Quand la BMW M3 E92 débarque en 2007, elle règle ses comptes avec la concurrence et les remet à leurs places avec son V8 de plus de 400 ch sous l’capot. Pourtant, elle n’est pas la première M3 à recevoir un V8. Et je ne vous parle pas de swap en mode barbare à la sauce BBQ ! Non, je parle bien d’une vraie M3, sortie de chez BMW M Motorsport… la M3 GTR E46.

En fait, c’te caisse, c’est une grosse fumisterie règlementaire ! En 2001, BMW décide d’engager sa M3 en ALMS… l’American Le Mans Serie qui calque son règlement sur celui de l’ACO, l’organisateur des 24h du Mans. Jusqu’à là rien de bien particulier. Sauf que chez BMW, on épluche le règlement, et on se rend compte que pour décrocher l’homologation, il faut absolument que la voiture engagée soit basée à partir d’un modèle de production. Donc jusqu’à là, la série 3 remplit parfaitement le contrat ! Mais, le règlement n’exige qu’une seule voiture vendue… Oui, vous avez bien lu, une seule et unique voiture…

Il n’en faut pas plus pour lâcher quelques ingénieurs sur la M3 E46, de lui greffer un V8, de revoir son châssis, et d’en tirer une série limitée pour décrocher son ticket d’entrée dans le championnat américain. Et les choses vont se passer aussi simplement que ça !

5 exemplaires (D’autres parlent de 10…), tous gris Titanium, vont donc être assemblés et envoyés aux USA pour être homologués sur la route. Soyons clairs, c’est une voiture de course bridée et habillée en civil. Les ailes élargies, le toit, les pare-choc et l’aileron sont en carbone. Le capot moteur largement aéré, passe lui à l’alu. Ses 2 larges prises d’air permettent d’évacuer les calories du V8. Compact, il affiche 4.0l, un carter sec et sa gestion est bridée pour qu’il soit fiable sur la route en lui faisant sortir 380 ch. Il est accompagné par la boite Getrag manuelle 6 et de l’autobloquant de la M3. 

Les roues sont en 19′. Le châssis légèrement rabaissé sacrifie totalement le confort et les voies sont élargies. Le freinage est celui d’origine… sauf qu’au passage, la caisse a perdu 200 kg. D’ailleurs dans l’habitacle, on reste dans l’esprit M3, mis à part que la plupart des éléments de confort et les insonorisants ont été virés et que les sièges avant ont laissé leurs places à de vrais baquets.

Chacune des M3 GTR a été vendue pour 250.000 €, devenue collector dès sa sortie de concession, aujourd’hui, lorsqu’une d’entre elles ressort le bout de son capot, c’est minimum 400.000 $ ! 

Une fois fois passée en mode warrior, la GTR perd ses brides, son V8 passe à 450 ch et le poids chute à 1100 kg. Et elle n’est pas venue pour faire de la figuration… 1ère saison, et doublé pilote et constructeur pour 2001 ! Au grand damne des concurrents qui hurlent leur désespoir ! Pour eux, la GTR commercialisée n’a rien d’une voiture de route, c’est un proto déguisé… BMW avait déjà la M3 dans sa gamme, et la GTR n’est venue que pour abuser du règlement dans ses petites lignes ! A tel point que le bordel va obliger les instances à revoir le règlement dès la saison suivante. Dorénavant, l’homologation se fera exclusivement à partir d’un quota de 100 exemplaires vendus, et pour les voitures déjà engagées, ne répondant pas à cette condition (Donc la GTR finalement…), elles se verront pénalisées par un lest de 450 kg et une bride de 20% au moteur… Don’t act ! La conséquence est simple, BMW retire la M3 GTR de l’ALMS… 

Quelques team privés rachèteront les voitures pour les engager dans des séries plus libres… mais moins prestigieuses, et où la concurrences est au même niveau, voir au dessus. Certaines traverseront l’Atlantique pour courir en Europe. 

En attendant, la M3 GTR est la plus rare et la plus ultime commercialisée. Et elle inspirera BMW pour commercialiser à partir de 2003 la M3 CSL, mais ceci est une autre histoire…

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