l’arrivée, débarquer en Rolls Shooting Brake est devenu d’un commun ! 

La révolution va avoir lieu en 1960… avec l’arrivée de la Sunbeam Alpine Shooting Brake. Mais encore un chouill’ trop populaire, il faudra cependant attendre 65 et l’arrivée de l’Aston Martin DB5  Shooting Brake qui n’était en fait que la voiture personnelle de David Brown pour charger ses fusils et ses chiens. mais devant le succès rencontré, il confiera à la carrosserie Harold Radford la réalisation de la version utilitaire premium de la GT anglaise. Ainsi, 12 exemplaires seront assemblés de 65 à 67 et il en fera de même avec les DB6 et DBS.

En parallèle, certains constructeurs y vont de leur version. Non pas pour exploser des volumes de ventes, mais plus pour briller au milieu de la haute soc’. Pareil du côté de certains carrossiers indépendants qui n’hésitent pas à proposer des modifications pour commercialiser leur version Shooting Brake quasiment réalisables sur n’importe quelle base. Au fil des années, on a vu arriver la Reliant Scimitar GTE en 68, la Volvo P1800 ES en 72… et plus récemment la Ferrari FF, le BMW Z3 Coupé…  

Enfin, vous aurez noté que le style en a profité pour changer au passage… Du format utilitaire, on est passé à celui de GT 2 portes avec un hayon arrière. Et c’est réellement à partir de là que le style Shooting Brake s’est affirmé et s’est imposé. 

Aujourd’hui le nom de Shooting Brake est devenu une appellation marketing galvaudée (Comme beaucoup de choses d’ailleurs !) et abusée comme sur les Mercedes CLS et CLA. Et c’est là que Rain Prisk en dépoussiérant le style sur certains coupés sportifs actuels ou passé. La liste serait longue, mais au hasard, vous reconnaitrez la Panamera, la Mustang, la Lexus LFA, la future Supra, Mercedes AMG GT, Bentley Continental GT, Jaguar F Type, Skyline R34, même l’Aventador et la Huayra y ont droit !

© Rain Prisk Design